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Se réinventer, le but d’une psychothérapie ?

par Claire Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , Ecothérapie , Je suis psy mais je me soigne ! , La psychothérapie - de quoi ça parle

Se réinventer, le but d’une psychothérapie ?

Vœux 2023 et Projets après l'image

L’enfant s’invente et se réinvente dans le jeu, l’imaginaire, l’apprentissage, les relations avec sa famille puis ses amis. L’adolescent rajoute la sexualité active et la rencontre de l’autre, du différent, et, si tout va bien, qu’il n’est pas trop figé par un traumatisme ou un écran, un mode d’expression créatif et des engagements idéalistes, un besoin de se réaliser. Que reste-t-il de cela chez l’adulte ?

Tous les domaines que j’ai cités sont des clés pour rester vivant, mais aussi se transformer, s’épanouir, loin du temps social contraint que l’on veut nous imposer encore et toujours pour nourrir le plus petit nombre. Les charges mentales et émotionnelles sont devenues ces dernières années des concepts à la mode, sans que pour autant la situation se transforme. C’est dit, mais cela ne change rien. Au contraire. Car dans notre mentalité moderne, entretenir le monde n’est pas un travail. C’est un après-travail obligatoire, en très grand partie en charge des femmes, même si beaucoup d’hommes les rejoignent. Un après-travail non reconnu, non payé, non valorisé et extrêmement chronophage. Quand on arrête d’entretenir le monde c’est le chaos. Le désordre dans la maison, dans l’humanité, sur la planète Terre.

Je vois beaucoup de gens révoltés par ce temps contraint dans mon travail de thérapeute. Ils aspirent à la liberté comme un poisson sur le bord de la rivière aspire à retourner dans l’eau. Et ils ont le courage de chercher en eux les ressources pour la trouver. Bravo, car avec la révolution quand même, c’est la seule solution…

Leur temps pris par les traumatismes, la souffrance, le désir ou l’emprise de l’autre, ils veulent le récupérer pour eux. Pour se réinventer et réinventer le monde autour d’eux. Le récupérer pour en faire un temps de jeu, d’imaginaire, de créativité, d’amour incarné.

Ces personnes, quand elles décident de faire une psychothérapie, ont souvent au départ une faible estime d’elles-mêmes. La société actuelle, encore, leur fait facilement croire qu’ils sont faibles, fragiles, voire narcissiques. Qu’une bonne guerre leur remettrait mieux les idées en place qu’un divan de psy. Et c’est vrai que l’alternative pour se fuir soi-même, fuir sa souffrance et ses traumatismes, très utilisée dans le monde, c’est le pouvoir et la violence. Mais ils ont fait un choix beaucoup plus courageux. Faire le ménage dans leur propre maison plutôt que d’exporter leurs déchets dans des décharges à ciel ouvert le plus loin possible, invisibles. Ou encore de les projeter sur leurs proches aimants, en particulier leurs enfants, leur conjoint, les personnes qui dépendent d'eux.

En faisant ce choix ils acceptent de se confronter aux manques de leur histoire, et aux traumatismes non résolus, accumulés comme des moutons sous le lit pour nourrir les cauchemars et les insomnies. C’est difficile. Mais la conscience du manque est la clé de la mise en mouvement et de la transformation. La satiété est la maladie chronique de notre société de consommation, y compris dans son absence, chez ceux qui n’ont rien et ne peuvent que subir le poids de ceux qui ont tout.

La souffrance partagée, affrontée, est vecteur de conscience et de changement, les philosophes nous le disent depuis toujours, et maintenant les neurosciences.

Alors il est peut-être temps, cher adulte, de faire un arrêt sur image. Je suis touchée d’accompagner tant d’adolescents et d’enfants qui osent faire ce que tant d’adultes n’osent pas. Se confronter à leurs émotions difficiles, aux blessures qu’ils ont subies. C’est pourtant la seule solution pour libérer de la place et récupérer le temps qui vous a été volé, peut-être sans mauvaise intention, peut-être pour survivre, peut-être par quelqu’un qui a lui-même été dépouillé. Peu importe.

Il est temps de récupérer votre bien le plus précieux.

Pour vous réinventer. Et inventer un nouveau monde, mieux entretenu.

 

 

 
Se réinventer, le but d’une psychothérapie ?
Des remerciements, des vœux et des projets pour 2023...
Merci à toutes les personnes qui me font confiance pour les accompagner un bout de chemin, que ce soit par la psychothérapie ou la lecture de mes livres et articles, ou les deux !
Vos retours chaleureux, souvent enthousiastes, sont une bénédiction, au sens étymologique, une parole qui fait du bien.
Et je tiens à préciser que cet article écrit pour vous encourager n'est en aucun cas de la pub personnelle car je suis complète pour un bout de temps, sauf pour les enfants et les ados où j'ai parfois un créneau.
2022 a été une année dense et riche, parfois très éprouvante, mais toujours féconde.
J'espère qu'il en a été de même pour vous.
J'ai envie de partager avec vous trois projets, parmi les nombreux qui me tiennent à cœur pour 2023 :
1) Un atelier d'écriture thérapeutique : ÉCRIRE POUR TOURNER LA PAGE, consacré à la transformation des traumatismes et souffrances en ressources, ainsi qu'au contact avec la créativité permanente de notre enfant intérieur.
Ce premier atelier d'écriture ne sera ouvert qu'à 8 personnes et se passera essentiellement en visio avec une journée en présentiel en fonction de la localisation des participants.
2) La parution au Printemps, je l'espère, d'un recueil de textes et dessins collectif que je coordonne au profit de la biodiversité, tous les bénéfices seront reversés à l'association Animal Cross.
3) La parution, je l'espère aussi, du premier tome de ma trilogie policière consacrée aux souffrances psychosociales de notre époque et mettant une équipe de policiers atypiques autour d'une commissaire... écoféministe suivant une psychothérapie...
Pour être tenus au courant, n'hésitez pas à vous abonner à mon blog.
Chaleureusement, que l'année vous soit propice.
Les traumatismes de l'enfance, comment en sortir ? Pour savoir si vous êtes concerné par le temps volé...

Les traumatismes de l'enfance, comment en sortir ? Pour savoir si vous êtes concerné par le temps volé...

La République des Pyrénées. Livre en ligne et dans vos librairies sur commande ou localement.

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APPRIVOISER LA NUIT

par Claire Sibille

publié dans Adopter sa famille , Ecothérapie , Le quotidien c'est pas banal ! , On peut choisir sa famille

APPRIVOISER LA NUIT

Quelques éléments pour mieux vivre le Solstice d’hiver,

une étape essentielle du Calendrier du Vivant

 

Cette nuit, c’est le solstice d’hiver, la nuit la plus longue de l’année.

C’est le temps, ou plutôt c’était le temps avant les écrans, des histoires contées au coin du feu…

Alors commençons par l’une d’entre elles, qui nous vient de très loin dans l’espace et le temps, d’un lieu où notre Noël chrétien n’a jamais existé.

La vieille femme et la lampe

Un soir, le bouddha devait parler sur une montagne. Une foule immense l’attendait. Comme la nuit tombait, chacun alluma une lampe pour l’accueillir. Une vieille femme arriva, portant une lampe de taille et de qualité bien inférieures à toutes les autres car elle était très pauvre, elle avait été jusqu’à vendre ses cheveux pour pouvoir acheter un peu d’huile pour sa petite lampe. Une tempête se leva soudain. Elle éteignit toutes les lampes, exceptée celle de la vieille femme : du fait de sa petite taille, elle avait été protégée, et sa flamme restait seule à briller dans l’obscurité. Le bouddha prit alors la lampe et ralluma une à une toutes les autres, puis il dit : « Tant qu’il restera une étincelle, toutes les lampes pourront être rallumées ».

Un message d'espoir très en phase avec l'actualité !

Le solstice représente un des quatre moments essentiels du cycle de l’année. Dans la vie quotidienne, encore plus dans ces périodes de surconsommation, nous nous laissons souvent prendre dans le temps qui passe et se disperse à la poursuite d’objectifs, essentiels ou secondaires, qui nous paraissent suffisamment importants pour oublier notre origine et notre fin. Ce temps qui passe, qui use, qui nous fait vieillir quand on en a la chance, et un jour mourir, les anthropologues des religions l’appellent le temps profane. Étymologiquement le temps « hors du temple ». Mais il existe un autre temps, qu’ils appellent le temps sacré. Le sacré, étymologiquement « séparé, à l’intérieur du temple », est une qualité du temps qu'il est bien inutile d'associer à une religion si vous n'en n'avez pas besoin. C'est un état de conscience intime, porteur de sens et de conscience. La nature nous le montre à travers le renouvellement cyclique de ses saisons. Nous pouvons tous le percevoir dans certains instants émotionnellement chargés, comme quand nous sommes amoureux. Ces moments paraissent durer une éternité, ou même nous projeter en dehors du temps. Alors que les journées passées sous le poids de la charge mentale, émotionnelle et physique de la vie quotidienne, même si elles sont lourdes à porter, semblent défiler à toute allure.

Dans le monde humain, ce temps nous est régulièrement rappelé à travers l’enchaînement des fêtes. Ces fêtes ont été reprises par la société de consommation, l’équivalent actuel de notre religion dominante, et le sens profond en a pratiquement disparu. Sauf peut-être à Noël, version chrétienne du solstice d’hiver, à cause de la dimension de la famille et de l’enfance. Mais l’équinoxe de Printemps (Pâques), le solstice d’été (Saint Jean) et encore plus l’équinoxe d’automne ont quasiment disparu de nos mémoires collectives en ce qui concerne leur symbolique et l’opportunité qu’ils donnent de faire un arrêt sur images et se poser quelques questions essentielles.

C’est dommage, car la rupture que permet le vécu de ce calendrier du vivant, et la fête qui y est associée dans toutes les civilisations quels que soient le lieu, l’époque et la religion, c'est à-dire, étymologiquement, la manière de se relier à l'autre et à l'univers, permettent une ouverture de conscience, voire l’irruption d’un autre monde, d’un autre état de conscience. Si nous pouvons ressentir individuellement cet autre temps dans la communion avec la nature, dans l’art, dans l’amour, dans des pratiques de méditation, la fête a en plus une dimension collective. Elle rythme le temps, lui donne un sens, un axe, et lui permet par là-même de devenir nourriture de la conscience.

Une fête se vit en trois temps, comme une valse : la préparation, le vécu, la réintégration dans un quotidien régénéré.

Alors, avons-nous bien préparé le solstice d’hiver ? Où Noël si cela vous parle plus ?

Le temps de l’Avent recouvre la période des quatre semaines précédant et préparant Noël. Associé au signe astrologique de feu du Sagittaire, il nous permet, comme ce grand voyageur sur son cheval, de nous dépouiller petit à petit de tout ce qui n’est pas essentiel. Dans la nature, les dernières feuilles encore accrochées aux arbres sont obligées de lâcher prise. Légèrement en contradiction avec notre vécu moderne de cette période… Cet éternel errant trouvera-t-il enfin, dans la nuit du solstice, l’étable où se poser après avoir parcouru le monde ? L’Avent, c’est l’avant, le temps de la préparation et de l’espérance. Mais c’est aussi l’aventure, la plongée dans l’inconnu, dans les ténèbres de l’inconscient où rodent les ombres et les démons. Et c’est encore l’avenir, qui nous faut accueillir en nous dépouillant, car comment remplir d’eau claire une coupe déjà pleine de tout un passé d’eau stagnante. Cette eau stagnante qui a marqué le mois de novembre.

Dans certaines régions et pays du Nord, on a gardé la couronne de l’Avent faite de branches de sapin et de houx, symboles de la victoire de la vie par leurs feuilles persistantes. Elle porte quatre bougies que l’on allume à tour de rôle chaque dimanche précédant Noël pour soutenir le soleil dans son combat contre la nuit. Au solstice, à minuit, le soleil est au plus bas de son cycle. L'homme a peur qu'il ne puisse plus remonter, et vient l’angoisse ancestrale qu’il meure et disparaisse, d’où les lumières qu’il nous faut allumer pour l’aider, des bougies et un feu de cheminée, c’est mieux et plus écologique !

Si la conscience du temps est indispensable, l’organisation d’un espace dédié, lieu de la fête, ne l’est pas moins. La profusion de Noël nous a fait oublier que le lieu symbolique du solstice, dans notre civilisation chrétienne, est l’étable. Un lieu chaleureux certes, mais simple, où l’on garde la conscience du froid qui règne dehors et de ceux qui n’ont pas trouvé d’abri. C’est un lieu toujours ouvert à l’autre, l’étranger, celui qui passe, et qui pourra dormir dans le foin.

Diverses traditions nordiques ont survécu dans notre façon d’organiser Noël.

Le sapin de Noël : les Celtes et les civilisations nordiques pré-chrétiennes nous ont légué ce sapin, roi de la forêt hivernale, axe du monde reliant le ciel et la terre, symbole de la victoire de la vie par ses feuilles persistantes. Décorons-le d’abord de ciel : guirlandes argentées rappelant la Voie lactée, boules dorées pour les planètes, sans oublier l’étoile qui montre le chemin. Puis décorons-le de terre : bonbons, fruits, blé, objet en paille montrant l’abondance de notre Terre, et la générosité qui consiste à donner sans rien attendre en retour, donner simplement car c’est naturel.

Dans le solstice chrétien, le bœuf et l’âne qui entourent la crèche montrent le chemin de l’humilité liée à notre condition d’être terrestre, car humilité vient d’humus, la Terre Noire. Le nouveau-né est à la fois le symbole de l’extrême faiblesse mais aussi de toute la force du renouveau. Les parents veillent, protègent, nourrissent, accueillent. Et les rois mages montrent que tout le pouvoir de la terre ne peut que s’incliner face à ce mystère de la vie et de la renaissance de la lumière. D’ailleurs les bergers nous rappellent cette vocation de nomades, de passants sur la terre.

Chez les peuples nordiques, la bûche était mise à brûler pendant la nuit du solstice. Puis sa cendre servait comme protection contre les incendies, les esprits, les sorciers. Elle était aussi utilisée pour aider à la fécondation du jardin potager et du verger. Chez les germains, on appelait cette nuit le soir du bois qui brûle. Ce n’est pas beau ?

Que vient faire le Père Noël dans tout ça ? Reprise américaine de Saint-Nicolas, le patron des enfants, et plus anciennement du dieu Janus des Romains (qui a donné le mois de janvier), il vient nous rappeler le poids et le sens de nos actions. Janus avait deux visages, un tourné vers le passé, l’autre vers l’avenir. De même Saint-Nicolas est accompagné du père fouettard, ou Vieux bonhomme hiver, qui vient nous débarrasser un peu brutalement du poids de nos erreurs passées. Nous trouvons une variante féminine du Père Noël avec Sainte Lucie, toujours précédée de son double obscur, Vieille dame la sorcière. Ces vieillards symbolisent aussi la nécessaire transmission au vivant qui renaît.

Dès l’aube suivant la nuit du solstice, cette année dans la nuit du 20 au 21 décembre, les nuits diminuent pour laisser de plus en plus de place à la lumière, lumière qui n’aurait pas pu naître si cette nuit obscure ne l’avait accouchée. En accompagnant les cycles de l’année, l’homme devient acteur, il devient un allié du vivant. Alors entre deux paquets à mettre au pied du sapin, le ménage, la préparation des repas, l’accueil des proches, garder un œil sur notre petite bougie intérieure peut faire partie de la liste infinie des tâches qui nous incombent si nous sommes en famille. Au minimum pour ne pas oublier de prendre soin de nous et ne pas finir les vacances aussi raplapla que le soleil...

Joyeuse fin d'année !

 

 

Deux nuits avant le solstice 2022

Deux nuits avant le solstice 2022

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