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Publié depuis Overblog

par Claire Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre !

Je suis psy … mais je vote !

Billet d’humeur motivée

 

Que faire de plus ?

Je me sens comme les courges de mon jardin dont je vous joins la photo : suffoquée de tant d’aveuglement d’un côté, de prédation assumée de l’autre, assoiffée de changement.

Une partie des psys, tribu professionnelle à géométrie variable et multiples facettes s’il en est, pense qu’il ne faut pas s’exprimer sur la politique, cela pourrait influencer les personnes que nous accompagnons (pour peu qu’elles tombent dessus). Je trouve quant à moi cette réflexion condescendante et infantilisante. Ou alors, autre option, ces collègues sont imprégnés de ce devoir de réserve institutionnel qui conduit au burn-out tant d’employé.e.s du service public survivant.

Je n’adhère donc pas mais je veux bien en débattre, même si cette pratique semble avoir perdu de son intérêt dans la scène politique actuelle. Elle est remplacée par l’expression individuelle, des one men shows, commentés par des millions de personnes sur les réseaux sociaux. Mais de débat ? Point.

En 2017, pour les élections présidentielles, j’ai écrit plusieurs articles. C’est bien d’avoir une mémoire écrite disponible pour voir ce qui a changé – ou pas –, et y trouver la force – ou pas – de continuer à y croire. Je vous invite à les lire et à vous faire votre propre opinion.

 

Ce qui a changé ?

Le temps de la culpabilisation autour des « petits gestes » n’est plus une arme de manipulation massive. Vous n’allez pas soigner l’épuisement de la planète en remplissant la poubelle jaune. Cela reste utile pour l’estime de soi et pour créer quelques emplois sous-payés. Peut-être pour apprendre aux enfants le sens des responsabilités. C’est déjà beaucoup, mais c’est tout.

 

Ce qui a changé ?

Il y a cinq ans, l’écologie n’était pas encore, pour la grande majorité des électeurs, une question de survie, malgré les innombrables rapports scientifiques qui existaient déjà depuis longtemps.

Nombre de Cassandre ont pourtant décrit le désastre à venir si l’humanité continuait à croire dans l’utopie de la croissance linéaire et éternelle, redistributrice de richesses pour tous. Sans succès. La croissance et sa corne d’abondance très sélective sont restées une variante monothéiste du Paradis que l’on est censés atteindre… après notre mort, si nous sommes bien sages en laissant de côté les extrêmes.

Parlons-en d’ailleurs des extrêmes, ce mot envoyé comme une bombe pour faire peur aux personnes qui confondent les enjeux du début du 20ème siècle avec ceux d’aujourd’hui. Même France Culture a montré l’aspect manipulatoire de l’utilisation de ce terme par les pouvoirs en place…

Or le danger n’est plus aux mêmes endroits.

Extrême de vouloir laisser la retraite à 60 ans, mais raisonnable les milliards de bénéfice et les dépenses énergétiques délirantes des ultra-riches ?

Extrême de vouloir que les deux membres d’un couple d’handicapés aient droit à leur allocation minimaliste mais raisonnable de démanteler le service public au profit d’Internet, alors qu’1/3 des personnes sont dans l’impossibilité de faire leurs démarches de cette manière ?

Extrême de demander la régulation de la pêche intensive, mais raisonnable de prendre un jet privé pour aller voter à quelques centaines de km ?

Vous avez compris l’idée.

Mais la force du déni, surtout quand on est au pouvoir, est immense. Et il semble tout aussi fort qu’avant quand on écoute le Greenwashing continu des gens qui nous dirigent. A part quelques-uns qui assument clairement qu’ils se fichent de la planète comme de votre fin de mois, ils nous abreuvent de discours disant qu’ils vont tout faire pour… si on leur donne encore plus de pouvoir, en oubliant tout ce qu’ils n’ont pas fait avant, ou fait dans le sens contraire. Ils me font penser à ces conjoints violents qui reviennent le lendemain avec un bouquet de fleurs en disant que c’est sûr, maintenant, ça va changer… Vous savez comment ça se termine ?

Mais.

Là où en 2017 le mot Écologie était réduit à une moquerie minable d’un des deux derniers candidats à une de ses représentantes politiques, la souffrance de la planète et de l’humanité sont devenues telles qu’on ne peut plus passer à côté. Au point que le gouvernement se sent obligé de mettre un masque de carnaval au pouvoir avec le mot « écologie » écrit en gros dessus.

Et ce que j’appelais à l’époque le Burn-out planétaire frappe si fort, et de manière si incontrôlable, que le déni se brise en mille morceaux devant la force du réel, au moins pour une partie plus grande de l’humanité.

 

Ce qui a changé ?

Il y a plus de femmes.  Évidemment pas comme chefs d’état, n’exagérons rien[1]. Mais comme exécutrices, oui. Mais que font-elles ? Dans les pouvoirs en place, certaines de ces femmes font presque paraître modéré le patriarcat quotidien. Et elles soutiendront mordicus le mâle alpha, quelles que soient ses violences et les accusations portées contre lui. En Afrique, on dit de ces femmes qu’elles ont une âme d’homme. Et c’est vrai que Margaret Thatcher, une des pires prédatrices sociales des années 80, était une femme. Elle disait quelque chose qu’elle a parfaitement mis en œuvre, pour le pire : si tu veux que quelque chose soit dit, demande à un homme, si tu veux que quelque chose soit fait, demande à une femme…

Ces femmes, soutiens indéfectibles du patriarcat, ne sont donc pas très crédibles en ce qui concerne l’éventuelle évolution des systèmes de pouvoir en place depuis quelques millénaires … Au pire elles les rendent même plus efficaces encore !

Alors évolution peut-être, mais révolution pas encore. 

Les femmes continuent en grande majorité d’apparaître comme les secrétaires, les muses ou les égéries plus ou moins bien inspirées de l’homme, celui qui continue de brandir le sceptre du pouvoir, le vrai, y compris par fille interposée.

Zeus montrait déjà l’exemple avec Athéna sortie de sa cuisse.

Il faut retourner dans les extrèmes pour trouver des voix féminines originales et intéressantes, qui ne se sont pas soumises au pouvoir patriarcal et à sa déclinaison politique.

 

Ce qui a changé ?

De même que la canicule, la sécheresse et les inondations, la guerre s’est rapprochée de nous.

Les plaies de l’Apocalypse semblent bien présentes dans nos vies quotidiennes et les dystopies semblent de plus en plus crédibles.

Dans la dernière série de Love, Death and Robots sur Netflix, à voir absolument, le premier film d’animation parle de la non-inclusivité sociale comme un des éléments majeurs de la disparition de l’humanité. La non-inclusivité sociale, ce sont tous les systèmes de castes, de classes, de races, de genres, bref toutes ces cases qui permettent de se retrouver entre soi(s), en pensant que construire un mur nous séparant des autres rend notre survie plus crédible.

C’est un leurre.

J’avais déjà nommé dans les précédents articles l’empathie comme clé de la survie. La plus grande partie de l’humanité ne l’a pas encore compris, essentiellement par manque d’imagination, cette autre qualité-clé de notre époque. Et cela n’a pas changé, malgré l’accueil des ukrainiens.

La guerre est un atout maître pour les personnes au pouvoir, elle leur permet d’éviter tous les autres sujets.

Elle leur permet de s’appuyer sur les émotions qui provoquent le contraire de l’empathie, à commencer par la plus primaire d’entre elles, la peur. Et c’est paradoxal, car la Nature a prévu la peur pour assurer notre survie. Elle marche très bien pour les troupeaux de gnous apprenant à fuir les prédateurs.

Mais chez l’homme, les chefs de guerre désignent notre frère, l’autre gnou, comme étant le prédateur, l’agresseur.

Et nous finissons ainsi par nous détruire nous-mêmes, en piétinant allégrement au passage toute possibilité d’un autre monde, d’un autre regard, d’une quelconque remise en question personnelle ou idéologique.

La peur, émotion-clé de notre survie, va ainsi peut-être nous conduire à notre perte, simplement par la manipulation dont elle fait l’objet de la part des puissants.

 

Alors je vais aller voter dimanche car je ne pourrais pas me regarder en face, et encore moins mes enfants, si je ne fais rien pour changer la donne.

Voter est peut-être devenu inutile aujourd’hui mais qui sait ? Et puis, de même que quand j’ouvre mon robinet d’eau potable à volonté, je pense aux milliards de gens qui n’y ont pas accès, en mettant mon bulletin dans l’urne, je pense à tous ceux pour lesquels cela reste et restera une utopie inatteignable.

 

Mes courges, dans l'après-midi.

Mes courges, dans l'après-midi.

Pour tous mes (très nombreux !) articles sur la société et la politique, cliquez en haut de l'article sur : Cette société, c'est la notre ! et cherchez ce qui vous intéresse. Un des articles de 2017 : https://www.clairesibille.fr/2017/04/b.o.p.burn-out-planetaire-et-point-de-bascule.html

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Une histoire de femmes ?

par Claire Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , Des livres profonds ... comme une psychothérapie ! , Le quotidien c'est pas banal !

Femme lisant. Picasso.

Femme lisant. Picasso.

Une histoire de femmes ?

La littérature est-elle sexiste ?

Billet d'humeur sur le sexisme inconscient d'hommes biens sous tous rapports

Je n’ai jamais entendu des lecteurs ou des lectrices de Houellebecq ou de Norek constater le peu de femmes présentes dans leurs romans, ne parlons pas d’héroïnes. Par contre j’ai eu déjà trois fois cette réflexion, d'hommes très sympas par ailleurs : « c’est une histoire de femmes », ou encore « il n’y a pas beaucoup d’hommes dans votre roman ». C’est faux. Il y en a beaucoup, comme l’ont heureusement remarqué d’autres lecteurs. Mais ce ne sont pas les héros. Les personnages de premier plan sont des femmes.

Un peu agacée, je suis allée voir par curiosité les catégories de Babelio et j’ai été confirmée dans mon intuition. Il y a une grande catégorie « histoire de femmes ». La thématique comporte 149 romans. Si vous tapez par contre « histoire d’hommes » vous en trouvez sept dont le premier qui s’appelle tout simplement histoire d’hommes… Qu’en déduire ? Rien que de très banal. Un roman dont les héros sont des hommes est tout simplement un roman. Un roman dont les héroïnes sont des femmes devient… un roman de femmes.

On trouve la même chose dans le racisme. La norme étant l'homme blanc, si vous devez mettre d'autres origines ethniques dans vos écrits vous devez le préciser. Un noir, une asiatique... C'est une des difficultés de l'écriture contre laquelle j'ai buté. Enervant... mais impossible de faire autrement sous peine de n'avoir que des hommes blancs dans l'histoire !

La même culture patriarcale nous ayant nourris fait que simplement deux écrivaines faisaient partie des 22 textes proposés au bac français il y a trois ans (je cite d’ailleurs cette anecdote dans mon roman).

Il n’y a pas si longtemps les hommes trouvaient plus facilement un éditeur car prometteurs de plus de ventes qu’une femme. Heureusement cet adage est mis à mal, à la fois par la romance au kilomètre produite tant par l’édition classique que par l’auto-édition, mais aussi par quelques brillantes écrivaines comme Leila Slimani, Alice Zeniter ou Clara Dupont-Monot pour rester en France. Elles commencent à changer la donne mais simplement dans les dix dernières années et encore on les remarque, ce qui n’est pas  le cas des écrivains.

Si vous regardez les peintures, impossible de ne pas remarquer l'ambiance générale, malgré toutes les exceptions : les "femmes lisant" sont souvent alanguies sur un divan. Normal elles lisent des romans d'amour. Les "hommes lisant" sont à leur bureau, se tenant la tête entre les mains. Normal, ils pensent.

Enfin, regardez les prix littéraires. Même le prix « Femina » créé par réaction à la misogynie ressentie du Goncourt, peine à nommer des femmes… Là encore une inflexion existe depuis quelques années, mais l’idée de discrimination positive, déjà présente dans le nom de ce prix, m’est venue à l’esprit, ce qui veut tout dire…

Alors même si je pense que mon roman fera un beau cadeau de fête des mères vu son thème, ne vous inquiétez pas, c’est d’abord un roman…
Et je termine donc par un commentaire reçu ce matin de la part d’un homme :
« J’ai lu votre bouquin et j’ai passé un super moment ! Ça fait partie de ces bouquins dont j’aime savourer chaque phrase petit à petit et y revenir ». Laurent.


Vous avez bien sûr noté le bouc-uin. A noter pour les amateurs d’étymologie que le « vieux bouc » (bouquin), qui désigne tant l’animal que l’homme débauché, est un homonyme qui n’a rien à voir… en théorie !

 

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