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LIRE EST UN SPORT DE COMBAT !

par Claire Sibille

LIRE EST (DEVENU) UN SPORT DE COMBAT !

Résumé : Croiser un.e lecteurice dans le train, un parc, une plage, sans même parler des transports en commun, est devenu une bizarrerie. Elles, ils, ont disparu, comme les insectes sur les phares des voitures dont j’ai parlé si souvent. Mais la situation est loin d’être désespérée. Une jeune fille de 14 ans m’a dit tout le bien qu’elle avait pensé de mon roman « Inventaires » lors de mon dernier salon. Je croise un jeune homme lisant un livre sur un banc à Bordeaux, entouré d’autres jeunes sur leurs smartphones. Il rayonne comme une fleur au milieu du désert. Je leur dédie cet article, qui est aussi une chronique de mes livres en cours.

En fin d’article vous trouverez tous les liens cités, et les dates de mes signatures, salon ou librairies, jusqu’à Noël.

Comme le rappelle le Journal le Un, Donald Trump, parmi d’autres qui lui ressemblent, n’est pas un lecteur. Même les petits messages de ses vassaux, trois lignes maximum, sont trop longs. Il est allergique aux mots autres que ses invectives, puisqu’il en supprime sans vergogne un nombre conséquent du vocabulaire autorisé. De nombreuses dystopies, 1984 étant la plus célèbre, ont mis en scène cette destruction du langage, en particulier écrit, par les dictateurs, et même les plus jeunes peuvent avoir des images de livres brûlés sur une place publique. Car le dernier autodafé date… de juin 2025, en Bretagne, revendiqué par un groupe néo-nazi et largement passé sous les radars de l’actu. La journaliste Sonia Devillers fait elle aussi part de son inquiétude de voir son cerveau changer à cause des réseaux, et de n’être plus capable de se concentrer ne serait-ce que sur un roman. (liens en fin d’article)

C’est ainsi que ce qui était une passion depuis le plus jeune âge, la lecture, est devenu sans que je m’en aperçoive un acte de résistance, et sa promotion un sport de combat. Prenant conscience de l’impact des écrans, et je suis loin d’être parmi les plus touchées, j’ai mis en place depuis plusieurs mois une discipline de lecture quotidienne, en particulier pour les essais, exactement comme pour l’exercice physique. Et quelle joie de voir mon cerveau se déployer, de prendre le temps de dialoguer intérieurement avec telle ou telle phrase de l’essayiste, ou de réécrire telle ou telle phrase d’un roman si je ne suis pas plongée dedans. Le temps se dilate et mon intelligence aussi … Je retrouve des mots, ou j’en découvre. Je savoure la jouissance de penser par moi-même, et mes phrases coulent d’autant mieux après, dans mes propres écrits. C’est l’intérêt de la période actuelle de me faire prendre conscience de tous ces bénéfices.

Mais attention à l’élitisme intellectuel français, qui n’est pas mort avec Bernard Pivot. Il existe des personnes formidables qui ne lisent pas, souvent parce que la lecture ne fait pas partie de leur culture et de leur mode d’apprentissage et de transmission. Et des psychopathes avérés connaissent les classiques par cœur. En dehors des nombreux scandales sexuels touchant des écrivains ou éditeurs connus, sans parler des journalistes, les grands dirigeants nazis étaient réputés pour leur culture. Je me situe donc dans un contexte donné, celui d’une culture où l’école est laïque et obligatoire, où l’accès aux livres est facile pour une catégorie moyenne de la population.

Un autre problème de cet élitisme est le poids des classiques, en particulier à l’école. Raz-le bol de Balzac et de Proust que l’on « relit » sans l’avoir jamais lu, et même des écrivains du 20ème siècle. Il y a aussi l’absence des autrices même si ça bouge, ou leur maintien dans une littérature de niche type feel-good ou romance. Vous ne me croyez pas ? Faites le « test de la bibliothèque » (si vous en avez une bien sûr). Comptez la totalité de vos livres, puis le pourcentage auteurs/autrices. Surpris.e ? N’hésitez pas à partager votre résultat !

Quant à moi, j’aime lire :

… des essais. J’aime me voir penser et dialoguer avec l’auteurice, j’aime apprendre, et nourrir ainsi mes propres écrits. En ce moment je lis …

… le dernier Mona Chollet, Résister à la culpabilisation, un incontournable.

 

… des revues ou des journaux sur papier. J’aime être en lien avec le monde mais avec ce recul par rapport à l’actualité qui permet de penser. En ce moment je lis …

… le dernier Le Un, numéro 568, un numéro double sur la tyrannie de Trump mais aussi une profonde réflexion sur la liberté, avec des articles lumineux.

 

… des romans. J’aime voir se développer sous mes yeux un univers nouveau et inconnu, et contrairement à l’écran, créer mes propres films, cocréer avec l’auteurice plutôt que d’être juste avalée par l’image. Dans les romans, j’aime aussi les romans noirs ou policiers quand ils parlent de sujets psycho-sociaux (Olivier Norek, Fred Vargas, Deon Meyer …). Et j’ai eu une grande période fantasy, dans la lignée du Seigneur des Anneaux, que j’ai bien lu dix fois. En ce moment je lis …

… Le livre de Kells, de Sorj Chalandon, une auto-fiction romanesque qui me ramène dans les années 70, bousculant.

 

… des reportages transformés en livres. J’aime plonger en profondeur dans un fait d’actualité, car l’intime est toujours politique et le politique impacte notre intimité, qu’on le veuille ou non. En ce moment je lis …

… V13 d’Emmanuel Carrère, bien sûr !

 

J’aime aussi les bds, certains mangas, les romans graphiques. J’aime le lien avec le dessin, une de mes frustrations ! Et les recueils de nouvelles, et les poèmes, qui reviennent un peu en ce moment. En ce moment je lis …

… Les grandes oubliées, pourquoi l’histoire a effacé les femmes.Une bd de Titiou Lecoq et Marie Dubois. À lire absolument et à faire lire aux ados. J’y ai appris des choses hallucinantes.

 

Et j’aime aussi relire mes propres manuscrits 😅😅​ ! Je suis même capable de pleurer ou de rire en me relisant … C’est un travail de dentellière, j’ai relu et corrigé au moins dix fois mon dernier roman, sans même compter les relectures professionnelles, mais j’ai la sensation jouissive de peindre les dernières touches sur un tableau ou de fignoler une sculpture.

Alors bienvenue dans ma salle de sport !

 

 

Les dates où me rencontrer  :

  • À Oloron, au salon du livre sans frontières sur le stand de la librairie L’Escapade : samedi 15 novembre à partir de 14h et dimanche 16 toute la journée.
  • À Orthez, le vendredi 19 décembre à partir de 15h30, à l’Espace culturel Leclerc (centre-ville).
  • À Aire sur l’Adour, le samedi 20 décembre, de 10h à 17h, à l’Espace culturel Leclerc.
Mon dernier roman republié par les éditions d'Avallon, après moultes péripéties.
Mon dernier roman republié par les éditions d'Avallon, après moultes péripéties.

Mon dernier roman republié par les éditions d'Avallon, après moultes péripéties.

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SAUVONS LE BENEVOLAT !

par Claire Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre !

SAUVONS LE BENEVOLAT !

Contre l’Humanicide et l’Écocide, les petits pas des petites mains …

 

Résumé : De Cyril Dion à Claire Nouvian, en passant par votre voisine obsédée par le zéro déchet ou la protection des chauve-souris (je suis concernée par les deux J ), tout le monde le dit : pour sortir de l’impuissance, il n’y a que l’action joyeuse. Mon action aujourd’hui, c’est d’écrire cet article, hommage au bénévolat. Et vous, n’hésitez pas à mettre votre dernière action bénévole, ou la dernière association que vous avez soutenu en commentaire !

 

Que ferions-nous sans nous ?

 

Aujourd’hui cela fait 40 ans que la France a besoin des restos du cœur pour compenser ses déséquilibres outranciers de niveaux de vie, déséquilibres dont les milliers d’enfants dormant dans la rue dans notre pays sont un étendard choquant, le mot est faible.

Dans un autre registre, la Recycl’Let (https://www.facebook.com/lasseube.entransition), la recyclerie de Lasseube, le village où je vis, va bientôt pendre la crémaillère suite à l’ouverture de son nouveau local, entièrement réalisé par des bénévoles aussi doués qu’engagés. Cette recyclerie a été mise en place au bout de quelques années par l’association Lasseube en Transition à la naissance de laquelle j’ai eu la chance de participer, une association humaniste et écologique comme on en voit fleurir de plus en plus un peu partout depuis la société civile, pour le bien-être de nos villes et village. Mais surtout pour essayer de sauver les meubles, y compris au sens littéral, dans un monde dont le côté suicidaire est de plus en plus visible.

Je suis souvent bluffée d’apprendre dans les médias l’existence de telle ou telle association focalisée sur tel ou tel sujet bien précis et important, un sujet qui sans les bénévoles passerait sous les radars.

Savez-vous par exemple qu’en France 4 millions de femmes, en particulier des jeunes, sont en précarité menstruelle, au point parfois de devoir fourrer n’importe quoi dans leur culotte quand elles ont leurs règles ? Je n’aurais jamais imaginé ce chiffre avant de l’entendre aux infos. Et qui parmi vous connait l’association Règles Élémentaires (https://www.regleselementaires.com), dont les bénévoles luttent contre cette réalité ?

Savez-vous que cette année pour la première fois je n’ai vu aucune guêpe ni même frelon venir se gaver des coings, pommes et figues de mon jardin ? Et qui parmi vous connait l’association OPIE (Office pour les insectes et leur environnement, super site : https://www.insectes.org/ ) qui essaie de lutter contre la disparition de ces mal-aimés indispensables ?

Vous pouvez aussi tricoter pour l’Ukraine, ses enfants, ses soldats, collecter des dons pour Gazaa ou aider les habitants de l’Aude qui ont vu leur maison et leur terre partir en fumée. Vous pouvez écrire un article dans Wikipédia pour réduire l’effet de genre et donner plus de place aux femmes. Et si vous n’avez pas de temps disponible, vous pouvez soutenir financièrement nombre d’associations qui font le job, ou scroller utile en signant une pétition en ligne entre deux commandes de courses. Ou prendre un sac poubelle pour faire le ménage sur la plage entre deux baignades.

Le bénévolat est un des fleurons de nos démocraties. Dans tous les pays existe la solidarité en cas d’urgence, de guerre ou de catastrophe naturelle. Dans tous les pays vous trouverez des voisins qui aident et d’autres qui tournent le dos. Mais le bénévolat demande du temps et/ou de l’argent qui ne soient pas consacrés à la survie. Et ils deviennent rares les pays où une partie de la population peut se permettre ce luxe. Combien de pays parmi les 198 qui composent notre humanité peuvent consacrer de l’énergie au bénévolat ? Combien d’entre eux ont au contraire un besoin vital de bénévoles venus d’autres pays ?

Des choix politiques aussi importants que le choix de l’âge de la retraite ont un effet immédiat sur le bénévolat, sans que cela soit en général pris en compte. En effet, sans dénier l’engagement des jeunes, vous lirez dans mon récent article « Militer sans s’effondrer » ( https://www.clairesibille.fr/2025/09/militer-sans-s-effondrer.html ),  que je milite depuis l’âge de 14 ans, ce sont quand même les personnes dégagées des charges de travail et de famille qui font tourner la plupart des associations.

Comme le montrent bien malgré eux les restos du cœur au bout de 40 ans, si vous enlevez le bénévolat, ce n’est rien moins qu’une société qui s’effondre.

 

Contre l’Humanicide et l’Écocide, les petits pas des petites mains …

Humanicide : Destruction de l’espèce humaine par une personne, un groupe, une substance.

Écocide : Destruction ou endommagement irrémédiable d'un écosystème par un facteur anthropique (provoqué par l’homme), notamment par un processus de surexploitation de cet écosystème.

 

Ces deux termes, Humanicide et Écocide, viennent de naître dans la grande histoire des mots, ils ont au mieux quelques décennies pour le second, quelques années pour le premier. Comme le mot féminicide, ils permettent de nommer des phénomènes qui étaient auparavant noyés et invisibilisés dans des réalités plus vastes, ou simplement plus floues.

Ces deux mots permettent de répondre au sentiment d’urgence que ressentent de plus en plus de personnes sur ce qui arrive aujourd’hui à notre humanité.

De la même manière, les mots interdits dans d’autres pays permettent de se rendre compte de ce qui est en priorité menacé : la diversité, la planète, les femmes et les enfants.

C’est-à-dire le Vivant.

C’est de cela qu’il s’agit, de détruire le Vivant.

C’est pour cela que j’aurais bien rajouté le mot biocide pour résumer cette frénésie de sang frais qui anime nombre des dirigeants de notre planète, mais ce terme a déjà été utilisé pour l’action bien précise de tuer des espèces considérées comme nuisibles pour l’homme.

Dommage.

Sauf à envisager que l’homme est l’espèce la plus nuisible pour l’homme …

C’est contre ces crimes qu’œuvrent chaque jour les bénévoles.

Car l’entraide et la solidarité font partie intégrante du Vivant.

La loi de la Jungle ? C’est avant tout celle de la diversité et de la créativité infinies, ainsi que des symbioses et des partenariats improbables entre des formes de vie parfois à l’opposé l’une de l’autre.

C’est cette loi qui permet à des milliards d’êtres qui pourraient sembler irréconciliables de cohabiter.

Alors, oui, vraiment, que ferions-nous sans nous ?

Et, question subsidiaire, avons-nous vraiment besoin d’eux ?

 

 

 

La recyclerie de Lasseube en transition collabore avec le Secours Populaire, entre autres.

La recyclerie de Lasseube en transition collabore avec le Secours Populaire, entre autres.

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