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QUITTER L'HIVER ?

par Claire Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , Ecothérapie

QUITTER L’HIVER ?

Résumé : Quittons-nous vraiment l’hiver aujourd’hui ? Comment le quitter ? Faut-il le quitter ?

Ce blog est dédié au lien entre l’intime, si présent dans la psychothérapie et l’écriture, et le politique, si présent dans notre vie quotidienne, même quand on veut l’ignorer. Parfois l’intime bouscule le politique et le fait évoluer ou régresser, trop souvent c’est l’inverse. Depuis des mois, voire des années, impossible de faire l’impasse, y compris dans le lieu thérapeutique, sur l’anxiété croissante, la violence omniprésente, les « backlashs[1] » dans tous les domaines.

J’ai pris des centaines de notes sur nombre de sujets sociaux qui résonnent dans l’intime : la guerre, la montée de l’autoritarisme et du masculinisme, la gouvernance du pire, par la psychopathie ou la sociopathie assumées, comme le décrit si bien le livre « Human Psycho » de Sébastien Bohler, la chute vertigineuse de la biodiversité et les conséquences de la catastrophe climatique.

Mais aussi les ressources, toujours les mêmes, celles de l'Écothérapie : l’action locale, la créativité, dont l’écriture est une expression privilégiée, les liens proches, l’appartenance au Vivant, le plaisir d’être soi, le plaisir partagé.

Et les fausses ressources ou stratégies de fuite : l’évitement, le déni, le nombrilisme, la perte d’empathie.

Le « syndrome de la cabane », cette réaction de repli sur soi se voulant protecteur qui a été théorisée pendant la crise du COVID dont nous « fêtons » le cinquième anniversaire, se retrouve à l’identique face aux crises actuelles. Mais la cabane, j’ai eu la chance de le vivre ainsi pendant le confinement, c’est aussi le lieu où l’on peut non seulement trouver refuge, mais aussi se réunir avec nos proches autour du feu, et se consacrer à l’essentiel. Pour moi cela a été une bascule radicale dans le temps consacré à l’écriture et au lien avec le Vivant si présent tout autour de moi, chez mes proches et dans la Nature. Mon premier roman, Inventaires, en a été le fruit.

Les ressources alternatives au repli anxieux ou à l’indifférence nombriliste sont nombreuses. Aujourd’hui, en lien avec le Printemps des Poètes, je vais citer la poésie, cette écriture sensible, cette parole au plus proche de l’émotion et du vivant.

Cette semaine, beaucoup de micro-évènements, tous en lien avec le Vivant et la diversité, ont nourri ma confiance : la journée pour l’inclusivité dans le cadre de l’opération « Mars Attaque » de la ville de Pau, l’histoire d’une albatros de 75 ans (lien après l’article, allez jusqu'au bout de la page !), des mouettes jouant sur la mer, deux goélands l’un debout sur l’autre, ils m’ont fait rire ! Mon père me disait, quand, petite, je riais face aux facéties d’un animal, il te donne de la joie car il est en accord avec sa nature. Cette phrase m’a marquée. Et donc je suis en joie car en accord avec le Vivant en moi, le nom plus inclusif que je donne aujourd’hui à la Nature.

Quand on commence à citer son père – ou n’importe lequel de ses ancêtres – à tout bout de champ, c’est que l’on a cinq ans ou que l’on est tout prêt de passer l’arme à gauche, expression qui a repris du galon ces dernière années (J) en Europe.

Ou pas.

C’est aussi, j’ai pu l’expérimenter plusieurs fois, que l’on se sent à l’un de ces carrefours de la vie où le retour intérieur aux racines, à l’enfance, permet de vérifier que l’on ne s’est pas perdu en chemin, tant les détours ont été longs et les impasses nombreuses.

La poésie est un outil d’écriture du Vivant. Le Printemps des poètes, une occasion de croire en l’arrivée d’un Printemps humain, un jour.

Mais le poème que j’ai écrit et que je vous joins se veut aussi la possibilité de trouver la beauté et la créativité au cœur de l’hiver, quand le Printemps, celui des hommes, paraît si loin.

 

 

[1] Mot difficile à traduire car il signifie à la fois régression, retour en arrière mais aussi choc en retour, contrecoup.

Quitter l’hiver

 

Je sais la lune rouge et pleine, enceinte du printemps qui va naître.

Je sais le chant des oiseaux, et celui des crapauds.

Je sais l’or des jonquilles et l’argent des bourgeons.

Je sais la sève qui monte, et la nuit qui décline.

 

Mais l’arbre d’hiver sublime la lumière,

et ma main s’impatiente.

 

Peindre ses branches nues s’étirant vers le ciel.

 

 

Pour celles et ceux qui souhaitent explorer leur âme de poète, ou pour les poètes avérés d’ailleurs, je vous propose d’écrire votre « Poème talisman », un exercice que j’ai mis en place dans mes ateliers d’écriture. Pour recevoir l’exercice, je vous invite à commenter cet article comme vous le désirez, mais en mettant un mot sur ce que représente pour vous la poésie.

Les arbres qui m'ont inspirée ...

Les arbres qui m'ont inspirée ...

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MON JEÛNE ET MOI, DIX ANS APRÈS (2ème partie)

par Claire Sibille

publié dans Je suis psy mais je me soigne !

MON JEÛNE ET MOI, DIX ANS APRÈS

2ème partie

Résumé : Quels sont les bienfaits du jeûne ? La dimension du plaisir est essentielle, en tous cas pour moi qui suis profondément épicurienne au sens commun du terme. J’aurais pu mettre la santé en premier, mais c’est trop rationnel … J. Et il y en a bien d’autres ! Voici une petite liste, qui ne tient compte que de mon expérience.

En fin d’article, un nouveau lien utile, une émission du très bon podcast « Carnets de santé » sur France culture qui décrit très bien les différents types de jeûne et leurs effets. Il vient de sortir, c’est le grand boom sur le jeûne !

 

La première chose qui me déclenche chaque fois une surprise souriante, c’est l’arrêt de la faim. Vous lirez souvent – y compris dans mon livre – que c’est la purge du premier soir qui déclenche l’arrêt de la faim. C’est vrai. Mais aujourd’hui, au bout de mon xième jeûne, qu’il soit long, court ou intermittent, il suffit que je dise demain, je jeûne, et la faim disparaît ! C’est magique. La science a plein d’explications pour cela mais heureusement, la science n’empêche pas la magie. Et à la reprise alimentaire, la faim revient… Mais à pas de loup ! J’ai besoin de plusieurs jours pour me réhabituer à manger, et je mange très peu. Un jus, un fruit, un bouillon …

Et cela amène droit au deuxième cadeau du jeûne, la liberté. Ce sentiment intense de liberté quand on comprend que l’on peut se passer, longtemps, de nourriture, est presque indicible. Mon jeûne long de base est de 3 jours, dès que je peux je vais jusqu’à dix, pour celui-ci 8, et dès que mon emploi du temps le permettra je compte faire le fameux « 21 jours ». Souvent j’ai du mal à remanger, comme si je revenais dans une contrainte, et je sens que tel le manchot déjà cité dans la première partie, animal culte des jeûneurs, je pourrais tenir bien plus longtemps sans faim. Comme j’en parle dans mon livre, mais comme c’est aussi très bien expliqué dans les autres livres et documentaires, nous mangeons quand nous jeûnons, mais nous nous mangeons nous-mêmes. Cela s’appelle l’autophagie. Elle permet de dévorer non seulement les graisses inutiles mais aussi toutes les vieilles cellules mortes et autres résidus des maladies passées. Ce que j’ai pu démontrer dans mon livre, c’est que cette autophagie concerne aussi les émotions et le mental ! Nous pouvons ainsi digérer des restes de vieux traumatismes ou émotions difficiles et nous libérer de la pensée conditionnée par les diktats de notre société, décoloniser nos esprits.

Ainsi, je vous ai dit dans la première partie de cet article que j’avais eu un automne encombré de trop d’émotions, et en particulier sur ma perception de l’état du monde, que ce soit l’effondrement de la biodiversité, les guerres ou la prise de pouvoir partout dans le monde de mâles Alpha qui n’ont  malheureusement pas la beauté et l’utilité  de ceux du règne animal. Grâce à ce jeûne, je me suis recentrée sur mes actions possibles, qui restent nombreuses. Je ne veux pas pour autant lâcher la conscience. Le déni ou l’inconscience me rendent malheureuse. Je ne crois pas que se mettre les mains sur les yeux face à l’ogre, comme le font les enfants, me protège et surtout protégera la planète. L’évitement est une tentative de protection inefficace sur le long terme. Et l’inconscience qui concerne tant de gens ne prépare pas aux défis actuels, car demain devient très vite aujourd’hui ! Il y a aussi l’appartenance et le lien. Je les ressens très fortement avec le Vivant, mes proches, les personnes que j’accompagne en thérapie, les personnes qui souffrent dans le monde. Mais c’est beaucoup plus difficile de se sentir appartenir à la même humanité que certains. C’est même une question existentielle, et une interrogation quotidienne. Je m’entraîne !

Une des dimensions du Vivant que l’on oublie parfois et qui est essentielle c’est le plaisir, et plus particulièrement la jouissance d’être soi, vivante, pleinement présente au monde. Le problème du plaisir c’est qu’il est confondu dans notre société avec ses ombres : les addictions, la surconsommation, la violence et l’abus de l’autre. L’un des critères d’un plaisir authentique et vivant est la joie. Vous ne la trouverez pas dans ces ombres. Et la joie déclenche souvent le besoin de partage, ce que je suis en train de faire !

La jouissance est une clé du Vivant

Un autre bienfait du jeûne est un boost de l’estime de soi. Jeûner n’est pas facile au début. Et, même avec l’expérience, les premiers jours peuvent être difficiles. Les réactions que j’entends parfois, moi je ne pourrais pas, ce n’est pas le moment, j’ai pas le courage, j’en serai incapable… me propulsent en héroïne de l’humanité, telle Neil Armstrong posant le pied sur la lune ! Mais avec un bon accompagnement, tout le monde peut jeûner, sauf graves troubles du comportement alimentaire, et encore. Les TCA sont souvent, je reste prudente, le symptôme visible d’une souffrance indicible. Alors si l’on conjugue le jeûne accompagné, peut-être un jeûne doux comme le Buchinger, avec une psychothérapie efficace, je m’avance à dire que c’est possible.

Dans ces plaisirs simples et profonds, il y a aussi la redécouverte de son corps. Pris que nous sommes dans l’urgence factice de la société de consommation, de la tyrannie des écrans et de la charge du quotidien, le corps disparaît et trop souvent s’oublie dans la nourriture si ce n’est pire. Ou il devient un objet à mettre en scène sur Instagram. Si je me sens assez libre des deux premières pressions, la troisième, la charge du quotidien, me sollicite souvent. Le temps perdu dans l’administratif par exemple, qu’une de mes filles quand elle était toute petite appelait l’administraffic J, m’affole parfois ! Le jeûne me recentre de façon spectaculaire, et pour plusieurs mois, sur l’essentiel : cultive ton jardin, écris des articles et des livres, fais ce que tu peux pour aider et participer. Aime tes proches et plus lointains. Cela enlève le sentiment d’impuissance, puisqu’il n’y a plus aucune puissance à conquérir ou combattre.

Et mon corps est heureux, libéré des douleurs et de quelques kilos, allégé de quelques émotions inutiles, motivé pour bouger, rajeuni aussi, car le vieillissement, processus inévitable et nécessaire qui nous prépare à la mort, peut se vivre de manière apaisée et joyeuse.

Mais c’est un autre sujet sur lequel je reviendrais bientôt …

 

     

 

 

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