INSECTICIDE INVOLONTAIRE
Billet d’humeur triste et résignée
Résumé : Je ne veux pas vivre dans un monde sans insectes.
Je ne veux pas vivre dans un monde sans insectes. D’ailleurs la vie y sera-t-elle encore possible ?
J’en ai souvent parlé, dans des articles sur ce blog et ailleurs, dans des recueils, dans des romans. Depuis longtemps. Un des drames du temps qui passe est de voir des sujets redevenir d’actualité, alors que rien ou si peu ne change. Comme si, par exemple, c’était nouveau la disparition des insectes. Alors que dans un article il y 20 ans je constatais déjà la triste propreté des phares et des parebrises en été. Alors que mon père souffrait déjà d’éco-anxiété dans les années 70.
Mais cette semaine, l’actualité nous dit que 70% des insectes ont disparu. À quel pourcentage les personnes qui décident de l’usage ou non des pesticides vont-ils sortir du déni ? 99,99% ? Jamais ?
Alors cela m’est d’autant plus douloureux de contribuer malgré moi à cette disparition. Une petite bête que j’écrase car je ne l’ai pas vue. Une araignée passée dans l’aspirateur avant que je n’ai eu le réflexe de l’attraper pour la mettre à l’abri. Et hier un adorable scarabée qui s’est fiché malencontreusement dans la rainure d’une baie vitrée. Un scarabée sacré en plus. J'ai commis une profanation. Voire un déicide si j'en crois la mythologie égyptienne.
Peut-être est-il le dégât collatéral de la guerre que j’ai dû mener il y a quelques jours contre une bonne dizaine de frelons asiatiques, des femelles voulant construire leur nid chez moi. J’ai fini par utiliser une bombe. Promis, je ne le ferai plus. Ou j’essaierai. Car il y en a beaucoup, elles peuvent faire du mal à des personnes dont je suis responsable et les alternatives sont délicates. Par exemple celle qui consiste à attraper le frelon dans un bocal et le mettre au congélateur. Je ne suis pas sûre d'en être capable. Mais j'essaierai.
Il peut y avoir aussi une mouche ou un moustique, les mieux programmés pour la survie semble-t-il, que je m’autorise à tuer. Donc si je commets des insecticides involontaires, il y a aussi des meurtres (mal) assumés. Il faut quand même qu’il y en ait beaucoup et qu’elles représentent un danger effectif. Essaie de me rassurer ma conscience.
Ces meurtres me meurtrissent … Car où est la limite ?
Je vois passer une info sur la biodiversité dans les cimetières, de campagne mais aussi de ville. Petits mammifères, oiseaux, insectes …
C’est peut-être le dernier endroit où l’on pourra rencontrer ces vies minuscules.
Dans les cimetières.