HOW DARE YOU ? Greta "Thunder" Thunberg, arrièrepetite-fille spirituelle d’Anne Frank ?
HOW DARE YOU ?
Comment osez-vous ?
Greta Thunberg, arrièrepetite-fille spirituelle d’Anne Frank ?
Attention militance !
Un billet d’humeur rapide suite à la mise en scène très réussie je trouve du discours de Greta Thunberg à l’ONU il y a quelques semaines, vidéo jointe à ce post.
Bien que violente elle est mobilisatrice. J’en suis émue, mais encore plus motivée pour accomplir ce travail entièrement bénévole que constitue la militance.
Parmi d'autres faits marquants de mon enfance, Anne Frank et son Journal ont nourri la militante en moi, celle qui choisit la plupart du temps de s’exprimer plutôt que de se taire.
Cela fait longtemps que je voulais la remercier sans pour autant revenir à la Shoah, car en écoutant les médias j’avais parfois l’impression agaçante que la perversion et le mal s’étaient arrêtés avec Hitler, ce qui est malheureusement faux depuis toujours. Ce discours est moins audible maintenant, sûrement l’histoire actuelle est-elle suffisamment violente pour nous donner du nouveau grain à moudre.
Quoi qu'il en soit, Greta Thunberg ainsi et tout.es les adolescent.es qui s’expriment aujourd’hui dans le monde, me donne l’occasion de montrer ma reconnaissance à Anne Frank.
Je me vois lire le journal intime de cette ado fauchée en plein envol, et le relire encore, à 12 ans me semble-t-il pour la première fois.
Elle a mis des mots sur ma souffrance d’adolescente, m’a permis de la relier au monde, ce qui selon Boris Cyrulnik constitue la grande force de résilience de la militance.
Je rajouterai : à condition que les liens, émotionnels en particulier, soient faits avec notre histoire.
Comme dans toutes les relations - de couple, d’amitié, de famille, de travail - notre relation avec le monde exige de faire ce retour sur soi et avec l’autre.
Cela permet de transformer la violence en affirmation créative.
Car militance vient de militaire, étymologiquement le soldat.
Il y a ainsi dans le mot même de militance la notion d’une violence à intégrer. Militer sans violence, c’est comme être un guerrier de la paix, c’est un oxymore, c’est-à-dire une "ingénieuse alliance de termes contradictoires" nous dit Alain Rey dans son dictionnaire historique de la langue française.
Pas besoin de militance dans le monde parfait et omni-bienveillant de progrès et croissance continus et illimités pour tous, où les temporairement plus riches/forts que nous ne veulent que nous faire plus vite accéder à leur paradis universel ... voudrait-on nous faire croire.
Alors même que ces plus riches/puissants sont en train de se prévoir des retraites en masse dans les régions les moins soumises au bouleversement climatique que leur activité hors limites a engendré.
Allons, allons, nous disent-ils pour les plus polis déjà rares, on vous laisse vous exprimer, que voulez-vous de plus ?
Que cette expression ait un impact peut-être ?
Qu’elle ne soit pas juste un rond dans l’eau ?
Ce matin sur France Inter Mario Vargas Llosa prix Nobel de littérature 2010 disait de mémoire qu’écrire pouvait créer une révolution, bien que celui ou celle qui écrit n’en a pas conscience.
Il parlait de la littérature qu’il considérait comme plus opérationnelle que les essais, et c’est vrai que je crois de plus en plus à la fiction pour changer les choses.
Elle provoque une ouverture de l’imaginaire et une baisse des défenses là où les discours ou réflexions même scientifiques, bien qu’indispensables, mobilisent tout de suite la force d’opposition, sauf chez les déjà convaincu.es.
Force d’opposition qui peut être pensée rationnelle, violence émotionnelle ou physique, voire les trois ensemble.
A mi-chemin entre les deux, il y a le témoignage. Il mobilise l’émotion et donne confiance en l'homme et en l'action. Anne Frank et à Greta Thunberg ont changé le monde avec les leurs.
Mais il faut davantage.
Car la capacité des dirigeants politiques et encore plus économiques de notre planète à noyer dans l’eau polluée les quelques poissons survivants est hallucinante, il faut bien le dire.
Et pendant ce temps-là :
People are suffering,
People are dying,
HOW DARE YOU ?
A noter : pas de traduction en français, mais il y a parfois des messages qui transcendent la tour de Babel ! A noter aussi : ceux qui n'aiment pas les basses s'abstenir !