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HOW DARE YOU ? Greta "Thunder" Thunberg, arrièrepetite-fille spirituelle d’Anne Frank ?

par Marie-José Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , Des livres profonds ... comme une psychothérapie ! , Heureusement il y a des gentils ... , Malheureusement tout est vrai !

HOW DARE YOU ?

Comment osez-vous ?

Greta Thunberg, arrièrepetite-fille spirituelle d’Anne Frank ?

 

Attention militance !

 

Un billet d’humeur rapide suite à la mise en scène très réussie je trouve du discours de Greta Thunberg à l’ONU il y a quelques semaines, vidéo jointe à ce post. 

Bien que violente elle est mobilisatrice. J’en suis émue, mais encore plus motivée pour accomplir ce travail entièrement bénévole que constitue la militance.

Parmi d'autres faits marquants de mon enfance, Anne Frank et son Journal ont nourri la militante en moi, celle qui choisit la plupart du temps de s’exprimer plutôt que de se taire.

Cela fait longtemps que je voulais la remercier sans pour autant revenir à la Shoah, car en écoutant les médias j’avais parfois l’impression agaçante que la perversion et le mal s’étaient arrêtés avec Hitler, ce qui est malheureusement faux depuis toujours. Ce discours est moins audible maintenant, sûrement l’histoire actuelle est-elle suffisamment violente pour nous donner du nouveau grain à moudre.

Quoi qu'il en soit, Greta Thunberg ainsi et tout.es les adolescent.es qui s’expriment aujourd’hui dans le monde, me donne l’occasion de montrer ma reconnaissance à Anne Frank.

Je me vois lire le journal intime de cette ado fauchée en plein envol, et le relire encore, à 12 ans me semble-t-il pour la première fois. 

Elle a mis des mots sur ma souffrance d’adolescente, m’a permis de la relier au monde, ce qui selon Boris Cyrulnik constitue la grande force de résilience de la militance.

Je rajouterai : à condition que les liens, émotionnels en particulier, soient faits avec notre histoire. 

Comme dans toutes les relations - de couple, d’amitié, de famille, de travail - notre relation avec le monde exige de faire ce retour sur soi et avec l’autre. 

Cela permet de transformer la violence en affirmation créative.

Car militance vient de militaire, étymologiquement le soldat. 

Il y a ainsi dans le mot même de militance la notion d’une violence à intégrer. Militer sans violence, c’est comme être un guerrier de la paix, c’est un oxymore, c’est-à-dire une "ingénieuse alliance de termes contradictoires" nous dit Alain Rey dans son dictionnaire historique de la langue française. 

Pas besoin de militance dans le monde parfait et omni-bienveillant de progrès et croissance continus et illimités pour tous, où les temporairement plus riches/forts que nous ne veulent que nous faire plus vite accéder à leur paradis universel ... voudrait-on nous faire croire. 

Alors même que ces plus riches/puissants sont en train de se prévoir des retraites en masse dans les régions les moins soumises au bouleversement climatique que leur activité hors limites a engendré.

Allons, allons, nous disent-ils pour les plus polis déjà rares, on vous laisse vous exprimer, que voulez-vous de plus ?

Que cette expression ait un impact peut-être ? 

Qu’elle ne soit pas juste un rond dans l’eau ?

Ce matin sur France Inter Mario Vargas Llosa prix Nobel de littérature 2010 disait de mémoire qu’écrire pouvait créer une révolution, bien que celui ou celle qui écrit n’en a pas conscience.

Il parlait de la littérature qu’il considérait comme plus opérationnelle que les essais, et c’est vrai que je crois de plus en plus à la fiction pour changer les choses. 

Elle provoque une ouverture de l’imaginaire et une baisse des défenses là où les discours ou réflexions même scientifiques, bien qu’indispensables, mobilisent tout de suite la force d’opposition, sauf chez les déjà convaincu.es. 

Force d’opposition qui peut être pensée rationnelle, violence émotionnelle ou physique, voire les trois ensemble.

A mi-chemin entre les deux, il y a le témoignage. Il mobilise l’émotion et donne confiance en l'homme et en l'action. Anne Frank et à Greta Thunberg ont changé le monde avec les leurs.

Mais il faut davantage.

Car la capacité des dirigeants politiques et encore plus économiques de notre planète à noyer dans l’eau polluée les quelques poissons survivants est hallucinante, il faut bien le dire. 

 

Et pendant ce temps-là :

People are suffering,

People are dying,

HOW DARE YOU ?

 

Anne Frank à l'école Montessori dans Wikipedia.

Anne Frank à l'école Montessori dans Wikipedia.

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Nique la technique ?

par Marie-José Sibille

publié dans Le quotidien c'est pas banal , Alterégales

Nique la technique ?

 

Depuis hier il y a une grosse machine devant ma maison. 

Cette grosse machine s’appelle une pelleteuse. Elle ressemble à une girafe basse sur pattes qui aurait la gueule d’un tyrannosaure. 

Une part de moi, sûrement très jeune, se demande toujours comment une machine pareille peut exister. Pourtant on n’était pas si mal dans nos grottes à cueillir nos fruits et à manger l’un ou l’autre lapin, en relative sécurité car c’était bien après la disparition des tyrannosaures. Mais la pelleteuse a fini par sortir de la tête de quelqu’un. Un homme pour ne rien vous cacher, les femmes étant coincées dans la grotte pour assurer la survie de l’espèce.

Tout a commencé avec la roue. L’arrivée de la technique. Ce monde d’hommes et de machines. Grand sujet pour les femmes que celui de l’appropriation de la technique. Entre 80 et 98% des ingénieurs sont des hommes, ça dépend des secteurs, le pire étant l’informatique. Terrible quand on voit à quel point cette « tech » comme ils disent dirige notre vie. C’est aussi pour cela que les appareils ménagers, conçus jusqu’ici par des hommes, sont souvent à côté de la plaque (à induction). La prise n’est jamais au bon endroit, et je viens de subir une agression majeure de la part de mon dernier extracteur de jus dont le bol a explosé. Quant à mon congélateur, il faut que je le décolle du mur et que je vienne avec une lampe de poche pour régler la température ... Nous nous sommes déjà séparés du sèche-linge qui rétrécissait agressivement tous les habits qu’on lui confiait, alors même que nos enfants grandissaient à vue d’oeil, il n’avait rien compris.

Mais après tout se dit une autre partie de moi plus grande, cette machine, la pelleteuse, est là pour de bonnes raisons. Pas pour détruire la forêt amazonienne. Mais pour arranger le trou qui existe déjà devant la maison et en faire une mare. Une mare c’est sympa. Il va y avoir des crapauds, dont les crapauds accoucheurs qui chantent la nuit le bonheur de porter leurs bébés sur le dos, des grenouilles, des libellules et des tas d’autres bestioles rigolotes et indispensables à la survie de la planète.

Donc c’est une gentille machine. 

Mais je n’y peux rien. J’imagine toutes les petites bêtes, les petites fleurs, les brins d’herbe que les grosses roues vont écraser, déranger au mieux, tuer au pire. J’imagine tous les campagnols ayant fait leur nid au fond du trou qui vont y finir enterrés vivants. Comme des fosses communes dans trop de guerres dans le monde. Je suis comme ça. J’ai une imagination galopante. Et peut-être exagérée. Mais. Je vais rester planquée dans mon bureau pendant toute la durée heureusement courte des travaux. 

Je culpabilise aussi un peu. Je me dis qu’on aurait pu s’y coller avec mon compagnon. Lui au fond du trou avec la pioche et la pelle. Moi au bord avec les seaux que j’irais vider au fur et à mesure à quelques dizaines de mètre de là. On en aurait juste eu pour trois ou quatre ans vu notre emploi du temps quotidien. Mais ça nous aurait fait les muscles et les poumons. 

Comme ces enfants en Afrique, ceux qui vont piocher au fond du trou les métaux rares dont sont faits nos portables. 

Il y en a plein qui survivent. 

Patte de tyrannosaure, Béarn, année 2019.

Patte de tyrannosaure, Béarn, année 2019.

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