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on peut choisir sa famille

APPRIVOISER LA NUIT

par Claire Sibille

publié dans Adopter sa famille , Ecothérapie , Le quotidien c'est pas banal ! , On peut choisir sa famille

APPRIVOISER LA NUIT

Quelques éléments pour mieux vivre le Solstice d’hiver

 

Cette nuit, c’est le solstice d’hiver, la nuit la plus longue de l’année.

C’est le temps, ou plutôt c’était le temps avant les écrans, des histoires contées au coin du feu…

Alors commençons par l’une d’entre elles, qui nous vient de très loin dans l’espace et le temps, d’un lieu où notre Noël chrétien n’a jamais existé.

La vieille femme et la lampe

Un soir, le bouddha devait parler sur une montagne. Une foule immense l’attendait. Comme la nuit tombait, chacun alluma une lampe pour l’accueillir. Une vieille femme arriva, portant une lampe de taille et de qualité bien inférieures à toutes les autres car elle était très pauvre, elle avait été jusqu’à vendre ses cheveux pour pouvoir acheter un peu d’huile pour sa petite lampe. Une tempête se leva soudain. Elle éteignit toutes les lampes, exceptée celle de la vieille femme : du fait de sa petite taille, elle avait été protégée, et sa flamme restait seule à briller dans l’obscurité. Le bouddha prit alors la lampe et ralluma une à une toutes les autres, puis il dit : « Tant qu’il restera une étincelle, toutes les lampes pourront être rallumées ».

Je vous laisse interpréter vous-mêmes de mille et une façons le message de cette parabole. Mais la lumière qui va renaître dans la nuit du solstice est effectivement une toute petite étincelle.

Le solstice représente un des quatre moments essentiels du cycle de l’année. Est-ce utile de le fêter ? Dans la vie quotidienne, encore plus dans ces périodes de surconsommation, nous nous laissons souvent prendre dans le temps qui passe et se disperse à la poursuite d’objectifs, essentiels ou secondaires, qui nous paraissent suffisamment importants pour oublier notre origine et notre fin. Ce temps qui passe, qui use, qui nous fait vieillir quand on en a la chance, et un jour mourir, les anthropologues des religions l’appellent le temps profane. Étymologiquement le temps « hors du temple ». Mais il existe un autre temps, qu’ils appellent le temps sacré. Le sacré, étymologiquement « séparé, à l’intérieur du temple », peut tout à fait être vécu de manière laïque et non religieuse, comme un état de conscience intime, porteur de sens et de conscience. La nature nous le montre à travers le renouvellement cyclique de ses saisons. Nous pouvons tous le percevoir dans certains instants émotionnellement chargés. Ils paraissent durer une éternité, ou même nous projeter en dehors du temps. Alors que les journées passées sous le poids de la charge mentale, émotionnelle et physique de la vie quotidienne, même si elles sont lourdes à porter, semblent défiler à toute allure.

Dans le monde humain, ce temps nous est régulièrement rappelé à travers l’enchaînement des fêtes. Ces fêtes ont été reprises par la société de consommation, l’équivalent actuel de notre religion dominante, et le sens profond en a pratiquement disparu. Sauf peut-être à Noël, version chrétienne du solstice d’hiver, à cause de la dimension de la famille et de l’enfance. Mais l’équinoxe de Printemps (Pâques), le solstice d’été (Saint Jean) et encore plus l’équinoxe d’automne ont quasiment disparu de nos mémoires collectives en ce qui concerne leur symbolique et l’opportunité qu’ils donnent de faire un arrêt sur images et se poser quelques questions essentielles. Ne parlons pas des fêtes intermédiaires.

C’est dommage, car la rupture que permet le vécu de ce cycle, et la fête qui y est associée dans toutes les civilisations quels que soient le lieu et l’époque et la religion, c'est à-dire, étymologiquement, la manière de se relier à l'autre et à l'univers, permettent une ouverture de conscience, voire l’irruption d’un autre monde, d’un autre état de conscience. Si nous pouvons ressentir individuellement cet autre temps dans la communion avec la nature, dans l’art, dans l’amour, dans des pratiques de méditation, la fête a en plus une dimension collective. Elle rythme le temps, lui donne un sens, un axe, et lui permet par là-même de devenir nourriture de la conscience.

Une fête se vit en trois temps, comme une valse : la préparation, le vécu, la réintégration dans un quotidien régénéré.

Alors, avons-nous bien préparé le solstice d’hiver ? Où Noël si cela vous parle plus ?

Le temps de l’Avent recouvre la période des quatre semaines précédant et préparant Noël. Associé au signe astrologique de feu du Sagittaire, il nous permet, comme ce grand voyageur sur son cheval, de nous dépouiller petit à petit de tout ce qui n’est pas essentiel. Dans la nature, les dernières feuilles encore accrochées aux arbres sont obligées de lâcher prise. Légèrement en contradiction avec notre vécu moderne de cette période… Cet éternel errant trouvera-t-il enfin, dans la nuit du solstice, l’étable où se poser après avoir parcouru le monde ? L’Avent, c’est l’avant, le temps de la préparation et de l’espérance. Mais c’est aussi l’aventure, la plongée dans l’inconnu, dans les ténèbres de l’inconscient où rodent les ombres et les démons. Et c’est encore l’avenir, qui nous faut accueillir en nous dépouillant, car comment remplir d’eau claire une coupe déjà pleine de tout un passé d’eau stagnante. Cette eau stagnante qui a marqué le mois de novembre.

Dans certaines régions et pays du Nord, on a gardé la couronne de l’Avent faite de branches de sapin et de houx, symboles de la victoire de la vie par leurs feuilles persistantes. Elle porte quatre bougies que l’on allume à tour de rôle chaque dimanche précédant Noël pour soutenir le soleil dans son combat contre la nuit. Au solstice, à minuit, le soleil est au plus bas de son cycle. L'homme a peur qu'il ne puisse plus remonter, et vient l’angoisse ancestrale qu’il meure et disparaisse, d’où les lumières qu’il nous faut allumer pour l’aider, des bougies et un feu de cheminée, c’est mieux et plus écologique !

Si la conscience du temps est indispensable, l’organisation d’un espace dédié, lieu de la fête, ne l’est pas moins. La profusion de Noël nous a fait oublier que le lieu symbolique du solstice, dans notre civilisation chrétienne, est l’étable. Un lieu chaleureux certes, mais simple, où l’on garde la conscience du froid qui règne dehors et de ceux qui n’ont pas trouvé d’abri. C’est un lieu toujours ouvert à l’autre, l’étranger, celui qui passe, et qui pourra dormir dans le foin.

Diverses traditions nordiques ont survécu dans notre façon d’organiser Noël.

Le sapin de Noël : les Celtes et les civilisations nordiques pré-chrétiennes nous ont légué ce sapin, roi de la forêt hivernale, axe du monde reliant le ciel et la terre, symbole de la victoire de la vie par ses feuilles persistantes. Décorons-le d’abord de ciel : guirlandes argentées rappelant la Voie lactée, boules dorées pour les planètes, sans oublier l’étoile qui montre le chemin. Puis décorons-le de terre : bonbons, fruits, blé, objet en paille montrant l’abondance de notre Terre, et la générosité qui consiste à donner sans rien attendre en retour, donner simplement car c’est naturel.

Dans le solstice chrétien, le bœuf et l’âne qui entourent la crèche montrent le chemin de l’humilité liée à notre condition d’être terrestre, car humilité vient d’humus, la Terre Noire. Le nouveau-né est à la fois le symbole de l’extrême faiblesse mais aussi de toute la force du renouveau. Les parents veillent, protègent, nourrissent, accueillent. Et les rois mages montrent que tout le pouvoir de la terre ne peut que s’incliner face à ce mystère de la vie et de la renaissance de la lumière. D’ailleurs les bergers nous rappellent cette vocation de nomades, de passants sur la terre.

Chez les peuples nordiques, la bûche était mise à brûler pendant la nuit du solstice. Puis sa cendre servait comme protection contre les incendies, les esprits, les sorciers. Elle était aussi utilisée pour aider à la fécondation du jardin potager et du verger. Chez les germains, on appelait cette nuit le soir du bois qui brûle. Ce n’est pas beau ?

Que vient faire le Père Noël dans tout ça ? Reprise américaine de Saint-Nicolas, le patron des enfants, et plus anciennement du dieu Janus des Romains (qui a donné le mois de janvier), il vient nous rappeler le poids et le sens de nos actions. Janus avait deux visages, un tourné vers le passé, l’autre vers l’avenir. De même Saint-Nicolas est accompagné du père fouettard, ou Vieux bonhomme hiver, qui vient nous débarrasser un peu brutalement du poids de nos erreurs passées. Nous trouvons une variante féminine du Père Noël avec Sainte Lucie, toujours précédée de son double obscur, Vieille dame la sorcière. Ces vieillards symbolisent aussi la nécessaire transmission au vivant qui renaît.

Dès l’aube suivant la nuit du solstice, cette année dans la nuit du 20 au 21 décembre, les nuits diminuent pour laisser de plus en plus de place à la lumière, lumière qui n’aurait pas pu naître si cette nuit obscure ne l’avait accouchée. En accompagnant les cycles de l’année, l’homme devient acteur, il devient un allié du vivant. Alors entre deux paquets à mettre au pied du sapin, le ménage, la préparation des repas, l’accueil des proches, garder un œil sur notre petite bougie intérieure peut faire partie de la liste infinie des tâches qui nous incombent si nous sommes en famille. Au minimum pour ne pas oublier de prendre soin de nous et ne pas finir les vacances aussi raplapla que le soleil...

Joyeuse fin d'année !

 

 

Deux nuits avant le solstice 2022

Deux nuits avant le solstice 2022

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Le traumatisme : sortir du déni !

par Claire Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , La psychothérapie - de quoi ça parle , Le métier de Psychothérapeute , On peut choisir sa famille , Fiction

Le traumatisme : qui n'est pas concerné ?

La sortie du déni : une étape essentielle et douloureuse

 

Une xième étude de l'Université de Lille sur sa population étudiante, trouvée dans le journal Le Monde du 25/11/21, nous dit que plus de 64 % des 1215 étudiants interrogés rapportent avoir été victimes de violences sexuelles depuis l’âge de 15 ans, près de 78 % des femmes et 27 % des hommes. Chiffres qui peuvent paraître ahurissants, mais qui sont le reflet de notre société.

Je me rappelle un des groupes de psychothérapie que j'animais, où une des participantes était gênée de dire qu'elle n'avait connu aucune violence sexuelle... Et encore nous sommes en France. L'intérêt des études de ce genre est de montrer que ce comportement n'est pas l'apanage d'une quelconque "racaille", nos ministres, députés et autres animateurs de télévision ne diront pas le contraire, mais concerne l'ensemble de la population. Et que l'homosexualité n'est pas non plus à l'abri des dérives du "masculin toxique".

Il y a quand même quelque chose de positif, nous sortons du déni. Quand je dis "nous", c'est la toute petite frange de la population qui s'intéresse à la réflexion sur ces questions. Car comme le dit très bien la journaliste Anne Rosencher : "notre conversation publique est un vase-clos pour diplômés autocentrés". Quelque chose que je ressens trop dans la littérature, elle a juste oublié "parisiens" ! Or il faut parler, partout, de ce que subissent les femmes, les enfants et une partie des hommes non négligeable. C'est la grande motivation qui m'a conduite à l'écriture de ce recueil, dans toute sa complexité car associant fiction, articles, liens utiles et illustrations, fruit de trente ans d'expérience d'accompagnement du psychotraumatisme. Car au-delà des violences sexuelles, il y a toutes les autres, qui ne sont pas moins traumatisantes. Un enfant qui assiste aux coups que son père ivre donne à sa mère, une petite fille humiliée en classe par un maître rigide qui n'a rien à faire devant des enfants, les coups bien sûr, mais aussi les mots, les insultes, le dénigrement systématique... Sans parler des angoisses de fin du monde par la guerre ou la pollution.

Que faire de cette rage ? La transformer en violence et devenir soi-même un élément "toxique" de la société ? C'est la réponse la plus fréquente. La retourner contre soi dans un processus d'auto-destruction qui peut prendre toutes les formes, jusqu'au suicide ?

Ou la transformer en créativité et en pouvoir d'action ?

Se sentir bien, ce n'est pas nier le réel en plongeant dans la "psychologie positive" et le "feel good story".

Se sentir bien c'est regarder le monstre dans les yeux et ne pas se laisser sidérer. La mythologie, que j'utilise dans mon recueil, nous raconte l'histoire de Méduse et de Pégase, son fils, le cheval ailé, qui nait de l'affrontement du traumatisme par le héros Persée, quand celui-ci tranche la tête de la Gorgone. Évidemment, j'interprète ce mythe à la lumière de la psychotraumatologie mais il veut dire beaucoup, surtout quand on sait que Méduse, celle qui transforme celui qui la regarde en pierre, a été elle-même victime de viol.

Je vous invite donc à travers la lecture de ce recueil, à regarder Méduse au fond des yeux, lui trancher la tête, et vous envoler tel Pégase sur les ailes de la créativité.

Claire Sibille

Écrivaine, psychothérapeute

Dernières parutions :

Inventaires (2022), un roman écoféministe

Le jeûne, une thérapie des émotions ? (2021)

Juste un (très) mauvais moment à passer (2022)

Le dessin illustrant un des articles du recueil "Juste un (très) mauvais moment à passer !"

Le dessin illustrant un des articles du recueil "Juste un (très) mauvais moment à passer !"

Quatrième de couverture :

Survivre à l'enfance et à l'adolescence, ce n'est pas simple. Ces nouvelles noires, illustrées et augmentées de ressources et références, nous font partager les vies difficiles de personnages vivants et attachants : Sonia, Bastien, Tom et les autres. Leurs souffrances, leurs émotions, leur vitalité et leur combativité nous plongent au coeur de l'expérience traumatique. Vivre sa différence sexuelle, subir un viol, l'inceste, souffrir de boulimie et d'obésité, être maltraité au quotidien et s'en sortir ou, devenue adulte, souffrir d'une dépression post-partum, sont quelques-unes des épreuves qu'ils doivent traverser. L'auteure, par ailleurs psychothérapeute, se consacre à l'évolution du lien familial et la résilience possible suite aux graves traumatismes que les adulte font trop souvent subir aux enfants. Elle puise dans sa vie personnelle et professionnelle les ressources proposées pour que ces histoires ne soient, pour celles et ceux qui les vivent, que... ...Juste un (très) mauvais moment à passer ! Deuxième édition corrigée et augmentée

Quelques commentaires : C’est bien et efficace ! Vivant, conscient et ressourçant. Magnifique écriture....

OÙ TROUVER LE LIVRE : JUSTE UN (TRÈS) MAUVAIS MOMENT À PASSER ?

Sur les librairies en ligne, par exemple à la FNAC : Juste un (très) mauvais moment à passer ! ou sur le site des librairies indépendantes : https://www.placedeslibraires.fr/livre/9782322456666-juste-un-tres-mauvais-moment-a-passer-nouvelles-noires-et-ressources-pour-en-sortir-illustr-claire-sibille/

Chez votre libraire sur commande.

Localement, à l'Escapade à Oloron et prochainement au centre Leclerc d'Oloron et à l'Escampette à Pau.

Prochaine dédicace :
SAMEDI 22 OCTOBRE DE 15H à 18H
CENTRE CULTUREL LECLERC D'OLORON SAINTE-MARIE
Dédicace du roman "Inventaires" et du recueil "Juste un (très) mauvais moment à passer"

 

 

 

Juste un (très) mauvais moment à passer :

De quoi ça parle ?

Condensé de la table des matières

 

Les thèmes abordés et les ressources, les titres des nouvelles :

L’inceste : LE PIED DANS L’ENGRENAGE et  OÙ IL EST PAPA ?

L’orientation sexuelle : GAY PRIDE

Article : La part du lion (1) : Le traumatisme, qui n’est pas concerné ?

L’alcoolisation des jeunes : JAMAIS DEUX SANS TROIS

La fin de vie en lien avec les traumas de l’enfance : LA PASSEUSE

Les troubles alimentaires de l’enfance et de l’adolescence : UN APPÉTIT D’OGRE

Article : Raconter des histoires ? Mais quelles histoires ?

La maltraitance dans les familles bourgeoises : LES BRUTES

La maltraitance par les tiers extérieurs à la famille : LES BONNES

Article : La Part du lion (2) : Le traumatisme, un grand sujet

Le Viol : URGENCE

Les problèmes de la maternité en lien avec les traumas de l’enfance : BABY BLUES

Article : Bien après les coups … la résilience !

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