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on peut choisir sa famille

INSOUMISES

par Claire Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , On peut choisir sa famille

INSOUMISES

Claire Sibille

Psychothérapeute, écrivaine

 

Résumé : Un peu en décalage avec la fête des mères, je voudrais écrire aujourd’hui sur ces violences quotidiennes faites au corps des femmes, autour et sous prétexte d’accompagner leur fécondité, que celle-ci débouche ou non sur une grossesse, je veux parler des violences gynécologiques et obstétricales. Et d’une alternative « féconde », celle des Maisons de Naissance.

Pour moi ça a commencé tôt. Premières règles à 11 ans chez le coiffeur de ma mère. Je ressens encore la chaleur moite, très réchauffement climatique avant l’heure, et les odeurs de produits chimiques supposés nous rendre belles. Terrassée de douleur, je m’évanouis. Démarrage du rituel bouillotte-paracétamol-trois jours au lit, qui me suivra jusqu’à ce que je prenne la pilule et quand je ne la prendrais plus, l’endométriose et le SPM (syndrome pré-menstruel) n’étaient pas tendance dans les années 70. Mais au moins j’étais au courant, on parlait de « ça » dans la famille. Ça continue à 14 ans par la violence d’une gynéco qui, après m’avoir initiée brutalement au spéculum, me fourre un miroir entre les cuisses sans me demander mon avis, pour m’expliquer les choses de la vie… Là on touche un sujet dont je parlerai un autre jour, mais qui me préoccupe tout autant, la violence des femmes faites aux femmes, et la manière dont certaines - trop - semblent avoir pour unique mission de perpétuer un patriarcat pur et dur, des fidèles encore plus fanatiques que leurs maîtres. Bon, je vous passe la suite, une longue série d’expériences médicales sanguinolentes et douloureuses, parfois assorties de jugements et de commentaires révoltants, je ne les tolérerai pas pour mes filles, tout est dit. Parfois une exception, comme ce médecin compatissant et respectueux de mon corps, un homme, lors d’une fausse couche tardive qui m’a amenée aux urgences. C’est aussi un homme médecin, Martin Winckler, qui a écrit le livre « le chœur des femmes » sur le sujet des violences médicales faites aux femmes. Il en a été tiré une très belle bd dont je vous donne les références à la fin.

En parallèle à la lecture de ce livre, une amie sage-femme m’a fait découvrir qu’une autre approche était possible, celles des Maisons de Naissance, mais qu’elle est trop souvent lourdement combattue par les pouvoirs en place. Comme la psychothérapie indépendante et les médecines naturelles. Tous ces professionnels respectent pour la plupart, pas tous c’est vrai, les apports indéniables de la médecine allopathique, mais se retrouvent mis au banc de la société normale. Le monde des gens bien qui acceptent de se bourrer de petites pilules de l’enfance à la mort tout en autorisant les pires abus sur leur corps, surtout les femmes, c’est prouvé statistiquement. Confiance en l’institution peut-être, manque d’affirmation face au Docteur, certainement. Une dernière anecdote me concernant, j’ai dû lutter face à la gynécologue qui voulait enlever mon utérus, ce sac à œufs qui ne me servait à rien (SIC). Ouf, je l’ai toujours, j’ai fini par apprendre à dire non.

L’approche douce et naturelle de la grossesse, de l’accouchement et de la maternité est privilégiée dans les Maisons de Naissance, ce qui n’empêche pas de faire appel à l’hôpital partenaire si les choses tournent mal. C’est un grand débat, noyé dans la masse des urgences sociétales auxquelles nous devons faire face aujourd’hui si nous ne sommes pas dans le déni.

La maternité, et la parentalité d’ailleurs, est un fait total, comme disent les sociologues. Elle présente des aspects biologiques, psychologiques, sociaux et ontologiques. C’est dur de voir qu’encore au 21ème siècle on a encore du mal avec cette approche complexe, et que les discours « tout bio », « tout social », « tout inné », « tout acquis », donc des pensées dualistes et clivées, ont encore de beaux jours devant elles avec tout ce que ça implique de jugement pour celles et ceux qui ne veulent pas rentrer dans ces moules, aussi ouverts, voire révolutionnaires, semblent-ils. Regardons par exemple le titre d’une émission de France Inter : « L'instinct maternel : une vaste supercherie, finalement assez récente ». Ce n’est qu’une émission parmi des tas d’autres qui diront le contraire, c’est normal. Mais ce genre de titre accrocheur dénie le vécu intime de beaucoup de femmes dans le souci légitime d’en déculpabiliser d’autres. Le problème étant comme toujours de se poser en dogme sous prétexte de science.

Les maisons de naissance luttent pour exister en France, mais aussi au Québec, comme vous le découvrirez dans le super roman « Les Insoumises » que je vous partage aussi en fin d’article. Elles sont un des lieux qui redonnent le pouvoir aux femmes sur leur corps, c’est-à-dire avant tout la confiance dans leur ressource. Elles donnent aussi toute leur place aux sages-femmes, ce métier si particulier qui permet une approche complexe et globale de la naissance. 

Mon amie me disait que beaucoup de médecins obstétriciens annoncent à la femme enceinte : « je vais vous accoucher » comme si c’était eux qui faisaient le travail, manifestant ainsi leur pouvoir, et trop souvent ils le font d’ailleurs, à travers des décisions par toujours justifiées autour des césariennes et autres actes chirurgicaux plus ou moins agressifs et traumatisants. Pour avoir accompagné bon nombre de femmes victimes de ce genre de pratiques et de dires abusifs, je ne peux que témoigner des souffrances émotionnelles en plus des blessures physiques que cela provoque.

Lors d’une discussion avec une jeune obstétricienne, j’ai pu entendre en direct le refus, la méfiance, la difficulté à perdre le contrôle et à n’intervenir que quand la situation le demande vraiment, en cas de grave problème. Cette jeune femme affirmait un non sans nuances aux Maisons de Naissance. Dommage, et preuve que ce n’est pas toujours une question d’âge et de génération.

Je termine avec une remarque écoféministe. La réappropriation de notre corps de femme, ne plus le laisser être un objet aux mains de médecins plus ou moins compréhensifs (je sais qu’il y en a de remarquables, je partage souvent leurs écrits), va de pair avec la réappropriation de la Nature par elle-même, ce que l’on appelle la Libre Évolution. La nature est perçue comme un objet exploitable par l’écrasante majorité des dirigeants mondiaux actuels, et un bon nombre des habitants de la planète.

Si nous ne changeons pas cela d’urgence, l’accouchement sera vraiment difficile…

 

Documents joints :

- Deux livres à lire d’urgence, surtout si vous êtes enceinte !

- Un superbe témoignage d’une sage-femme travaillant dans une maison de naissance. À lire absolument, … surtout si vous êtes enceinte !

- Toujours de la même personne qui a déménagé du Tarn à la Bretagne, une pétition pour soutenir une maison de naissance.

- Protégeons le Vivant : Un recueil bénévole pour soutenir la Nature en libre évolution.

Une bien belle BD, d'utilité publique, tirée du roman du même nom écrit par le médecin Martin Winckler.

Une bien belle BD, d'utilité publique, tirée du roman du même nom écrit par le médecin Martin Winckler.

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APPRIVOISER LA NUIT

par Claire Sibille

publié dans Adopter sa famille , Ecothérapie , Le quotidien c'est pas banal ! , On peut choisir sa famille

APPRIVOISER LA NUIT

Quelques éléments pour mieux vivre le Solstice d’hiver,

une étape essentielle du Calendrier du Vivant

 

Cette nuit, c’est le solstice d’hiver, la nuit la plus longue de l’année.

C’est le temps, ou plutôt c’était le temps avant les écrans, des histoires contées au coin du feu…

Alors commençons par l’une d’entre elles, qui nous vient de très loin dans l’espace et le temps, d’un lieu où notre Noël chrétien n’a jamais existé.

La vieille femme et la lampe

Un soir, le bouddha devait parler sur une montagne. Une foule immense l’attendait. Comme la nuit tombait, chacun alluma une lampe pour l’accueillir. Une vieille femme arriva, portant une lampe de taille et de qualité bien inférieures à toutes les autres car elle était très pauvre, elle avait été jusqu’à vendre ses cheveux pour pouvoir acheter un peu d’huile pour sa petite lampe. Une tempête se leva soudain. Elle éteignit toutes les lampes, exceptée celle de la vieille femme : du fait de sa petite taille, elle avait été protégée, et sa flamme restait seule à briller dans l’obscurité. Le bouddha prit alors la lampe et ralluma une à une toutes les autres, puis il dit : « Tant qu’il restera une étincelle, toutes les lampes pourront être rallumées ».

Un message d'espoir très en phase avec l'actualité !

Le solstice représente un des quatre moments essentiels du cycle de l’année. Dans la vie quotidienne, encore plus dans ces périodes de surconsommation, nous nous laissons souvent prendre dans le temps qui passe et se disperse à la poursuite d’objectifs, essentiels ou secondaires, qui nous paraissent suffisamment importants pour oublier notre origine et notre fin. Ce temps qui passe, qui use, qui nous fait vieillir quand on en a la chance, et un jour mourir, les anthropologues des religions l’appellent le temps profane. Étymologiquement le temps « hors du temple ». Mais il existe un autre temps, qu’ils appellent le temps sacré. Le sacré, étymologiquement « séparé, à l’intérieur du temple », est une qualité du temps qu'il est bien inutile d'associer à une religion si vous n'en n'avez pas besoin. C'est un état de conscience intime, porteur de sens et de conscience. La nature nous le montre à travers le renouvellement cyclique de ses saisons. Nous pouvons tous le percevoir dans certains instants émotionnellement chargés, comme quand nous sommes amoureux. Ces moments paraissent durer une éternité, ou même nous projeter en dehors du temps. Alors que les journées passées sous le poids de la charge mentale, émotionnelle et physique de la vie quotidienne, même si elles sont lourdes à porter, semblent défiler à toute allure.

Dans le monde humain, ce temps nous est régulièrement rappelé à travers l’enchaînement des fêtes. Ces fêtes ont été reprises par la société de consommation, l’équivalent actuel de notre religion dominante, et le sens profond en a pratiquement disparu. Sauf peut-être à Noël, version chrétienne du solstice d’hiver, à cause de la dimension de la famille et de l’enfance. Mais l’équinoxe de Printemps (Pâques), le solstice d’été (Saint Jean) et encore plus l’équinoxe d’automne ont quasiment disparu de nos mémoires collectives en ce qui concerne leur symbolique et l’opportunité qu’ils donnent de faire un arrêt sur images et se poser quelques questions essentielles.

C’est dommage, car la rupture que permet le vécu de ce calendrier du vivant, et la fête qui y est associée dans toutes les civilisations quels que soient le lieu, l’époque et la religion, c'est à-dire, étymologiquement, la manière de se relier à l'autre et à l'univers, permettent une ouverture de conscience, voire l’irruption d’un autre monde, d’un autre état de conscience. Si nous pouvons ressentir individuellement cet autre temps dans la communion avec la nature, dans l’art, dans l’amour, dans des pratiques de méditation, la fête a en plus une dimension collective. Elle rythme le temps, lui donne un sens, un axe, et lui permet par là-même de devenir nourriture de la conscience.

Une fête se vit en trois temps, comme une valse : la préparation, le vécu, la réintégration dans un quotidien régénéré.

Alors, avons-nous bien préparé le solstice d’hiver ? Où Noël si cela vous parle plus ?

Le temps de l’Avent recouvre la période des quatre semaines précédant et préparant Noël. Associé au signe astrologique de feu du Sagittaire, il nous permet, comme ce grand voyageur sur son cheval, de nous dépouiller petit à petit de tout ce qui n’est pas essentiel. Dans la nature, les dernières feuilles encore accrochées aux arbres sont obligées de lâcher prise. Légèrement en contradiction avec notre vécu moderne de cette période… Cet éternel errant trouvera-t-il enfin, dans la nuit du solstice, l’étable où se poser après avoir parcouru le monde ? L’Avent, c’est l’avant, le temps de la préparation et de l’espérance. Mais c’est aussi l’aventure, la plongée dans l’inconnu, dans les ténèbres de l’inconscient où rodent les ombres et les démons. Et c’est encore l’avenir, qui nous faut accueillir en nous dépouillant, car comment remplir d’eau claire une coupe déjà pleine de tout un passé d’eau stagnante. Cette eau stagnante qui a marqué le mois de novembre.

Dans certaines régions et pays du Nord, on a gardé la couronne de l’Avent faite de branches de sapin et de houx, symboles de la victoire de la vie par leurs feuilles persistantes. Elle porte quatre bougies que l’on allume à tour de rôle chaque dimanche précédant Noël pour soutenir le soleil dans son combat contre la nuit. Au solstice, à minuit, le soleil est au plus bas de son cycle. L'homme a peur qu'il ne puisse plus remonter, et vient l’angoisse ancestrale qu’il meure et disparaisse, d’où les lumières qu’il nous faut allumer pour l’aider, des bougies et un feu de cheminée, c’est mieux et plus écologique !

Si la conscience du temps est indispensable, l’organisation d’un espace dédié, lieu de la fête, ne l’est pas moins. La profusion de Noël nous a fait oublier que le lieu symbolique du solstice, dans notre civilisation chrétienne, est l’étable. Un lieu chaleureux certes, mais simple, où l’on garde la conscience du froid qui règne dehors et de ceux qui n’ont pas trouvé d’abri. C’est un lieu toujours ouvert à l’autre, l’étranger, celui qui passe, et qui pourra dormir dans le foin.

Diverses traditions nordiques ont survécu dans notre façon d’organiser Noël.

Le sapin de Noël : les Celtes et les civilisations nordiques pré-chrétiennes nous ont légué ce sapin, roi de la forêt hivernale, axe du monde reliant le ciel et la terre, symbole de la victoire de la vie par ses feuilles persistantes. Décorons-le d’abord de ciel : guirlandes argentées rappelant la Voie lactée, boules dorées pour les planètes, sans oublier l’étoile qui montre le chemin. Puis décorons-le de terre : bonbons, fruits, blé, objet en paille montrant l’abondance de notre Terre, et la générosité qui consiste à donner sans rien attendre en retour, donner simplement car c’est naturel.

Dans le solstice chrétien, le bœuf et l’âne qui entourent la crèche montrent le chemin de l’humilité liée à notre condition d’être terrestre, car humilité vient d’humus, la Terre Noire. Le nouveau-né est à la fois le symbole de l’extrême faiblesse mais aussi de toute la force du renouveau. Les parents veillent, protègent, nourrissent, accueillent. Et les rois mages montrent que tout le pouvoir de la terre ne peut que s’incliner face à ce mystère de la vie et de la renaissance de la lumière. D’ailleurs les bergers nous rappellent cette vocation de nomades, de passants sur la terre.

Chez les peuples nordiques, la bûche était mise à brûler pendant la nuit du solstice. Puis sa cendre servait comme protection contre les incendies, les esprits, les sorciers. Elle était aussi utilisée pour aider à la fécondation du jardin potager et du verger. Chez les germains, on appelait cette nuit le soir du bois qui brûle. Ce n’est pas beau ?

Que vient faire le Père Noël dans tout ça ? Reprise américaine de Saint-Nicolas, le patron des enfants, et plus anciennement du dieu Janus des Romains (qui a donné le mois de janvier), il vient nous rappeler le poids et le sens de nos actions. Janus avait deux visages, un tourné vers le passé, l’autre vers l’avenir. De même Saint-Nicolas est accompagné du père fouettard, ou Vieux bonhomme hiver, qui vient nous débarrasser un peu brutalement du poids de nos erreurs passées. Nous trouvons une variante féminine du Père Noël avec Sainte Lucie, toujours précédée de son double obscur, Vieille dame la sorcière. Ces vieillards symbolisent aussi la nécessaire transmission au vivant qui renaît.

Dès l’aube suivant la nuit du solstice, cette année dans la nuit du 20 au 21 décembre, les nuits diminuent pour laisser de plus en plus de place à la lumière, lumière qui n’aurait pas pu naître si cette nuit obscure ne l’avait accouchée. En accompagnant les cycles de l’année, l’homme devient acteur, il devient un allié du vivant. Alors entre deux paquets à mettre au pied du sapin, le ménage, la préparation des repas, l’accueil des proches, garder un œil sur notre petite bougie intérieure peut faire partie de la liste infinie des tâches qui nous incombent si nous sommes en famille. Au minimum pour ne pas oublier de prendre soin de nous et ne pas finir les vacances aussi raplapla que le soleil...

Joyeuse fin d'année !

 

 

Deux nuits avant le solstice 2022

Deux nuits avant le solstice 2022

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