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Chroniques de la fin d'un monde. Partie 1.

par Claire Sibille

publié dans Le quotidien c'est pas banal !

S'il y a quelque chose que je trouve injuste c'est bien que les fidèles abonné.es de mon blog, auxquel.les je suis particulièrement reconnaissante de me lire, ne voient pas mes chroniques, beaucoup plus courtes que des articles, publiées sur Instagram et Facebook. Or le monde évolue, et pour une écrivaine obsessionnelle dans mon genre, cela me permet de m'exprimer tous les jours ou presque sur les sujets que vous lisez dans ce blog.

J'ai donc décidé de les regrouper par thème et de les partager ici. On commence ? Il y a 5 chroniques avec photos adaptées.

Chronique du jour 1.
J’écris à Biarritz. La mer. Chance de pouvoir m’échapper comme les oiseaux (presque) à mon gré, mais surtout au gré du vent et du soleil. N’étant ni une riche héritière, ni particulièrement douée pour les investissements rentables, j’ai construit cette chance au prix de pas mal d’insécurités, insupportables pour d’autres. Mais, là c’est magique, tout est justifié, et j’aimerai que mes photos puissent rendre hommage à cette nature. Ça viendra.
Par contre… 10° au-dessus des normales saisonnières et une eau tellement chaude que je sens à peine la différence entre l’air et l’eau.
Voilà pour la présence de ma copine grenouille rousse, celle dont la fable raconte que, mise dans de l’eau bouillante, elle va sauter. Mais si vous la mettez dans l’eau froide et que vous chauffez, elle va s’affaiblir, comme quand vous vous détendez enfin dans votre bain moussant. Et quand la température de l’eau devient mortelle, elle n’a plus la force de sauter.
Fable utilisée autant que celle du colibri par les écolos dont je suis, pour essayer d’enlever quelques briques au mur du déni qui protège la plupart de nos dirigeants et beaucoup trop de nos concitoyens.
Je viens à Biarritz depuis ma naissance, donc je peux dire que ce n’est pas normal à ceux et celles qui m’opposeront que c’est un classique de la côte Basque en septembre, et bientôt octobre, car cela va continuer. Oui, nous connaissons l’été indien. Oui je me suis déjà baignée en novembre et en février. Dans une eau très froide. Non, cette eau qui fait verdir de jalousie la Méditerranée encore plus que les algues, une telle eau n’est pas normale.
Alors je profite de ce paradis, parce je préfère nager avec les grenouilles plutôt que de m’étouffer en ville.
Mais quelque part au fond de moi, je tremble de chaud.
Je reegroupe les photos de chaque chronique...

Je reegroupe les photos de chaque chronique...

Chronique du jour 2.
Plage d’Ilbarritz.
Les gens sont bizarres. Extravagants ou incompréhensibles, mais non nuisibles, c’est comme cela que je les préfère.
Un homme nu marche le long de la mer tous les matins. Âgé, une peau uniformément caramel brûlé, il pourrait être un indien dans la forêt amazonienne. Aucun exhibitionnisme mais beaucoup de détermination. Il marche sous les regards indifférents ou compréhensifs, aucun gendarme ne vient l’arrêter.
D’autres passent la journée à la piscine du camping. Ils sont là quand je pars, quand je reviens, quand je repars, quand je reviens à nouveau. La mer est à quelques centaines de mètres mais ils ont le droit. Après tout, j’aime bien les mares à crapauds. Mon compagnon doit m’empêcher d’y plonger. On ne sait jamais, les pluies ne sont plus ce qu’elles étaient.
Je suis pour quelques jours dans un petit mobile-home. Je n’ai jamais aimé ça, j’ai l’impression d’être dans un Tupperware.
Mais toutes les tentes étaient prises par des bandes de jeunes, évadés de l’école, de la fac ou du boulot. Beaucoup de familles avec de jeunes enfants aussi. Un vent de liberté. La mer fin septembre n’est plus réservée aux retraités, aux rentiers ou aux nomades.
Le soir, des pique-niques s’organisent un peu partout. Je ne sais pas pourquoi, mais cela me fait penser à un Carnaval, une révolution, un changement en marche.
Car on est hors-saison.
Ils sont bizarres.

Ils sont bizarres.

Chronique du jour 3.
Aujourd’hui sur la plage, j’ai nourri un goéland tout blanc, j’ai observé un noir corbeau sur un rocher au bord de la mer, c’était comme voir une mariée dans un cimetière, anachronique. J’ai compté les dizaines de randonneurs qui traversaient la plage pour rejoindre le sentier côtier avec leur sac et leurs grosses chaussures. 33 degrés, je me sentais bien incapable de longer la mer sans plonger dedans et je ne les enviais pas. À force de les compter, j’ai pu m’endormir quelques instants.
Je me suis réveillée au son des cris des enfants. Ils criaient de joie, ils criaient pour exister, pour être vus, Maman, Papa regardez ce que j’ai trouvé ! Je me suis demandée à quel âge on arrête de crier de joie, à quel âge on commence à crier sur les autres, à crier de colère, à crier de douleur, en oubliant les cris du plaisir d’être en vie.
J’ai observé de près un rocher que j’ai appelé Lampedusa.
Il était recouvert de centaines de petits crabes qui cherchaient à s’abriter, de milliers de coquillages et de mini-moules de quelques millimètres de longueur. Tant d’habitants différents sur un si petit espace ! D’ailleurs savez-vous que les moules se cherchent et se regroupent volontairement au même endroit ? Elles se déplacent grâce à leur pied unique et tissent sans cesse des filaments pour s’accrocher les unes aux autres, et au rocher.
Une belle image de solidarité et de partage de l’espace vital.
Lampedusa

Lampedusa

Chronique du jour 4. Des déchets et des hommes.
Petite, je voyais ma mère ramasser les coquillages désertés par leurs habitants sur la plage. Une forme de squat ! Et mon père fouillait la Terre du Béarn et d’ailleurs pour dénicher fossiles et autres dents d’ours. Je suis donc une glaneuse.
Voici la récolte de mon séjour à Ilbarritz, pourtant plage remarquablement propre.
Chaque photo est le fruit de 10 minutes de ramassage en revenant de la baignade. Particulièrement fière du mocassin, du gant de cuisine et des plus de 100 cotons tiges qui sont la plaie des poissons et autres tortues de mer. Je suis très loin de les avoir tous pris, malgré l’aide de mon compagnon le dernier jour… S’il-vous plaît, arrêtez les coton-tiges ou alors prenez-en des compostables dont vous nourrirez vos plantations. Vous pouvez aussi vous en servir pour allumer le feu. Quant à la petite voiture, j’ai décidé de la garder par respect pour l’enfant qui l’a construite, très loin d’ici, et pour l’enfant qui l’a perdue. Elle ira rejoindre les jouets destinés à leurs frères et sœurs que j’accueille en thérapie. J’étais la seule à faire ce ramassage, comme quoi les « petits gestes », dont le seul mérite par rapport aux enjeux actuels, j’en ai conscience, est de booster l’estime de soi, ne se sont pas encore généralisés.
Un homme m’a regardé en rigolant. « Ça nettoie, on dirait ? ». J’ai expliqué. « Ah oui, c’est vrai, il y en a trop qui s’en foutent ». Vous noterez, dans ce passionnant dialogue, l’usage immodéré des « on », des « ça » et des « ils », ces petits mots dépersonnalisants que les psys désignent comme la signature du déni.
Pauvres tortues, elles ont encore de longs jours de coton-tiges au menu devant elles !
Chroniques de la fin d'un monde. Partie 1.

Chronique du soir 5. Un air de fin du monde. 
Un public nombreux est venu voir, samedi dernier, le coucher de « la star » par excellence. Avec mon amoureux, j’aime l’appeler mon amoureux comme si nous avions 7 ans et une balade main dans la main comme seul objectif à court et long terme, avec mon amoureux donc, nous avons trouvé un coin pas trop encombré. Il y avait quand même du monde sur la butte choisie, au sud de Biarritz. Des gens de toutes générations, avec ou sans pique-nique, avec ou sans enfants, avec ou sans amoureux. Nous avons tous les deux repensé à l’éclipse totale de lune que nous avions été voir à Étretat en 2011. Le même silence malgré le monde. Les mêmes oiseaux qui arrêtent leur vol et se taisent. Et là, la chaleur inhabituelle, 35 degrés fin septembre. Une magie et une beauté absolues, celles de la Nature, teintées d’une pointe d’anxiété, comme une attente. 
Nos ancêtres, avant qu’ils ne remplacent l’intelligence animale par celle de l’homme, craignaient que le soleil ne revienne jamais quand il se « couchait » le soir. Ils ont compris l’importance de se relier à la Nature par les rituels. Appartenir, participer, accompagner. 
Nous assistons à la fin d’un monde. Plus ou moins conscients, plus ou moins actifs pour accélérer sa mort ou au contraire préparer la naissance du nouveau. 
Mais parfois, comme ce soir devant la mer nous pouvons juste contempler et espérer.

Pour le final...
Pour le final...
Pour le final...

Pour le final...

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UN ÉNORME COUP DE COEUR !

par Claire Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre !

JUSTE UN (TRÈS) MAUVAIS MOMENT À PASSER :
Un énorme coup de cœur pour ce recueil !
(Par "Les Lectures de Maryline", correctrice certifiée)

Le gouvernement a accepté de nommer l'inceste pour la première fois dans un "clip choc" qui passera partout à partir du 21 septembre. Le harcèlement scolaire, dont on parle aussi beaucoup, en est souvent un dégât collatéral, de même que le viol, l'alcoolisme ou la prise de drogues des jeunes. 1/10, 2/10, 3/10... Les chiffres français sont effrayants, et ne disent rien du cumul des traumatismes sur la même personne.

Cela fait des années, des décennies, que je lutte contre le déni, avec bien d'autres professionnels, avec bien d'autres victimes de l'un ou l'autre de ces maux. Car c'est vital d'ouvrir la parole, il le faut, mais il faut aussi des décisions et des moyens pour faire face. Le #MeToo en est la preuve, les féminicides et les violences faites aux femmes ne diminuent toujours pas, malgré la parole libérée. 118 femmes assassinées en 2022, dont un tiers avait porté plainte ! Déjà 78 en 2023. Et 2 enfants meurent chaque jour en France des suites de maltraitance (voir le site de l'association l'Enfant bleu, ci-dessous.

Dans ce recueil de nouvelles noires illustrées, entièrement revu, complété de plusieurs nouvelles et mis à jour en août 2023, j'ai mis mon expérience personnelle, ainsi que mon expérience professionnelle de psychothérapeute à travers les sources de résilience proposées. Je parle aussi de thérapies post-traumatiques efficaces comme l'EMDR ou l'art-thérapie. D'ailleurs beaucoup des commentaires que vous lirez sont issus de collègues. Le dernier, que je vous livre aujourd'hui, est écrit par une chroniqueuse professionnelle dont j'apprécie beaucoup l'authenticité  ! Il se trouve, heureusement pour moi, qu'elle a beaucoup aimé !

L'auto-édition a permis de faire ce mélange de fiction et d'essai, introuvable dans l'édition classique. En vous le procurant, vous ne me rendrez pas riche, loin s'en faut, mais vous lutterez aussi contre le déni encore si présent, tout en passant, je l'espère, un très bon moment de lecture. Et je recevrais avec plaisir tous vos commentaires.

Les dessins de Liane Langenbach, qui a également réalisé la couverture, illustrent remarquablement les nouvelles.

Faites défiler les photos. Chronique détaillée de mon recueil de nouvelles pour sortir du déni et trouver des ressources.
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Faites défiler les photos. Chronique détaillée de mon recueil de nouvelles pour sortir du déni et trouver des ressources.

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