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Je pars jeûner, quel régal !  Descente alimentaire jour 1.

par Marie-José Sibille

publié dans Je suis psy mais je me soigne !

Je pars jeûner, quel régal !  

 

Descente alimentaire jour 1:

Tout est dans tout et donc je suis dans tout

 

 

Je suis loin d’être une ascète, j’ai plutôt tendance aux excès. 

Ça tombe bien, le jeûne est un excès. 

Un excès de manque, un excès de vide, mais un excès.

Le tout est de savoir pourquoi nous commettons nos excès.  

Par masochisme, culpabilité, mortification, compensation ? 

En conséquence incontrôlable de traumatismes non résolus ? 

Par révolte contre les pouvoirs dominants ? Jeûner pour le climat, la planète, la paix dans le monde, c’est quand même plus facile que de s’immoler par le feu devant le Sénat, non ?

Mais peut-être est-ce que je jeûne pour me sentir encore plus en lien avec l’univers, vous savez, comme l’alcool qui socialise ou le LSD qui rend mystique, un truc du genre …

Ou encore par respect de mes besoins profonds, par harmonie avec la Nature et ses cycles, pour ouvrir de l’espace à l’empathie, à la créativité, à l’autre qui n’est pas du même ?

Voir même par jouissance ?

Sans même parler de la santé, première motivation du jeûneur BCBG.

C'était une des trois motivations principales de mon premier jeûne, avec traverser un deuil difficile et me retirer du rythme du monde, incluant celui, souvent tyrannique, des trois repas par jour.

 

Quelles que soient les multiples et complexes raisons qui nous poussent à le faire, cet excès qu'est le Jeûne provoque inévitablement chez certaines personnes en vue le besoin de moraliser, faire la leçon, gronder et conseiller, souvent dans le déni ou l’ignorance de toutes les expériences humaines et scientifiques compilées depuis des millénaires : 

  • Ça ne sert à rien à part à se faire du mal, nous disent-ils, l'index pointé sur notre poitrine. Mieux vaut se gaver d’anti-inflammatoires et d’anti-dépresseurs, ça au moins ça ne fait pas de mal, ne puis-je m’empêcher de leur répondre sournoisement.
  • C’est dangereux pour la santé, rajoutent-ils, moins que les pesticides autorisés, les perturbateurs endocriniens et les visites du weekend aux restos malbouffe du coin dans un nuage de microparticules, mais bon …
  • Ça augmente les troubles du comportement alimentaire, assènent-ils enfin, pour nous faire culpabiliser devant l’image de gamines anorexiques se transformant deux ans plus tard en montagnes de graisse, ou l’inverse, moi qui croyais que la pub pour les sodas et les chips dès l’âge de six mois, et la pression des grands trusts alimentaires associée à celle, opposée, de l'industrie de la beauté en étaient la cause, quelle ignorance … 

Les plus lucides ou les plus cyniques, et ceux qui vivent, parfois en toute bonne conscience, de l’entretien de nos maux chroniques et maladies du siècle, finissent par conclure et penser sans le dire : et puis on ne sait jamais, la plupart des personnes finiraient par se passer de médecins et de labos pharmaceutiques jusqu’à point d’âge, la Sécu serait florissante et ses fonds seraient consacrés à l’éducation à la santé et même à l’amour, tiens.

On pourrait maintenir les personnes âgées dans un environnement chaleureux et serein, voire même chez elles, avec suffisamment de personnel pour qu’une infirmière ou un aide-soignant puisse passer une heure à discuter avec la dame qui va juste mourir, là, la nuit prochaine.

La Sécu servirait aussi à la prise en charge efficace des personnes handicapées, au soutien réel des professionnels du service public en prise avec les maux de notre société pour leur éviter le burn-out.

Tout ça au lieu de rembourser les petites pilules et les gros bobos issus de la malbouffe et de l’environnement toxique en regardant s’agrandir le gouffre de la dette, ce serait terrible !

En effet … 

Et surtout vous risqueriez de perdre votre emploi, mais  l’installation en agriculture bio est très tendance et bien soutenue … Et vous pouvez aussi vous recycler dans les huiles essentielles …

 

D’autres vont s’inquiéter pour moi, des proches ou des sensibles qui n’ont pas encore vécu cette expérience. C’est plutôt sympa, puisqu’en tant qu’adulte autonome je peux prendre l’inquiétude de l’autre comme un câlin verbal et une preuve d’affection sans être pour autant obligée de ne pas oublier ma petite laine en sortant (ouf!).

 

Et donc oui je repars pour mon quatrième jeûne, prévu cette fois-ci d’une durée de neuf jours, précédé de quatre jours de descente alimentaire.

Et cela tombe à mon insu en plein dans le cycle du Carême chrétien.

A mon insu mais à ma grande joie, car je suis convaincue de la puissance des rituels qui se calquent sur les rythmes profonds de la Nature, et tel est celui du Carême et de Pâques.

 

A mon insu parce que même si je connais et pratique ce calendrier du vivant depuis longtemps, je n’y pensais pas au moment du choix, mes pragmatiques critères de décision étant :

  • Est-ce que les enfants seront suffisamment autonomes dans leurs besoins régaliens de : chauffeurs, cuisiniers, personnel de ménage et autres livreurs de courses ? A leur âge, une bonne moitié de ces emplois de service sont gérés par eux-mêmes, vive l’adolescence, l'autre moitié en charge de mon compagnon. Mais  je laisse un trou quand même, me semble-t-il.
  • Je n’ai pas à m’inquiéter, c’est déjà pas mal, pour les deux chiens, la chatte et la cobaye, intégré(e)s dans la maison … Mais est-ce que les outsiders que sont les deux ânes, la chèvre naine, la poule auront leurs foin, graines, eau … sans oublier les oiseaux du jardin qui ont encore besoin de graines et de gras à cette époque de l’année ? Bref est-ce qu’ils ne vont pas toutes et tous être obligé(e)s de jeûner en même temps que moi ?
  • Est-ce que les personnes que j’accompagne en thérapie ne vont pas se sentir trop abandonnées ? Ou bloquées dans leur épanouissement personnel ? Ou se sentir déconsidérées ? Voire même mise en danger ? Mais non voyons. 
  • Est-ce que la tonne de papiers administratifs en retard que j’ai laissée dans mon bureau, par exemple la comptabilité et la déclaration d’impôts, une semaine de boulot, va pouvoir rester calme et ne pas déclencher des hurlements qui vont réveiller tous les contrôleurs/inspecteurs/redresseurs dans un rayon de cent kilomètres à la ronde ? Je pourrais toujours discuter, ce sont des êtres humains quand même !  
  • Et question subsidiaire, quand je vais revenir avec un emploi du temps équivalent au votre, où vais-je caser ce retard accumulé ? Nulle part, il faut lâcher prise, tout ne sera pas fini au moment de ma mort.

En fin d’hiver dans une société pré-technologique les travaux des champs sont au plus bas, et les ressources alimentaires aussi. C’est donc un temps béni pour s’échapper un tout petit peu des contraintes du quotidien. 

C’est ainsi que le besoin vital que je ressens depuis quelques semaines va une fois de plus de pair avec ce calendrier naturel. 

J’ai pu constater aujourd’hui que je vais commencer à jeûner mercredi prochain, le mercredi des Cendres, premier jour du Carême et du cycle de Pâques. Et la fin de mon expérience complète, incluant la reprise alimentaire, sera le dimanche avant Pâques, celui des Rameaux. 

Comment alors ne pas se sentir reliée ?

 

Reste la question de la semaine de vide entre le dimanche des Rameaux et celui de Pâques.

Comment vais-je la remplir ?

Peut-être par six jours d’entrainement intensif pour une sacrée fiesta ?

 

 

Des fleurs modernes qui ont bien pris leurs pilules de pesticides, au bout de 48h.

Des fleurs modernes qui ont bien pris leurs pilules de pesticides, au bout de 48h.

Je pars jeûner, quel régal !  Descente alimentaire jour 1.

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La Pleine Lune illumine les ombres

par Marie-José Sibille

publié dans Le quotidien c'est pas banal

La Pleine Lune illumine les ombres

 

Demain, la Pleine Lune de février va illuminer le ciel et faire scintiller la neige sur les Pyrénées. 

Demain, l’éclipse de lune va en intensifier les effets déjà puissants. 

Pour celles et ceux qui habitent dans la Nature, entendez comme le cri des chouettes est plus clair, plus puissant, plus impératif, entendez comme il vous invite à mettre le nez dehors et à tourner le regard vers le ciel.

On peut se demander comment des hommes qui reconnaissent l’influence, pour certains même l’omnipotence, de l’environnement socio-culturel sur le développement personnel et le déroulement d’une vie, comment ces mêmes hommes dénient toute influence possible aux cycles naturels, à commencer par le cycle de la Lune ou celui des saisons, celui de notre climat de vie ou celui du mois de notre naissance par exemple. 

Une des réponses paraît évidente : ils ont si durement conquis la raison qu’ils ne veulent pas régresser à l’état d’hommes primitifs, et encore moins à celui de « bonne femme » confite de croyances et de superstitions, celle dans les jupes desquelles ils ont peut-être grandi … Et il y a ces femmes aussi, souffrant du même rationalisme, mais encore plus féroces que les hommes, car ayant dû en plus conquérir leur place en renonçant définitivement à les porter, ces jupes …

Et pourtant. Rationalisme n’est pas raison. Et encore moins intelligence et complexité.

Une nuit de Pleine Lune, il y a fort longtemps de cela - peut-être une de ces nuit de Sabbat de sorcières, en pleine Inquisition, une nuit où j’ai pu échapper au bûcher pour vous raconter cette histoire - cette nuit-là donc, j’ai pris un coup de lune, et j’ai pu sentir ses effets enivrants pendant bien des jours. Le tissu bleu nuit que j’avais avec moi avait complètement déteint au petit matin. 

J’ai dit récemment à quel point la littérature noire permet de sortir les ombres en pleine lumière, de dire ce que l’on préfère cacher ou ignorer pour éviter l’impuissance. 

La Pleine Lune aussi illumine les ombres. La Pleine Lune aussi peut nous écraser sous son poids de mystère.

Elle pousse dehors ce qui reste d’habitude inconscient : les rêves, les sensations profondes, les émotions retenues, les secrets cachés. 

Mais aussi les fous et les criminels, les vampires et les loups garous qui, en plus d’être de vrais troubles du comportement, voire d’authentiques pathologies organiques rarissimes, nous parlent de ces mondes ancestraux qu’il nous effraie tant d’évoquer en pleine nuit et que nous oublions très vite le jour venu. 

Elle pousse dehors aussi les bébés, qui sortent en hurlant de la nuit supposée paisible et nourricière du ventre maternel. 

Mais aussi le pouvoir des femmes, sommé de rester la plupart du temps dans l’ombre de celui des hommes si elles refusent de leur ressembler et de se plier à leurs règles. 

Alors oui, elle est difficilement acceptable dans notre monde hypermatérialiste cette Pleine Lune et ses pouvoirs secrets. 

Mais dites-moi, au moment où vous prendra l’obscurité profonde qu’on appelle la mort, préférez-vous l’avoir comme complice ou comme ennemie, cette Lune ronde et pleine ?

 

Presque Pleine Lune du 9 février ...

Presque Pleine Lune du 9 février ...

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