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le quotidien c'est pas banal

Le Hic ? C'est le plastique ...

par Marie-José Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , Le quotidien c'est pas banal , Malheureusement tout est vrai !

Le Hic ? C'est le plastique ...

Billet d'humeur maritime

(Mer post-réchauffement climatique)

Hier j'ai du changer la toile cirée en plastique transparent de ma logeuse où s'était incrustée une tâche d'encre impossible à effacer. Après avoir tout essayé, y compris le grattage à la lame de rasoir, j'ai dû me résoudre à  l'évidence, cette toile cirée était une toile cirée absorbante, transformant les tâches habituellement solubles dans l'eau en tâches indélébiles. Bref une toile cirée faisant de la résistance, refusant de jouer le rôle pour lequel elle a été conçue, presque une jeune indienne refusant le mariage à douze ans. Dans l'esprit j'approuve.

Dans les faits je suis obligée de quitter ma retraite d'écriture, je tiens à mon chèque de caution, pour entrer brutalement dans un monde de brutes, un moment brutal vous l'aurez compris. Je pensais que le pire jusque là était l'hypermarché où je me retrouve trop souvent encore pour remplir le frigo des ados. Et bien non. Maintenant quand j'irais à ...... ou chez ......, j'aurais l'impression bucolique d'aller faire mon marché sur la place du village.

J'entre dans un GIGANTESQUE hypermarché entièrement dédié à ce qu'ils appellent La Maison, on en trouve dans toutes les banlieues des magasins de cette marque, mais me semble-t-il plus petits (vus de l'extérieur). Leur maison s'apparente pour moi à une sorte de château Playmobil géant avec Mon Petit Poney au sommet de la tour principale. Ou encore une sorte de film d'horreur né d'un soir de cuite - pardon de brainstorming - entre Disney et Tim Burton. Mais je dois être bizarre parce que c'est plein de monde, des personnes âgées de 6 mois à 100 ans qui ont l'air d'être là PAR PLAISIR.

Une pointe de nostalgie pour ma grand-mère, je la revoie s'extasiant devant les boîtes et gadgets culinaires Tupperware qu'elle venait d'acquérir pour la sauver de l'esclavage ménager à la fin des années 60. Je me mets vite à l'abri de cette émotion qui m'aurait peut-être amenée à baguenauder dans les immenses rayons consacrés à ce genre d'ustensiles et je me faufile le plus rapidement possible vers le rayon qui me concerne, évidemment à l'autre bout de l'entrée.  J'ai l'impression sûrement exagérée par la vitesse que tout, absolument tout dans mon parcours est en plastique, à part quelques trucs se voulant tendance zen en bambou verni, les pires, et un rayon de luxe présentant quelques ustensiles de cuisine en métal. Même l'odeur que je respire est pleine de plastique coloré, du rose, comme ça, à l'instinct.

En sortant, j'ai la tentation de pincer la caissière pour m'assurer qu'elle n'est pas en plastique elle aussi, mais au dernier moment en me rendant la monnaie elle a un vague sourire humain et là il n'y a pas de doute, le plastique ne sourit pas comme ça.

Dans le parking, mon rouleau de toile cirée, ni toile ni cirée, sous le bras, je me suis sentie comme une tortue sous-marine ayant avalé un sac en plastique échouant sur la plage, d'où mon humeur maritime ....

Vais-je survivre à l'étouffement et à l'exposition massive aux perturbateurs endocriniens suite à ma plongée dans cet univers ?

Je vais poser la question à mon amie tortue ... avant qu'elle ne meure !

La nature en plastique ... même l'herbe !

La nature en plastique ... même l'herbe !

Pour d'autres articles du même genre dans mon blog, cliquez en haut de l'article sur les catégories : Le quotidien c'est pas banal, Cette société c'est la notre et Malheureusement tout est vrai.

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Fagot de bois vs iPhone 11 pro … Billet de réflexion sur la valeur et le prix, en période de haute consommation !

par Marie-José Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , Le quotidien c'est pas banal

Fagot de bois vs iPhone 11 pro …

Billet de réflexion sur la valeur et le prix, en période de haute consommation !

 

Ce matin, je remplis avec jouissance mon panier d’osier avec les branches de bois sec ramassées dans la forêt dont la charge m’a été confiée. 

Elle m’appartient paraît-il, quelle drôle d’idée. 

Je me sens plutôt l’esprit d’une indienne d’Amazonie chargée de chasser les chasseurs, nourrir les oiseaux, accueillir la famille blaireau ou écureuil, hululer en réponse de bienvenue aux chouettes et guetter la phase de la lune à travers les arbres pour sentir quelle énergie animera mes rêves de la nuit et mes émotions le jour venu. 

Mais bon, en France, être en charge des arbres, cela passe par le fait d’être propriétaire ou garde-forestier. 

Cette qualité de propriétaire me permet au moins d’en interdire - difficilement et avec de nombreuses démarches - l’accès aux chasseurs. Nous vivons sous la menace permanente d’amendes délirantes - j’ai entendu 400 000 euros par quelqu’un de très sérieux - si jamais un sanglier ayant trouvé refuge chez moi fonce en sortant dans une voiture qui passe par là. Heureusement le trafic n’est pas vraiment dense … Mais la menace répétée et la confusion assumée entre tuerie et bien public, ce qu’elle était d’ailleurs il y a quelques milliers d’années, ce qu’elle est encore à quelques milliers de kilomètres, semble bien dans l’esprit de la chasse …

Je ramasse donc du petit bois, le temps est sec et beau, l’air frais, le bois blanc glané au sol casse facilement, il va nourrir de belles flambées à commencer par celle de ce soir, où tout le monde sera là, autour du feu à sentir ce qu’est la chaleur.

Peu avant j’ai été contrainte – plein d’âmes bonnes conseillères et mauvaises payeuses dit le proverbe vont me reprocher un péché d’écologie quotidienne, et je ne doute pas de ma culpabilité – alors j’assume, j’ai choisi la facilité de foncer au supermarché du coin – il y a toujours un supermarché du coin dans notre société, c’est incroyable – pour faire les dernières courses que je n’ai pas su caser avant, et certes ce mot  de « courses » n’est pas anodin. 

Comme chaque année, même si j’ai l’impression que c’est de pire en pire - comment peut-il exister autant de sortes de médaillons de foie gras et de bouchées de saumon toutes prêtes et de terrines et de feuilletés - la surabondance alimentaire fait douloureusement écho au flash de France Inter qui me parle sur la route des 9 millions de pauvres dont 170000 sans abri en France, et de celles et ceux qui ne feront pas de réveillon « gras » pris qu’ils sont dans la lutte pour  revendiquer un minimum de justice sociale dans cette guerre des indigents contre les nantis totalement perdue par les premiers pour l’instant. 

Je dois changer de téléphone et bien que sachant que j’en achèterai un d’occasion, mes yeux sont attirés par les pubs des derniers smartphones, ceux qu’il faut à tout prix avoir pour se sentir être un peu.

Est-ce de la même façon que je me suis sentie être non pas un peu mais pleinement, en fagotant dans la forêt, de la même manière que mon arrière10 grand-mère sorcière devait le faire au Moyen-âge et déjà devant sa grotte ? 

Je ne sais. Je prendrai le temps de réfléchir aux objets qui peuvent nourrir mon être ou m’aider à me définir dans une phase de ma vie où je cherche à m’alléger d’eux justement.

En attendant je dois vivre avec le compromis permanent que réclame notre époque et notre lieu de vie occidental aussi longtemps que l’on conjugue vie professionnelle, sociale, et famille nombreuse pas encore autonome avec engagement écologique et social. 

Les questions se posent sans arrêt. Cet achat-là, oui :  je n’ai pas pu ou su anticiper suffisamment la commande de la volaille de Noël, je la prends dans les rayons « locaux » du supermarché en pensant à noter sur mon agenda 2020 que Noël en famille ça s’anticipe encore plus … Cet achat-là non : les brosses à dents en plastique et les dentifrices toxiques ne passeront plus par mon corps et mon porte-monnaie.

Ici j’ai le temps de passer trois heures à faire les courses dans une épicerie bio en vrac, là je dois faire face en urgence à une bande d’ados affamée à coups de pizzas (bios et locales !) surgelées …

Dix fois par jour en tant que mère, professionnelle, femme, je suis confrontée à ces choix.

Dix fois par jour j’y réponds au mieux de ce que je peux. 

Mais je suis sûre que si on me donne à choisir, là, entre l’IPhone 11 pro et la possibilité tant que je le peux de cueillir un fagot de bois dans « ma » forêt, je n’hésite pas une seconde.

C’est une question d’espérance de vie, au double sens de cette expression, qu’elle nous parle d’années en plus ou de sentiment intérieur, d’avoir ou d’être. 

L’espérance de vie de la forêt où j’habite est nettement plus longue que celle du smartphone le plus onéreux à l’obsolescence programmée malgré son prix indécent. 

La forêt quant à elle n’a aucune fin programmée. Je pense même qu’elle va survivre à la version la plus agressive, cruelle, avide de l’homme, celle que nous voyons s’épanouir partout aujourd’hui. Elle résistera à la forme prédatrice de l’humanité. J’ai du mal à appliquer ce terme de prédateur à l’homme par respect pour les prédateurs naturels, les tigres et les alligators, les lions et les aigles, auxquels nos prédateurs humains sont loin de ressembler. Ils n’en ont ni la beauté, ni l’utilité. Ils n’en ont gardé que la violence et la cruauté. 

Je fais donc le pari qu’ils auront disparu avant certains des arbres de la forêt qui nourrissent mon fagot. 

Contrairement aux dinosaures, je crois qu’ils n’auront pas besoin d’un météorite pour arriver à se détruire, ils y arriveront bien tous seuls, avec un certain nombre de dommages collatéraux. 

Pourtant aujourd’hui en voyant l’humanité ravager la biodiversité, on pourrait croire que Dieu a décidé de lâcher un troupeau de 100 lions mâles dans un parc de 10 gazelles. 

Mais ce n’est qu’une apparence me dit le fagot de bois, tranquille, utile, renouvelable à l’infini sans aucun dommage collatéral, en craquant gentiment sous mes doigts.

Fagot de bois vs iPhone 11 pro … Billet de réflexion sur la valeur et le prix, en période de haute consommation !

N'ayant pas écrit de nouvel article sur Noël cette année, voici le lien vers l'un d'eux pour les nouveaux adhérents à mon blog, celles et ceux de 2019, que j'en profite pour remercier ainsi que tou.te.s les autres de leur fidélité !

 

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