Le Hic ? C'est le plastique ...
Le Hic ? C'est le plastique ...
Billet d'humeur maritime
(Mer post-réchauffement climatique)
Hier j'ai du changer la toile cirée en plastique transparent de ma logeuse où s'était incrustée une tâche d'encre impossible à effacer. Après avoir tout essayé, y compris le grattage à la lame de rasoir, j'ai dû me résoudre à l'évidence, cette toile cirée était une toile cirée absorbante, transformant les tâches habituellement solubles dans l'eau en tâches indélébiles. Bref une toile cirée faisant de la résistance, refusant de jouer le rôle pour lequel elle a été conçue, presque une jeune indienne refusant le mariage à douze ans. Dans l'esprit j'approuve.
Dans les faits je suis obligée de quitter ma retraite d'écriture, je tiens à mon chèque de caution, pour entrer brutalement dans un monde de brutes, un moment brutal vous l'aurez compris. Je pensais que le pire jusque là était l'hypermarché où je me retrouve trop souvent encore pour remplir le frigo des ados. Et bien non. Maintenant quand j'irais à ...... ou chez ......, j'aurais l'impression bucolique d'aller faire mon marché sur la place du village.
J'entre dans un GIGANTESQUE hypermarché entièrement dédié à ce qu'ils appellent La Maison, on en trouve dans toutes les banlieues des magasins de cette marque, mais me semble-t-il plus petits (vus de l'extérieur). Leur maison s'apparente pour moi à une sorte de château Playmobil géant avec Mon Petit Poney au sommet de la tour principale. Ou encore une sorte de film d'horreur né d'un soir de cuite - pardon de brainstorming - entre Disney et Tim Burton. Mais je dois être bizarre parce que c'est plein de monde, des personnes âgées de 6 mois à 100 ans qui ont l'air d'être là PAR PLAISIR.
Une pointe de nostalgie pour ma grand-mère, je la revoie s'extasiant devant les boîtes et gadgets culinaires Tupperware qu'elle venait d'acquérir pour la sauver de l'esclavage ménager à la fin des années 60. Je me mets vite à l'abri de cette émotion qui m'aurait peut-être amenée à baguenauder dans les immenses rayons consacrés à ce genre d'ustensiles et je me faufile le plus rapidement possible vers le rayon qui me concerne, évidemment à l'autre bout de l'entrée. J'ai l'impression sûrement exagérée par la vitesse que tout, absolument tout dans mon parcours est en plastique, à part quelques trucs se voulant tendance zen en bambou verni, les pires, et un rayon de luxe présentant quelques ustensiles de cuisine en métal. Même l'odeur que je respire est pleine de plastique coloré, du rose, comme ça, à l'instinct.
En sortant, j'ai la tentation de pincer la caissière pour m'assurer qu'elle n'est pas en plastique elle aussi, mais au dernier moment en me rendant la monnaie elle a un vague sourire humain et là il n'y a pas de doute, le plastique ne sourit pas comme ça.
Dans le parking, mon rouleau de toile cirée, ni toile ni cirée, sous le bras, je me suis sentie comme une tortue sous-marine ayant avalé un sac en plastique échouant sur la plage, d'où mon humeur maritime ....
Vais-je survivre à l'étouffement et à l'exposition massive aux perturbateurs endocriniens suite à ma plongée dans cet univers ?
Je vais poser la question à mon amie tortue ... avant qu'elle ne meure !
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