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le quotidien c'est pas banal

Aurais-je le courage de mourir ?

par Claire Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , Je suis psy mais je me soigne ! , La psychothérapie - de quoi ça parle , Le quotidien c'est pas banal

Aurais-je le courage de mourir ?

 

Ce sont les mots qui me sont venus en cette période où Halloween, Samain, la Toussaint… tout le cycle de la nature du mois de novembre nous parle de ce passage obligé. Cela peut paraître bizarre de parler de courage, car justement je n’aurais pas le choix le moment venu.

Et à la fois, le travail thérapeutique sur la naissance nous montre l’importance de ce passage où l’on semble n’avoir aucun impact possible. L’expérience montre que la manière dont il est réalisé et accompagné, ainsi que l’existence d’une « intention » dans la manière dont le bébé vient au monde, intention ou juste élan vital je vous laisse choisir, ont un impact sur la vie. Il y a certainement de la même façon une manière de mourir qui peut prendre plus ou moins de sens. Beaucoup n’ont ni le choix, ni le temps, de se poser cette question. Alors je serai prudente. Mais questionnante et méditante.

Le travail de deuil, pour des raisons mutiples et complexes, a toujours fait partie de ma vie et de ma réflexion. Il est au centre de mon roman « Inventaires », et fait l’objet d’une des nouvelles de mon recueil « La Passeuse ». Je vous joins d’ailleurs la ressource associée, ainsi que les références d’un très beau roman japonais sur ce thème.

Les deuils que j’ai vécus ont la plupart du temps été des morts imparfaites, souffrantes ou solitaires, qui ne correspondent en rien à la mythologie de la mort exaltante que l’on trouve dans toutes les traditions. Et pourtant ces gens que j’aimais sont morts. Dans l’imperfection, la souffrance, la solitude. Ils ont quand même réussi à mourir. C’est rassurant.

Une des caractéristiques de notre modernité occidentale est d’être très pauvre en accompagnement de fin de vie ainsi qu’en rituels de passage, déjà pendant la vie, par exemple pour aider les adolescents et les jeunes à entrer dans l’âge adulte, ou encore pour marquer les différents cycles de la vie d’une femme, marqués au plus profond de son corps. Nombre d’autres moments, y compris celui de la mort, se font au petit bonheur la chance. Pour peu que vous soyez baptisés vous aurez toujours un prêtre et une bénédiction. Mais est-ce que cela vous suffit ?  Nombre d’auteur.es ont parlé de ce problème et la question de la fin de vie, déniée par notre société consumériste sauf dans l’obsolescence programmée des gadgets à nous vendre, revient régulièrement sur le devant de la scène, comme en ce moment pour la question du suicide assisté. Mais elle a très peu de réponses, voire même de questions. Il faut les chercher nous-mêmes.

Le cycle de la Nature, incarné par les quatre saisons de l’arbre, illustre pourtant à merveille l’importance de ces passages et l’existence d’une continuité, quelle que soit la forme que l’on peut lui imaginer en fonction de nos croyances. Le calendrier catholique aussi, en mettant le jour de la Toussaint juste avant celui des Défunts marque l’idée d’une continuité dans la transformation. L’Astrologie, ce langage de l’inconscient et du lien avec l’univers transmis à travers les âges, nous offre à méditer sous nos latitudes la symbolique du signe du Scorpion. Sa piqure mortelle nous rappelle notre impermanence, mais c’est aussi un signe d’eau, de l’eau stagnante ou pénétrante qui regorge de vie, telle la pluie de novembre. Elle favorise la transformation des corps en humus, gorgé de ressources pour les générations suivantes.

Reste la question essentielle de l’accompagnement. Qui sera là pour chanter et danser, prier et veiller notre corps, aider au passage en nous tenant la main ? Quelqu’un de vivant ? Quelqu’un de déjà mort nous attendant de l’autre côté ? Les deux pour les plus chanceux ?

On parle souvent de la nécessité d’allumer une lumière dans l’obscurité, c’est un des clichés les plus fréquents du « développement personnel ». Mais c’est aussi le résumé de tout le processus qui nous amène du mois de novembre, en passant par l’Avent, où chaque dimanche voit luire sa bougie supplémentaire, jusqu’à Noël, plus simplement le solstice d’hiver, où la lumière du jour recommence à croître.

Je préfère aujourd’hui croire que l’obscurité elle-même peut générer sa propre lumière. Une obscurité lumineuse, faisant écho à l’extrême luminosité de notre civilisation qui génère tant de noirceur.

Pour une question aussi essentielle les livres nous aident, mais pas que. Après la mort très imparfaite de ma mère, un rêve m’est apparu quelques mois après, un rêve tellement réel que je n’ai jamais douté qu’il était « vrai ». Elle s’envolait vers un ciel lumineux en me faisant un grand sourire et un signe de la main.

Nombreux sont les signes qui nous guident pour trouver le courage de mourir… en toute imperfection.

Claire Sibille

Écrivaine, Psychothérapeute intégrative

 

La colchique d'automne, un des symboles de l'obscurité lumineuse. Merci d'être autant présentes chez moi !

La colchique d'automne, un des symboles de l'obscurité lumineuse. Merci d'être autant présentes chez moi !

Un très beau roman sur la fin de vie d'une jeune femme. Beaucoup de ressources, de poésie, de réflexion.
Un très beau roman sur la fin de vie d'une jeune femme. Beaucoup de ressources, de poésie, de réflexion.

Un très beau roman sur la fin de vie d'une jeune femme. Beaucoup de ressources, de poésie, de réflexion.

Extrait des ressources de mon recueil de nouvelles "Juste un (très) mauvais moment à passer".

La nouvelle qui traite du deuil et de la fin de vie s'appelle "La Passeuse".

APRES-COUP NUMÉRO QUATRE

Mourir, un grand sujet

UNE ASSOCIATION

L’association pour le droit de mourir dans la dignité :

http://www.admd.net/

Extrait du texte fondateur :

« ... Mais le droit fondamental, duquel tous les autres découlent, le droit de mourir, n’est jamais abordé. Or, comment peut-on se dire libre et maître de son destin si l’on ne peut éviter la déchéance (de la fin de vie) ... Une visite à un « mouroir » est fortement recommandée à tous ceux qui ne veulent pas entrer dans la vieillesse à reculons. Je leur garantis ... une remise en question fondamentale comme l’est la présence de certaines maladies mentales ... Assumer sa vieillesse... Sur la vieillesse, notre esprit ne se nourrit que de quelques idées fermentées du XVIIIe siècle, nageant dans un bouillon de malaise, de peur et de honte louche. »

UN LIVRE QUI A BOULEVERSÉ LA FRANCE Les fossoyeurs, Victor Castanet, Fayard, 2022.

Sur le scandale des maisons de retraite Orpéa.

Aurais-je le courage de mourir ?

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Le Hic ? C'est le plastique ...

par Marie-José Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , Le quotidien c'est pas banal , Malheureusement tout est vrai !

Le Hic ? C'est le plastique ...

Billet d'humeur maritime

(Mer post-réchauffement climatique)

Hier j'ai du changer la toile cirée en plastique transparent de ma logeuse où s'était incrustée une tâche d'encre impossible à effacer. Après avoir tout essayé, y compris le grattage à la lame de rasoir, j'ai dû me résoudre à  l'évidence, cette toile cirée était une toile cirée absorbante, transformant les tâches habituellement solubles dans l'eau en tâches indélébiles. Bref une toile cirée faisant de la résistance, refusant de jouer le rôle pour lequel elle a été conçue, presque une jeune indienne refusant le mariage à douze ans. Dans l'esprit j'approuve.

Dans les faits je suis obligée de quitter ma retraite d'écriture, je tiens à mon chèque de caution, pour entrer brutalement dans un monde de brutes, un moment brutal vous l'aurez compris. Je pensais que le pire jusque là était l'hypermarché où je me retrouve trop souvent encore pour remplir le frigo des ados. Et bien non. Maintenant quand j'irais à ...... ou chez ......, j'aurais l'impression bucolique d'aller faire mon marché sur la place du village.

J'entre dans un GIGANTESQUE hypermarché entièrement dédié à ce qu'ils appellent La Maison, on en trouve dans toutes les banlieues des magasins de cette marque, mais me semble-t-il plus petits (vus de l'extérieur). Leur maison s'apparente pour moi à une sorte de château Playmobil géant avec Mon Petit Poney au sommet de la tour principale. Ou encore une sorte de film d'horreur né d'un soir de cuite - pardon de brainstorming - entre Disney et Tim Burton. Mais je dois être bizarre parce que c'est plein de monde, des personnes âgées de 6 mois à 100 ans qui ont l'air d'être là PAR PLAISIR.

Une pointe de nostalgie pour ma grand-mère, je la revoie s'extasiant devant les boîtes et gadgets culinaires Tupperware qu'elle venait d'acquérir pour la sauver de l'esclavage ménager à la fin des années 60. Je me mets vite à l'abri de cette émotion qui m'aurait peut-être amenée à baguenauder dans les immenses rayons consacrés à ce genre d'ustensiles et je me faufile le plus rapidement possible vers le rayon qui me concerne, évidemment à l'autre bout de l'entrée.  J'ai l'impression sûrement exagérée par la vitesse que tout, absolument tout dans mon parcours est en plastique, à part quelques trucs se voulant tendance zen en bambou verni, les pires, et un rayon de luxe présentant quelques ustensiles de cuisine en métal. Même l'odeur que je respire est pleine de plastique coloré, du rose, comme ça, à l'instinct.

En sortant, j'ai la tentation de pincer la caissière pour m'assurer qu'elle n'est pas en plastique elle aussi, mais au dernier moment en me rendant la monnaie elle a un vague sourire humain et là il n'y a pas de doute, le plastique ne sourit pas comme ça.

Dans le parking, mon rouleau de toile cirée, ni toile ni cirée, sous le bras, je me suis sentie comme une tortue sous-marine ayant avalé un sac en plastique échouant sur la plage, d'où mon humeur maritime ....

Vais-je survivre à l'étouffement et à l'exposition massive aux perturbateurs endocriniens suite à ma plongée dans cet univers ?

Je vais poser la question à mon amie tortue ... avant qu'elle ne meure !

La nature en plastique ... même l'herbe !

La nature en plastique ... même l'herbe !

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