Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Etre parents et homosexuels : les « psy » ont-ils à porter des jugements ?

par Marie-José SIBILLE

publié dans Cette société - c'est la notre !

La famille nécessite-t-elle un vrai Papa à zizi et une vraie maman à nénés, comme structure incontournable d’éducation d’un enfant ?

 

Voilà la nouvelle agora dans laquelle vitupèrent et dogmatisent certains psys médiatiques.

Le problème n’est pas bien sûr de parler du sujet de la parentalité homosexuelle, qu’elle soit adoptive, issue de la PMA ou autre solution. Le problème est l’éternelle confusion entre le jugement de valeur et l’expérience clinique, entre l’opinion et la complexité du réel.

 

Sur un sujet comme celui-ci comme sur tant d’autres, qu’est-ce qui fait réalité, qu’est-ce qui fait sens ? La complexité du vivant, qu’elle soit naturelle ou humaine ? Ou l’opinion dogmatique de quelques psys assis sur leur trépied œdipien ? Oedipe qui, trop souvent ramené au sens littéral le plus réducteur, perd son pouvoir fécondant pour la pensée.

 

Bien sûr ces tribuns réfuteront le terme d’opinion, et présenteront le fruit de leur pensée comme passé au crible de la Science et de l’amour de l’humanité.

 

Mais.

 

Quand on pense à toutes les manières dont les enfants ont survécu et survivent depuis la nuit des temps, quand on pense aux enfants loups, aux enfants élevés par leur grand-mère ou par une nourrice, aux villages africains, aux fratries résilientes, à toutes ces façons différentes, créatives, et souvent efficaces, de faire grandir un enfant ; quand on pense à tous les artistes, les génies ou simplement les gens heureux qui sont issus de ces formes familiales ; quand on pense en parallèle aux drames vécus dans les familles soi-disant plus normales, je me demande pour qui certains psys se prennent en se mêlant encore de définir les normes familiales. Les mêmes qui prédisent les pires malheurs aux familles adoptantes et aux familles monoparentales décrètent aujourd’hui l’insupportable désordre psychique induit par la parentalité homosexuelle, ne démontrant ainsi que la rigidité et la fragilité de leurs repères intérieurs. Ils font preuve a minima d’ethnocentrisme, donc simultanément d’égocentrisme et d’inflation du moi !

 

Puisqu’ils veulent des références scientifiques, ils ignorent encore apparemment celles concernant la théorie de l’attachement. Vous savez, celle où l’on voit des bébés oies s’attacher à un père humain, celle ou une maman lionne prend soin d’un bébé antilope, celle où la nounou africaine qui s’est occupée de moi depuis ma naissance a tellement plus d’importance dans ma construction psychique qu’un père toujours absent et une mère dépressive et infantile faisant le tour des boutiques de vêtements.

 

Est-ce un déni de réalité ? Est-ce la croyance – j’emploie volontairement ce terme – que toute famille qui ne répond pas au modèle œdipien (encore une fois interprété a minima sans aucune profondeur symbolique) est vouée à la Géhenne de l’archaïsme psychique et des pulsions anarchiques ?

 

Lire et entendre de tels mots chez des personnes qui sont censées faire un métier semblable au mien, basé d’abord et avant tout sur l’écoute empathique et le non jugement, paraît assez surréaliste. Mieux vaut lire un « vrai réac » en accord avec ses croyances que de lire des articles de psys qui font semblant de soutenir les homosexuels pour mieux leur dénier leur vrai droit de cité ; un peu comme les pseudos défenseurs des noirs et des femmes, qui militent pour qu’ils aient les mêmes droits qu’eux, à condition que le noir d’à côté n’épouse pas leur fille, ou que leur femme ne se mette pas en tête de gagner plus d’argent qu’eux.

 

C’est l’occasion de regretter encore une fois que les psychothérapeutes indépendants n’aient pas encore voix au chapitre dans les médias classiques, et encore moins les psychopraticiens. Trop d’entre nous n’ont pas encore trouvé le chemin pour mettre des mots écrits sur notre expérience quotidienne des corps, des émotions et des liens, pour mettre des mots sur nos pratiques un peu plus éloignées peut-être du savoir trop souvent dogmatique de la psychanalyse, et un peu plus proches de l’accueil quotidien. Du moins puis-je l'espérer.

 

Un des arguments massue depuis Dolto est qu’il faut « mettre l’enfant au centre » de la réflexion. Et les contradicteurs de l’adoption ou de la parentalité homosexuelle utilisent beaucoup des phrases comme : « et l’enfant dans ce débat ? », « et l’intérêt de l’enfant ? ». Comme j’ai eu l’occasion de le dire pour l’adoption, c’est très facile de parler à la place de l’enfant. Son nom l’indique étymologiquement[1], il ne parle pas, caractéristique qu’il partage avec Dieu et la Science. Ils sont donc nombreux ceux qui se précipitent pour être leur porte-parole officiel.

 

Osons donc encore une fois nommer la réalité : chacun a le droit d’avoir son opinion, mais ce n’est qu’une opinion, et non parole d’Enfance ou d’Evangile … !

 

Mettre l’enfant au centre peut consister à rappeler sans arrêt ce qui n’est pas acceptable : violences physiques et psychiques incluant la carence de soins, passages à l’acte sexuel, marchandisation. C’est-à-dire une variante des trois grands interdits de l’humanité : le meurtre, l’inceste et le cannibalisme. Cela est nécessaire et suffisant. Si l’on rajoute la déclaration des droits de l’enfant[2] (droit à avoir UNE famille, UNE éducation, …), ce n’est vraiment pas utile de rajouter quoi que ce soit : appliquons déjà ce qui existe. Tout le reste est une variation sur le thème de la liberté d’aimer, de la créativité éducative, de la remise en question quotidienne, avec ou sans l’aide d’une psychothérapie, de tous ceux qui ont pris l’engagement d’élever des enfants.

 

Les transformations sociales n’attendent heureusement pas l’aval des porteurs d’opinions pour se manifester et nous bouleverser. Elles n’attendent pas non plus leur aval pour porter des fruits bénéfiques ou néfastes, là encore peu importe ce qu’en ont dit les experts. Il suffit de lire les discours « d’experts » avec dix ans de recul - parfois moins - pour se rendre compte à quel point toute parole qui n’est pas basée sur la stricte transmission du vécu, tout discours qui n’assume pas d’être porté par un être humain limité par ses propres opinions et sa propre expérience, perd très vite toute valeur.

 

Bon courage donc, à toutes ces familles pionnières, à tous ces êtres qui, tout en mettant l’amour et le respect de l’autre au centre de leur vie, acceptent de sortir des schémas qui rentrent peut-être pile poil dans les triangles et les carrés, mais qui ont aussi produit les pires excès de la pédagogie noire dont parlait si bien Alice Miller.

 

 

 



[1] Infans : celui qui ne parle pas

 

 

Voir les commentaires

Comment vas-tu? Comme un lundi ...

par Marie-José SIBILLE

publié dans Le quotidien - c'est pas banal ...

Les jours de la semaine animent notre vie sociale et intérieure comme le font les saisons, les rythmes des planètes, la météo, les marées et les cycles de la lune ; les hommes robots enfermés dans la tour de verre et d’acier de la raison nient cette influence, cette interdépendance, mais ils n'ont fait que remplacer la lune et les marées par la bourse et les fluctuations du marché, à chacun ses divinités.

Les Dieux du calendrier sont pourtant là, présents, aidant les hommes et les femmes à danser leur semaine, à devenir maîtres de leur temps de vie.

Depuis « Un lundi au soleil », un rêve impossible puisque lundi est le jour de la lune, jusqu’à « Je hais les dimanches » tant ce jour du soleil, et donc de la famille patriarcale peut mettre en évidence l’isolement affectif, les chanteurs populaires ne s’y trompent pas. Ils nous parlent de ce qui nous parle, ils nous chantent des airs connus.

Les hommes politiques aussi d’ailleurs, qui s’essaient depuis les plus anciens des pharaons  à modifier le calendrier autant qu’à conquérir ou réorganiser le territoire. Et les entreprises qui depuis Coca Cola en passant par les cafés Grand-Mère essaient, avec succès la plupart du temps, d’imposer de nouvelles fêtes pour remplacer les saints patrons, sachant à quel point les jours de fête l’argent coule à flots d’autant plus qu’il est rare au quotidien.

Devenir créateur de son espace et de son temps ?  Une clé de la liberté. Vouloir maîtriser le temps et l’espace de l’autre ?  Une des définitions de la tyrannie.

Alors parcourons la marelle des jours de la semaine.

Lundi est le jour de la lune, celui où la plupart d’entre nous reprenons le travail ou l’école. La lune, servante du soleil ? La lune nous parle des humbles tâches du quotidien comme support de croissance personnelle et d’entretien de la vie : il faut planter les graines et couper les cheveux des femmes et les branches des arbres fruitiers selon les rythmes de la lune. Avez-vous déjà pris un coup de lune ? Moi oui. Et si pendant le jour, la lune se fait sage et canalise son énergie au service des autres, la nuit elle ne connaît plus que sa propre loi, celle de la folie, qui fait hurler les loups-garous et décoller des hordes de sorcières sur leurs balais magiques. Pour ceux qui dorment pendant la nuit, elle devient la maîtresse des rêves et des cauchemars. Ainsi va la lune, ainsi va la femme, vierge sage, vierge folle, palpitante et vivante, soumise aux marées mais faiseuse de tsunamis quand on la néglige trop. Ainsi la lune, gardienne de la nuit, fait référence au service souvent caché mais quotidien rempli par toutes ces femmes sans lesquelles le monde des hommes et ses jeux de pouvoir s’écroulerait comme un château de cartes. Car ce travail commence dans le ventre obscur de la mère.

Mardi est le jour de mars : bien nourris et remis en selle par le lundi, nous voilà prêts à relever tous les défis, à affronter tous les ennemis, à accomplir tous les projets. C’est le jour masculin par excellence, celui où il faut quitter le foyer, où les jupes de la mère se révèlent étouffantes ; le jour où il ne faut pas manquer l’école. Le jour dédié à la testostérone, à ses œuvres importantes, à sa liberté sauvage,  à ses excès coûteux, à sa violence débridée. Si vous vous sentez peu porté par les Ides de Mars, mieux vaut ne pas chercher le conflit ce jour-là ! Mars est un des rares Dieu à oser défier directement le pouvoir établi, celui de Jupiter, et à se révolter quand il ressent une injustice.

Mercredi arrive, porteur du caducée de Mercure : ce jour-là, les relations sont supérieures aux besoins du moi : c’est le jour des enfants, et celui des réseaux. C’est le jour où l’on prend soin les uns des autres, c’est donc le jour où les mères de famille, et de plus en plus les pères, sont souvent épuisés quand arrive le soir. C’est la mi-temps de la semaine. C’est le jour où l’on joue, ou l’on soigne, où l’on communique par-delà les conflits.

Jeudi, c’est Jupiter sur son trône, la planète qui veut se faire plus grosse que le soleil : c’est le jour des banquiers et des rentières, des actionnaires et des actionnés. Prenez le pouvoir, prenez votre place. Quand Jupiter s’écroule c’est le jeudi noir des crash boursiers.

Vendredi, Vénus nous ramène à l’intime, à l’art, à l’amour ou au plaisir. N’aimez-vous pas sortir le vendredi soir ? Regardez Vénus dans le ciel, si souvent accrochée au devant du croissant de lune comme un diamant au cou d’une belle de nuit. C’est le jour de la séduction. Au travail, l’approche du week-end rend l’ambiance plus légère. N’est-ce pas beau de terminer ainsi la semaine ?

Samedi est le jour de Saturne et le temps du Sabbat, le temps où l’on mesure le temps qui passe, le jour où l’on remet de l’ordre dans nos vies désorganisées par les excès des Dieux de la semaine. Plus beaucoup de sabbat et de remise en ordre intérieure pour nous les gens modernes ayant perdu la crainte des Dieux ; mais les contraintes de la vie transformées en plaisirs factices, les courses dans les supermarchés, les pubs de la télé et la dernière machine à la mode pour aider au ménage. Saturne nous apprend les limites imposées par la vie sociale et par la vie tout court. Qu’elle est vite dépensée, la paye du samedi ! Qu’elle est vite passée, la vie humaine ! C’est aussi le jour des bilans de conscience, le jour où l’on voit clair à l’intérieur, car le sabbat nous permet de voir cette autre lumière, en nous interdisant d’allumer la lumière extérieure. C’est ainsi que Saturne, en nous libérant du superflu, nous permet d’atteindre la joie profonde, la paix intérieure.

Et vient le Dimanche, le jour du soleil, réservé à la prière, à la famille, à la nature, au sport, à soi, en fonction de nos croyances et de notre style de vie. Un jour où dans notre civilisation et dans beaucoup d’autres, le travail est interdit.

Que ressentent ceux dont même ce jour n’est pas à l’abri de patrons tyranniques décidés à remplacer le soleil ?

Et chez vous, à qui appartient-il ce jour du soleil ?

Etes-vous sensible à l’ombre du dimanche soir, ombre d’autant plus forte que le soleil de midi a été lumineux ?

 

Passez quelques instants chaque matin à frapper dans les mains pour appeler le Dieu ou la déesse  du jour : peut-être ainsi vous protégera-t-il, mais surtout, vous apprendrez à mieux le connaître et votre journée n’en sera que meilleure !

Voir les commentaires