Comment parler d'amour aux enfants ...
Comment parler d'amour aux enfants grâce à "La famille Bélier" ...
Et de sexualité grâce à "50 nuances de grey"!
Sortie en famille pendant les vacances de Noël (quelques jours avant C., NDLR).
Objectif : aller voir la famille Bélier et se faire un petit chinois après, le genre de sortie dont vous n'attendez que du bon, de l'affect positif et des émotions nourrissantes (voir même trop grasses, trop sucrées, trop salées).
Sauf que.
La société de consommation n'a pas prévu ça pour nous. Prêts à partir dans un nouvel et sympathique univers familial, nous voyons surgir un couple à l'écran, pas le temps de planquer les enfants sous les sièges, ils sont déjà en train de s'embrasser fougueusement dans un ascenseur.
(Aparté: je n'ai jamais compris le potentiel érotique de l'ascenseur, mais c'est parce que je suis une campagnarde dont la libido suit le rythme de celle des vaches dans le pré d'en face, beaucoup plus horizontal. Et maintenant que j'y pense beaucoup plus proche de la famille Bélier.)
Jusque-là tout va bien, mais je connais la suite et me recroqueville sur mon siège.
Et oui, voilà la jolie fille attachée avec des menottes sur le lit, avec très peu de chances que ce soit parce qu'un gentil policier l'a surprise en train de faire une grosse bêtise (comme rentrer avec une kalachnikov dans la rédaction d'un journal satirique).
Certes mes enfants n'en sont plus, nous sommes passés au stade ados débutants.
Mais quand même.
Le contrôle parental sévissant dans notre famille leur a pour l'instant permis d'éviter les films pornographiques et l'initiation précoce au sado-masochisme.
Que puis-je dire alors?
"Avec tous les traumatismes qu'ils ont vécu dans leur enfance, ils font des choses bizarres", ou encore, "ils ont du mal à ressentir alors ils exagèrent les stimulis nécessaires à leur plein épanouissement sexuel". Là, ils sont en train de roupiller ou de plonger dans leur tablette en se disant "encore maman et son discours psy". Autant leur sortir la phrase culte de la pédagogie à l'ancienne: "vous comprendrez quand vous serez plus grand", dont c'est la variante alambiquée.
Je peux dire aussi, version anxiété maternelle, "elle croit qu'elle doit dire oui à tout ce que lui propose son petit copain malade, j'espère que tu ne feras pas ça ma chérie, mais t'as bien le temps d'y penser". L'idéal pour qu'elle y pense dès maintenant justement.
On peut aussi faire comme si il ne s'était rien passé ... dans un silence obèse.
Jusqu'à ce que le lendemain, une fois l'émotion de "La famille Bélier" un peu digérée : "c'est trop bien, hein, maman, 50 nuances de grey !". C'est votre fils qui en a parlé au collège avec des copains, et il pense être tendance en disant ça.
Les années collège, ou le tombeau de la singularité.
"C'est pas grave ils en verront d'autres", me diront certains d'entre vous. Sauf que les films c'est grave, ça s'imprime, et le sexe trop cru, c'est le tombeau de l'imaginaire érotique.
Mais ce film et sa publicité se veulent soft. Ce qui peut être aussi pervers. Sans provoquer la sidération de la pornographie chez les plus jeunes, puis leur éventuelle addiction, cette publicité, elle est faite pour ça, peut laisser penser que ... Suggérer que ... Très efficace.
Ainsi quand ma fille me demande avec des yeux ronds: "Dis maman, elle aime vraiment ça la meuf?". Dur de faire comme si de rien n'était.
Je pris alors le Seigneur (et tous ses prophètes) qu'elle ne croit pas que pour être "trop stylée" (pour les sans-ado-contact, prononcer sta-ye-lée) - son objectif actuel dans la vie - , il faille absolument se faire attacher avec des menottes par son petit ami.
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Au fait, courrez voir la famille Bélier si ce n'est déjà fait, c'est une merveille.
Mais si vous avez des enfants, trouvez-vous une rue embouteillée qui vous permettra de zapper les bandes annonces!