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on peut choisir sa famille

Le traumatisme : sortir du déni !

par Claire Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , La psychothérapie - de quoi ça parle , Le métier de Psychothérapeute , On peut choisir sa famille , Fiction

Le traumatisme : qui n'est pas concerné ?

La sortie du déni : une étape essentielle et douloureuse

 

Une xième étude de l'Université de Lille sur sa population étudiante, trouvée dans le journal Le Monde du 25/11/21, nous dit que plus de 64 % des 1215 étudiants interrogés rapportent avoir été victimes de violences sexuelles depuis l’âge de 15 ans, près de 78 % des femmes et 27 % des hommes. Chiffres qui peuvent paraître ahurissants, mais qui sont le reflet de notre société.

Je me rappelle un des groupes de psychothérapie que j'animais, où une des participantes était gênée de dire qu'elle n'avait connu aucune violence sexuelle... Et encore nous sommes en France. L'intérêt des études de ce genre est de montrer que ce comportement n'est pas l'apanage d'une quelconque "racaille", nos ministres, députés et autres animateurs de télévision ne diront pas le contraire, mais concerne l'ensemble de la population. Et que l'homosexualité n'est pas non plus à l'abri des dérives du "masculin toxique".

Il y a quand même quelque chose de positif, nous sortons du déni. Quand je dis "nous", c'est la toute petite frange de la population qui s'intéresse à la réflexion sur ces questions. Car comme le dit très bien la journaliste Anne Rosencher : "notre conversation publique est un vase-clos pour diplômés autocentrés". Quelque chose que je ressens trop dans la littérature, elle a juste oublié "parisiens" ! Or il faut parler, partout, de ce que subissent les femmes, les enfants et une partie des hommes non négligeable. C'est la grande motivation qui m'a conduite à l'écriture de ce recueil, dans toute sa complexité car associant fiction, articles, liens utiles et illustrations, fruit de trente ans d'expérience d'accompagnement du psychotraumatisme. Car au-delà des violences sexuelles, il y a toutes les autres, qui ne sont pas moins traumatisantes. Un enfant qui assiste aux coups que son père ivre donne à sa mère, une petite fille humiliée en classe par un maître rigide qui n'a rien à faire devant des enfants, les coups bien sûr, mais aussi les mots, les insultes, le dénigrement systématique... Sans parler des angoisses de fin du monde par la guerre ou la pollution.

Que faire de cette rage ? La transformer en violence et devenir soi-même un élément "toxique" de la société ? C'est la réponse la plus fréquente. La retourner contre soi dans un processus d'auto-destruction qui peut prendre toutes les formes, jusqu'au suicide ?

Ou la transformer en créativité et en pouvoir d'action ?

Se sentir bien, ce n'est pas nier le réel en plongeant dans la "psychologie positive" et le "feel good story".

Se sentir bien c'est regarder le monstre dans les yeux et ne pas se laisser sidérer. La mythologie, que j'utilise dans mon recueil, nous raconte l'histoire de Méduse et de Pégase, son fils, le cheval ailé, qui nait de l'affrontement du traumatisme par le héros Persée, quand celui-ci tranche la tête de la Gorgone. Évidemment, j'interprète ce mythe à la lumière de la psychotraumatologie mais il veut dire beaucoup, surtout quand on sait que Méduse, celle qui transforme celui qui la regarde en pierre, a été elle-même victime de viol.

Je vous invite donc à travers la lecture de ce recueil, à regarder Méduse au fond des yeux, lui trancher la tête, et vous envoler tel Pégase sur les ailes de la créativité.

Claire Sibille

Écrivaine, psychothérapeute

Dernières parutions :

Inventaires (2022), un roman écoféministe

Le jeûne, une thérapie des émotions ? (2021)

Juste un (très) mauvais moment à passer (2022)

Le dessin illustrant un des articles du recueil "Juste un (très) mauvais moment à passer !"

Le dessin illustrant un des articles du recueil "Juste un (très) mauvais moment à passer !"

Quatrième de couverture :

Survivre à l'enfance et à l'adolescence, ce n'est pas simple. Ces nouvelles noires, illustrées et augmentées de ressources et références, nous font partager les vies difficiles de personnages vivants et attachants : Sonia, Bastien, Tom et les autres. Leurs souffrances, leurs émotions, leur vitalité et leur combativité nous plongent au coeur de l'expérience traumatique. Vivre sa différence sexuelle, subir un viol, l'inceste, souffrir de boulimie et d'obésité, être maltraité au quotidien et s'en sortir ou, devenue adulte, souffrir d'une dépression post-partum, sont quelques-unes des épreuves qu'ils doivent traverser. L'auteure, par ailleurs psychothérapeute, se consacre à l'évolution du lien familial et la résilience possible suite aux graves traumatismes que les adulte font trop souvent subir aux enfants. Elle puise dans sa vie personnelle et professionnelle les ressources proposées pour que ces histoires ne soient, pour celles et ceux qui les vivent, que... ...Juste un (très) mauvais moment à passer ! Deuxième édition corrigée et augmentée

Quelques commentaires : C’est bien et efficace ! Vivant, conscient et ressourçant. Magnifique écriture....

OÙ TROUVER LE LIVRE : JUSTE UN (TRÈS) MAUVAIS MOMENT À PASSER ?

Sur les librairies en ligne, par exemple à la FNAC : Juste un (très) mauvais moment à passer ! ou sur le site des librairies indépendantes : https://www.placedeslibraires.fr/livre/9782322456666-juste-un-tres-mauvais-moment-a-passer-nouvelles-noires-et-ressources-pour-en-sortir-illustr-claire-sibille/

Chez votre libraire sur commande.

Localement, à l'Escapade à Oloron et prochainement au centre Leclerc d'Oloron et à l'Escampette à Pau.

Prochaine dédicace :
SAMEDI 22 OCTOBRE DE 15H à 18H
CENTRE CULTUREL LECLERC D'OLORON SAINTE-MARIE
Dédicace du roman "Inventaires" et du recueil "Juste un (très) mauvais moment à passer"

 

 

 

Juste un (très) mauvais moment à passer :

De quoi ça parle ?

Condensé de la table des matières

 

Les thèmes abordés et les ressources, les titres des nouvelles :

L’inceste : LE PIED DANS L’ENGRENAGE et  OÙ IL EST PAPA ?

L’orientation sexuelle : GAY PRIDE

Article : La part du lion (1) : Le traumatisme, qui n’est pas concerné ?

L’alcoolisation des jeunes : JAMAIS DEUX SANS TROIS

La fin de vie en lien avec les traumas de l’enfance : LA PASSEUSE

Les troubles alimentaires de l’enfance et de l’adolescence : UN APPÉTIT D’OGRE

Article : Raconter des histoires ? Mais quelles histoires ?

La maltraitance dans les familles bourgeoises : LES BRUTES

La maltraitance par les tiers extérieurs à la famille : LES BONNES

Article : La Part du lion (2) : Le traumatisme, un grand sujet

Le Viol : URGENCE

Les problèmes de la maternité en lien avec les traumas de l’enfance : BABY BLUES

Article : Bien après les coups … la résilience !

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La communication bienveillante, ce n’est pas « naturel » !

par Claire Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , Le quotidien c'est pas banal ! , On peut choisir sa famille

La communication bienveillante, en famille comme entre amis, ce n’est pas « naturel » !

 

En ce moment les réseaux et les échanges normaux fourmillent de conseils pour ne pas pourrir le réveillon en famille avec les sujets qui fâchent (tous), si vous avez décidé de le faire malgré les injonctions à rester chez vous, le plus seul.e possible.

La communication est une ascèse, elle n’est pas naturelle.

Chez les animaux elle est ritualisée, non seulement par l’instinct mais aussi par l’apprentissage.

Chez l’homme elle s’acquiert petit à petit, d’abord dans les échanges avec les figures d’attachement, en général les parents, puis dans les expériences sociales, en couple, en famille. C’est vraiment une erreur de croire que l’on communique « naturellement », comme on va aux toilettes ou qu’on éternue. Or une grande partie d’entre nous le fait ainsi, sans réflexion préalable.

Nombre de civilisations et sociétés ont instauré des rituels pour mieux communiquer.

Chez nous pendant longtemps, l’éducation nous a appris la politesse, le respect et la soumission à l’autorité comme bases de la vie en société. Les rapports de dominance, qu’ils soient entre parents et enfants, chefs et subalternes, hommes et femmes, humains et animaux, régissaient notre vie quotidienne. Nous avons donc appris à nous taire, et à attendre d’être adulte voir âgé, pour avoir le droit de l’ouvrir enfin et se venger sur la génération suivante de tout ce que l’on a subi et réprimé en soi. Cette éducation a fait son temps en théorie, mais pas grand-chose ne l’a remplacée sauf dans des milieux très privilégiés (je ne parle pas d’argent mais d’humanité), comme cela a toujours été le cas. Les réseaux sociaux et les modèles politiques qui nous sont en général proposés font figure de norme de communication, et reprennent le pire de ce qu’Alice Miller appelait « Pédagogie noire ». La famille reste donc le lieu privilégié du défoulement face aux pressions sociales que nous devons supporter. Les humeurs, les injonctions, les coups de gueule, tout nous sera pardonné dans ce lieu chaleureux et sécure. Le « savoir-vivre », le « savoir communiquer », ou le « savoir être ensemble », ne se posent que rarement comme une nécessité.

Et si le grand-père ou la cousine continuent malgré « l’esprit de Noël » à critiquer votre tenue, votre vie sentimentale ou le boulot que vous avez accepté, sans parler de votre écolo-véganisme ou de votre décision de vous faire ou non vacciner, ils n’ont la plupart du temps même pas l’impression de vous agresser. Ils s’expriment, tout simplement. Ils voient tous les jours dans les médias des modèles avérés de manipulation, culpabilisation, chantage affectif, ridiculisation, humiliation, jugement, déni… Pourquoi se conduiraient-ils autrement ?

Et si vous réagissez, vous risquez d’entendre « ah ce que tu es susceptible toi alors ! », ou encore « je ne te pensais pas si fragile ».

Oui, la communication bienveillante nécessite un vrai recul, non seulement par rapport à soi, mais par rapport à la majorité des modèles sociaux et éducatifs qui nous sont proposés.

Dans les groupes et les formations que j’anime, je propose de se rappeler une règle de communication simple, la règle des « 3 NI » : ni interprétation, ni jugement, ni conseil. L’interprétation est une intrusion dans la vie de l’autre. Le jugement une exclusion, une rupture du lien. Le conseil un abus de pouvoir, même nourri des meilleures intentions.

S’entraîner à communiquer sans utiliser ces trois biais n’est pas une mince affaire. C’est pour ça que la meilleure réaction face au besoin d’expression d’une personne est souvent… de se taire ! Et de lui montrer votre écoute inconditionnelle et votre empathie par un contact chaleureux.

Et si votre interlocuteur exprime une opinion qui vous révolte ? Se rappeler que l’opinion même la plus révoltante s’appuie sur un besoin, en général une peur, qui n’a pas été prise en compte.

Aujourd’hui il n’y a pas de plus grande liberté possible que d’arriver à affronter et à vaincre ses peurs, même les plus angoissantes : la peur de la maladie, de l’effondrement de la société, de la guerre, de l’invasion, de la pauvreté, de l’exclusion et la pire, la peur de la mort. Elles sont nombreuses et utilisées à qui mieux mieux par les gens supposés nous gouverner mais qui en fait nous « dirigent », c’est-à-dire, étymologiquement, nous « mettent en ligne ».

Si face à une agression verbale vous arrivez à contacter la peur de la personne qui s’exprime, peut-être arriverez-vous à parer le coup grâce à l’empathie. Peut-être arriverez-vous même à reformuler ses paroles pour être sûr d'avoir bien compris, et aussi peut-être pour lui donner une chance de revenir dessus.

Et si c’est vous l’agresseur ? Se rappeler que ce n’est pas parce que quelqu’un ne dit rien qu’il n’a rien à dire. Et peut-être faire le premier pas si vous avez conscience d’avoir lâché la pression sans considération pour l’autre.

Le pouvoir magique de la phrase : « Je te prie de m’excuser si je t’ai blessé.e et je te propose d’en parler », est infini.

S'entendre avec nos différences

S'entendre avec nos différences

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