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cette societe - c'est la notre !

ENTRETENIR LE MONDE, LE PLUS BEAU DES METIERS ? Billet d’humeur pour la revalorisation des tâches ménagères

par Marie-José Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , Le quotidien c'est pas banal , On peut choisir sa famille

ENTRETENIR LE MONDE, LE PLUS BEAU DES METIERS ?

Billet d’humeur pour la revalorisation des tâches ménagères

 

Hier soir je rentre d’une journée de travail bien remplie, épanouissante, valorisante ... et épuisante. Je ne rêve que d’une chose : m’écrouler sur le canapé avec une bière devant la coupe du monde de foot féminine.

Or je me retrouve à devoir imaginer un repas « vite fait » avec ce que les mulots nous ont laissé à manger. On ne veut pas les tuer, on a vu « Ratatouille », et on les attrape dans des pièges - il faut donc les nourrir - pour aller les relâcher dans la nature - il faut donc les transporter - ça nous fait donc au dernier recensement 1394 enfants supplémentaires dont il faut prendre soin ... 

Je pourrais compter sur mon environnement familial, mais mes ados préférés passent des examens qui les stressent ou profitent du soleil enfin là. Bien que formés à l’entretien du monde depuis un moment – vous en connaissez beaucoup des garçons qui font leur lessive tous seuls depuis l’âge de 12 ans ? – ils n’en sont pas encore à anticiper et prendre en charge la famille, heureusement ...

Quant à mon compagnon il est pris entre une panne d'électricité généralisée et un débouchage d’évier récalcitrant. 

Sans électricité, impossible de voir la coupe du monde de foot féminine ! Et on se retrouve à devoir allumer la cuisinière à bois le seul jour depuis un mois où on peut se passer du poêle parce qu’il fait enfin beau. On crève de chaud le temps de cuire des crêpes (bios) où l’on fourre tout ce qui nous tombe sous la main. 

Mais la bière est encore fraîche et les Pyrénées valent mieux que tous les écrans, vive les pannes !

 

Je rêve d’une société où la tâche qui consiste à entretenir le monde et le vivant, à nourrir et faire grandir, à prendre soin des lieux et des êtres, cette (multi-)tâche-là serait considérée comme essentielle – ce qu’elle est – et valorisée à sa juste hauteur, à savoir le sommet de la pyramide. 

Or dans notre société patriarcale et globalement machiste, y compris chez trop de femmes, nous payons tous les jours, et la planète aussi, une échelle de valeur et de pouvoir délirante. 

Dans ce monde-là, le nôtre, ces tâches sont dévolues : 

  • Soit aux femmes au foyer qui aiment encore ça malgré la dévalorisation sociétale, féministe et financière, malgré le risque aussi de se retrouver le bec dans l’eau de vaisselle en cas de divorce.  Sans compter la dépression du nid vide quand les enfants s’en vont, et le fait d’être assimilées à des bêtes de somme incapables de pensée et de créativité.
  • Soit aux adeptes féminines de politiques extrêmes ou conservatrices qui rêvent d’un retour aux bonnes vieilles valeurs où chacun et surtout chacune est à la place que le chef a décidé sans pouvoir en sortir. 
  • Soit à des personnes souvent – pas toujours – sous-payées et surexploitées qui de toutes façons, sauf chez les richissimes ou les esclavagistes, ne peuvent pas être là 24h/24h pour prendre soin de nous.

 

Alors féministe assumée et engagée que je suis pour de multiples raisons, écologiste de plus en plus radicale et sociétalement d’accord avec toutes les valeurs humanistes depuis l’éternel combat pour l’émancipation du corps des femmes jusqu’au mariage pour tou.te.s et aux monnaies locales, je voudrais que l’on nomme ce  plancher de terre qui fait miroir au plafond de verre  que les hommes mettent au-dessus de la tête des femmes ambitieuses pour les empêcher de prendre leur place, menacés qu’ils se sentent par leur existence ... 

Ce plancher de terre, même quand il est nommé comme essentiel pour l’égalité des sexes reste toujours dévalorisé, considéré comme incompatible avec l’émancipation, la créativité, la pensée même ! 

Entretenir la maison - et la grande maison qu’est notre planète - reste une corvée, c’est-à-dire « un travail gratuit que les serfs devaient au seigneur », obligation abolie en théorie dans la nuit du 4 août 1789 nous dit l’incontournable dictionnaire historique de la langue française. 

Or c’est ce plancher de terre qui nous permet de garder les pieds au sol, ce qui n’a jamais empêché, au contraire, d’avoir la tête dans les nuages, regardez les arbres. Il nous enracine dans les besoins du vivant, qui sont nombreux et totalement oubliés aujourd’hui par des hommes – et des femmes – qui ont toujours eu des grands-mères, des mères, des domestiques, des esclaves pour prendre soin d’eux sans qu’ils aient même à y penser une seconde.

Leur assiette était toujours remplie, leur lit fait, leur chauffeur à la porte, comme si Mary Poppins était passée par là pendant la nuit, une Mary Poppins ne songeant qu’à servir et pas à éduquer à l’autonomie. Et après les femmes de leur famille, des hordes de nounous ont pris la relève pour biberonner et torcher leurs bébés, pour qu’ils soient bien propres et nourris pour le câlin du soir ou de la semaine ... Et des jardiniers aussi, mieux payés que les nounous, pour prendre soin de leur petit ou immense coin de vivant privatisé. 

Ce sont trop de gens comme cela qui dirigent le monde, le résultat est désastreux, suicidaire, findumondiste.

Revaloriser les tâches de l’entretien du vivant, bêtement nommées « tâches ménagères », cela veut dire d’abord les dé-genrer, c’est-à-dire arrêter de les attribuer au sexe féminin qui les accomplit "naturellement", en plus du reste, aussi simple que de respirer. Encore hier dans un club de sport local qui fêtait la fin de l’année, la soirée « crêpes des mamans » affichait complet ... Combien de siècles d’évolution pour voir afficher « crêpes des parents » ou simplement « crêpes » ? 

De plus en plus d’hommes conscients et sensibles se préoccupent de balayer le plancher de terre et d’y planter des graines de toutes sortes. Dans les familles alternatives, zéro déchet, jardin partagé et autres éducations créatives, ces tâches prennent encore plus de temps que par le passé. Tellement plus simple de faire un drive avec 150 emballages à recycler par semaine, et je ne juge personne, je suis trop confrontée à ces pressions quotidiennes.

Il faut aussi revaloriser ces tâches financièrement, tant que l’argent existe et reste un indicateur de valeur fort. Une société où un vieil homme blanc (autres couleurs acceptées et répandues) touche des millions d’euros pour vendre des armes ou exploiter des entreprises de déforestation massive, pendant que la personne qui prend soin des petits et des anciens, qui s’occupe de la cuisine et du ménage s’épuise au quotidien avec parfois à peine de quoi à survivre, cette société-là est tout simplement et complètement perverse.

Perverse au sens étymologique du terme qui signifie « mettre sens dessus dessous », du plafond jusqu’au plancher !

Ratatouille(s) les faux et le vrai, nourri comme vous le voyez à la farine bio, qu'il avait repéré avant bocal ...Ratatouille(s) les faux et le vrai, nourri comme vous le voyez à la farine bio, qu'il avait repéré avant bocal ...

Ratatouille(s) les faux et le vrai, nourri comme vous le voyez à la farine bio, qu'il avait repéré avant bocal ...

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Le Grand prix de Pau, un écocide ordinaire ...

par Marie-José Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , Heureusement il y a des gentils ... , Malheureusement tout est vrai ! , Le quotidien c'est pas banal

Le Grand prix de Pau, un écocide ordinaire ...

 

Mes lectrices et lecteurs d’autres régions et pays feront le lien avec leurs propres écocides ordinaires, banalisés à deux pas de leurs lieux de vie.Très près, il y a par exemple la création complètement anachronique d'un nouveau rallye du Piémont Oloronais ...

 

Ce week-end, ma fille a un « jour férié » supplémentaire pour cause du passage du grand prix de Pau près de son lycée.

Montée de rage (malgré la joie de la journée avec ma fille, ça n’a rien à voir).

Dur, dur de ne pas faire un « die in » devant la gare ou une grève de la faim devant la mairie pour arrêter ces bêtises de petits garçons (et de plus en plus de petites filles) qui détruisent allègrement le monde.

Pourquoi font-ils (elles) cela ? 

En développant au maximum mes capacités d’empathie j’ai réussi à isoler les points suivants, et à proposer des alternatives :

Le plaisir des spectateurs, le « divertissement » et « l’animation » (qui paradoxalement signifie mettre en vie) : je propose d'isoler un lieu sacrifié pour l’ensemble de la planète, type cirque romain international, et de diffuser le spectacle au cinéma sur écran géant, comme on le fait depuis peu pour les opéras et les concerts. Regardez le film « Hunger Games », c’est possible !

Le shoot d’adrénaline, encore appelé « sport automobile » : mettez-les devant des jeux vidéos  grandeur nature en immersion totale ! Ou offrez-leur un stage de wingsuit (sport consistant à se jeter dans le vide avec un habit en ailes de chauve-souris : https://youtu.be/t6KmxvEnkuU), de funambulisme en haute altitude ou de toiturophilie (art de grimper sur les toits sans sécurité) ! Même les vidéos me donnent envie de vomir, l’adrénaline n’est définitivement pas mon booster hormonal préféré ...

L’habitude : pour cette maladie chronique du vieillissement à un poste de responsabilité, je propose de changer les responsables. D’ailleurs la seule fois où le grand prix de Pau a été annulé c’est parce qu’une nouvelle tête – féminine – était en charge de la municipalité.

La peur : la pétition contre le grand prix de Pau a déclenché une contre-pétition et des hostilités réactionnaires archaïques, machistes et mécanicistes importantes. Et des agressions au moins verbales contre les pétitionnaires. Les arguments sont ... je passe. Peut-être recevrais-je mes premières insultes en ligne suite à ce post ? Contre la peur, il y a la solidarité des réseaux, la justice, le courage. Et aussi l'imagination : que dirons-nous à nos petits enfants obligés de vivre dans une terre passée au micro-ondes quand ils nous demanderont des comptes ?

L’argent : le grand prix cycliste de Pau (sans caravanes publicitaires multi-polluantes), le marathon de Pau, le tour de Pau à cheval, en âne, une course de montgolfière (les enfants adorent), à dos d’ours des Pyrénées, ... les initiatives créatrices et ludiques pourvoyeuses d’argent et de marche du commerce ne manquent pas. Qui plus est le coût pour la ville (donc les citoyens) est énorme. Nous payons cher le plaisir de certain.es. Il serait beaucoup moins important avec des vélos ... 

Alors pour cette manifestation comme pour tant d’autres écocides ordinaires, arrêtons les bêtises, assumons l’urgence écologique, résistons.

Montrons l’exemple, témoignons. 

Et aussi éduquons les petits, écrivons, expliquons, transmettons avec le moins de colère et le plus d’empathie possible.

Il est peut-être encore temps.

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