Les émotions n'ont pas la vie facile
Les émotions n'ont pas la vie facile
En 2018, les émotions n'ont toujours pas la vie facile.
Maltraitées, interdites, utilisées par des animateurs médiatiques pervers, ou encore humiliées par de doctes messieurs et trop souvent mesdames qui les opposent à la raison - entendez par là vos émotions et leur raison - manipulées par des vendeurs de paillettes ou des fanatiques politiques ou religieux, rendues malades aussi, de trop de répression, d'enfermement, de contraintes sociétales, professionnelles ou familiales, elles finissent par s’épuiser, et se tarit alors la source vive qu’elles représentent, source vive car nourries du temps de l’Enfance. Mais non réservées à l’Enfance.
Les émotions aujourd'hui ont trop souvent le profil de l'enfant maltraité. La violence éducative commence ainsi par celle que nous avons intériorisée enfant, et que nous reproduisons à l’infini si nous perdons le fil du vivant qui est transformation, évolution et résilience.
L’enfant que nous étions, celui que nous portons en nous, cet enfant a des choses à nous dire.
Le premier et indispensable acte de bientraitance envers un enfant, le nôtre ou un qui nous est confié, est d’apprendre à écouter les émotions de notre petite fille, de notre petit garçon, les vivantes et les souffrantes, les joies et les tristesses, les colères, les rages, les déceptions. Mais aussi les victoires. Les injustices et les rejets. Les abandons. Mais aussi les présences aimantes et soutenantes.
Parfois, quand on les sort du placard où elles ont dormi parmi les araignées pendant si longtemps, quand on les laisse sortir de derrière les barreaux qui les retient à grand peine et n'ont jamais empêché leur cri, les émotions font peur. Elles peuvent être alors comme ces grands animaux, tous menacés aujourd'hui : ils font rêver certains d'entre nous, ils émerveillent les enfants. Mais ils réveillent chez d'autres le besoin de tuer, de mettre en cage ou de dresser.
Les émotions sont aussi comme les jeunes enfants, elles ont besoin d'être accueillies inconditionnellement, avec chaleur et compréhension, sans aucune condescendance ni hauteur, en résonance et humanité partagée avec la personne qui les ressent.
L'accueil empathique de l'enfance et la protection de la vie sauvage sont un des invariants de l’Humanité.
Parlent aujourd’hui d'émotions et d'empathie beaucoup trop d'hommes dont le regard vous met plus bas que terre, beaucoup trop de femmes qui ne supportent pas la contradiction voire même le questionnement.
Pourtant les émotions rendent la vie belle et digne d'être vécue. Et l'intelligence ne peut se concevoir me semble-t-il sans l'intégration de cette palette de couleurs qui donnent sens et corps à nos vies, palette à l'intersection entre l'esprit et le cœur, âme vivante qui nourrit notre créativité et notre capacité d’aimer.
L’émotion ne s’oppose pas à la raison, comme nous l’entendons encore très souvent aujourd’hui, elle en est la compagne. Unies, elles font obstacle à la violence. Empêchées d’être en lien, elles deviennent des maladies de civilisation, rationalité violente, technocratie glaciale et psycho- ou socio- pathie d’un côté, explosion des souffrances affectives de l’autre, mort de l’empathie, destruction du vivant.
Il y a urgence humanitaire à prendre soin de nos émotions.
La préparation du stage de Printemps "L'enfant Intérieur, source et ressource" m'amène à regrouper toutes mes multiples notes sur les émotions. Il sera donc peut-être suivi d'autres sur le même thème, inépuisable .