Et les Mistrals Gagnants ...
Et les mistrals gagnants …
J’ai encore du retard dans mon métier « critique littéraire et de cinéma », un an cette fois, pour vous parler d’un film très remuant au sens étymologique du mot « émotion », ce qui met en mouvement : « Et les mistrals gagnants … ». Mais après tout, ce retard permet de remettre en lumière un superbe documentaire.
Et les mistrals gagnants … donc. Un film sur la vie, tout simplement, nous dit l’affiche.
Pas si simplement me semble-t-il, pour au moins trois raisons :
- La première c’est que pour un parent, accompagner son enfant dans la maladie, la douleur, la grande dépendance, parfois jusqu’à la mort, au lieu de l’accompagner vers la vie et l’autonomie, c’est tout sauf simple.
- La deuxième c’est que pour un enfant, savoir que la mort est possible là tout près, prendre sur lui pour ne pas encore plus « fatiguer ses parents », supporter des traitements insupportables, que les adultes essaient de faire passer comme ils peuvent, je les comprends, à coup de sourires, bisous et promesses intenables, c’est tout sauf simple.
- La troisième c’est que je ne sais pas vous mais moi la mort me pose encore quelques questions. Cela ne veut pas dire – surtout dans certains états de lien profond seule ou accompagnée – que je ne ressens pas une continuité possible. Ça veut dire juste qu’à moins d’être dans une toute puissance insupportable ou dans la description d’une expérience intime type NDE, personne ne sait très bien ce qu’il se passe de l’autre côté. Et si mourir est évident, l’accepter est tout sauf simple.
La maturité « à hauteur d’enfant » des sujets principaux de ce film vous en bouche un coin, surtout quand vous repensez à la crise que vous avez piquée hier quand le c…… devant vous ne démarrait pas assez vite au feu vert, c’est là toute notre complexité.
Nous n’avons pas tous eu des enfances où nous avons dû lutter – et parfois perdre – contre la mort et la douleur permanente, mais nous avons tous senti un jour, peut-être oublié mais senti, qu’il fallait prendre sur nous parce que Maman et Papa faisaient ce qu’ils pouvaient – ou pas – mais que dans tous les cas cela ne suffisait pas.
Et nous tentions alors de nous mettre sur la pointe des pieds pour montrer qu’on assurait et que Papa, Maman et les frères et sœurs aussi pouvaient compter sur nous.
Adultes nous oublions parfois de descendre de notre escabeau plus ou moins solide pour entendre et écouter la voix du petit enfant sans immédiatement interpréter, moraliser, conseiller ou gronder.
Voire même consoler prématurément. Consoler avant d’écouter et de laisser s’exprimer les émotions.
Celles du petit enfant dont nous avons la charge.
Celles du petit enfant intérieur oublié.
Cela se comprend, c’est très difficile d’arriver à être un enfant. « Il n’y a rien qui empêche d’être heureux », nous dit un des tout petits garçons du film en mettant une plante en terre.
En arriver là, c’est vraiment tout sauf simple.