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Nouvel An chinois 2016 : Bienvenue au Singe de feu !

par Marie-José Sibille

publié dans Le quotidien c'est pas banal

Nouvel An chinois 2016 : Bienvenue au Singe de feu !

 

Trop de scientistes et de religieux, trop de féministes encore sur la défensive, dont je fais partie sur d'autres sujets,mais aussi trop de petits bonhommes satisfaits d’eux-mêmes ignorent ou méprisent l’astrologie comme étant au mieux un conte de bonne femme, en oubliant d’ailleurs que « bonne femme » vient de « bonne fame », c’est-à-dire de bonne réputation, comme pour les remèdes …

Tous les gens sérieux en parlent ainsi comme de contes à dormir debout, j’aime bien, surtout par les nuits de Pleine lune.

Ce savoir irrationnel, et à la fois très pragmatique, est difficilement acceptable dans une société d’experts issus des grandes écoles, tous très efficaces pour prendre soin du monde, comme chacun sait.

Ce déni de la compétence intuitive, ce qui ne veut pas dire sans travail, nous a fait brûler les sorcières au Moyen-Age. Il nous empêche aujourd’hui de prendre une huile essentielle ou une tisane de thym pour accompagner un rhume. Mieux vaut se faire prescrire un corticoïde nasal accompagné d’ibuprofène et de paracétamol, c’est tellement plus opérant !

Alors, pour paraître plus intelligent, on méprise les savoirs de la nuit des temps.

On peut aussi les ignorer en toute sincérité, car cela ne fait pas partie de notre monde et de notre éducation. Ou que l'on est trop stressé pour se passer des médicaments faciles d'accès.

On peut les ignorer ou les tolérer, comme on tolère les jeux d’enfants, les journaux « people » et l’horoscope des hebdos féminins.

Dommage.

C’est se priver d’une source de connaissance intuitive qui nous relie aux saisons et au ciel, qui nous fait nous réapproprier le rythme de l’année et les cycles du temps.

Le capitalisme ultra-libéral ne s’y trompe pas, lui qui exploite à fond ces moments clés du calendrier pour réussir à nous vendre encore quelque chose. Aujourd’hui ce sera des plats chinois, des gâteaux porte-bonheur ou des singes en peluche …

En plus des marchands, les autres à se réjouir de ce déni sociétal sont les gourous de tous poils qui en profitent pour prendre le pouvoir sur nombre de personnes, celles qui n’ont pas sacrifié ce besoin naturel de rites et de sacré, cette nécessité humaine d'un sens qui nourrisse le quotidien, mais qui n’ont pas encore acquis suffisamment de maturité pour s’approprier leur propre compétence, ou de repères pour trouver des passeurs d'expérience qui leur soient bénéfiques. 

C’est de bonne guerre.

Le puritanisme a vu fleurir la prostitution, la prohibition se multiplier le nombre d’alcooliques, le scientisme et le matérialisme consumériste modernes voient proliférer les groupuscules surfant sur le besoin de sacré et de sens, des plus inoffensifs aux plus dangereux, exactement comme dans toutes les autres activités humaines.

Mais il y a aussi beaucoup de guérisseurs et de sorcières, d’astrologues intuitifs et de jardiniers qui suivent les phases de la lune. Il y a des femmes qui soignent avec du miel et des plantes, et des hommes qui enlèvent le feu et calment les entorses. Il y a les synchronicités du quotidien, il y a les rêves reliés au monde si ce n’est prémonitoires, il y a tant de choses encore ignorées.

La récupération de ces savoirs anciens doit passer aujourd’hui par les fourches caudines de la Science, la religion actuelle, pour pouvoir être socialement acceptés. C’est ce qu’il s’est passé récemment pour le yoga et la méditation, ainsi que, avec difficulté et procès nombreux toujours en cours, pour les médecines « complémentaires », qui sont pour la plupart « alternatives » d’ailleurs. C’est ce qui pourrait bientôt devenir acceptable pour la pratique du jeûne, si vous n’en parlez pas à votre médecin qui va vous gronder ...

Peut-être pensez-vous qu’en faisant évoluer, grandir et mûrir les personnes, en les éduquant, en étant « plus pédagogues », elles vont enfin sortir de l’obscurantisme et oublier toutes ces sottises pour se rallier à la Science ou au Commerce, ou au terrifiant mélange des deux ?

Peut-être.

J’aime beaucoup la Science et j’ai toujours baigné dedans. En particulier la biologie, les neurosciences et les sciences humaines. Passionnantes.

Pourquoi les rendre exclusives de tout le reste ?

J’aime bien de temps en temps sortir faire les boutiques, acheter des produits frais sur un marché de Printemps, choisir une nouvelle lampe pour mon bureau.

Suis-je obligée de devenir shopping-addict ?

J’ai mes crises de tout.

Et mes états de rien.

Mais.

Me rappeler sous quelle lune je suis née et la saluer chaque fois que je la croise dans le ciel. M’amuser de penser que le Singe va nous titiller cette année pour plus de créativité et d’imprévu. Choisir dans mes huiles essentielles de quoi à lutter contrer l’épidémie de Gastro, et y arriver comme je n’y suis jamais arrivée avec la médecine allopathique. Ecrire et dessiner mes rêves. Donner de l’importance à la couleur du ciel quand je me lève à l’aube et me répéter les proverbes entendus dans mon enfance, comme par exemple : « Red at morning, shepherd’s warning, Red at night, shepherd’s delight ». Constater une fois de plus que c’est vrai, et me passer du bulletin météo. Regarder l’étoile polaire et me dire que les Rois mages la regardaient déjà.

Toutes ces choses, et bien d’autres encore, font partie de mes antidotes quotidiens à la brutalité de la vie sociale actuelle.

Et je peux le vivre sans nier l’importance d’une certaine science, d’une certaine médecine moderne, et même d’une certaine religion ou d’une certaine politique. Je peux suivre les avis de tempête et d’avalanche de météo France et les remercier pour cela.

Nul besoin de cloisonner, de transformer les savoirs en dogmes et les découvertes en nouvelles religions. Nul besoin de bâtir des murs et des ghettos qui finissent par se transformer en bûchers.

Alors bienvenue le Singe.

N’oublie pas de nous faire des farces, fais-nous rire, fais-nous bouger, mais surtout rappelle-nous notre humanité sensible.

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