Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

la psychotherapie - de quoi ca parle

Les mille premiers jours ...

par Marie-José Sibille

publié dans Adopter sa famille , Adoption , La psychothérapie - de quoi ça parle , On peut choisir sa famille

Les mille premiers jours ...

Boris Cyrulnik fait la promo des bébés et du regard amoureux ...

Parent et Enfants, Première partie.

 

Lundi matin Boris Cyrulnik a présenté sa mission gouvernementale sur France Inter.

Il s’agit de prêter attention aux mille premiers jours du bébé, mais aussi à la grossesse de la maman et même au contexte de la conception. 

Une révolution dans une société patriarcale centrée sur la croissance, la performance et la destruction du monde.

Une évidence pour la vie. 

Boris Cyrulnik, en porte-parole de beaucoup de voix moins audibles propose de s’occuper avant tout des parents. 

Prendre soin de celles et ceux qui prennent soin, cela peut se faire de deux façons complémentaires :

- D’abord en améliorant le contexte dans lequel les parents vont avoir à s’occuper de leur bébé. Et ce dès la grossesse. Car si la femme enceinte est insécurisée, elle transmettra in utero une partie de son stress à son bébé, cela est largement démontré. Mais grâce à la plasticité cérébrale, si un bébé est facile à blesser il est aussi facile à rattraper, en réorganisant le milieu qui entoure la mère de manière intégrative, c’est-à-dire matériellement, affectivement, culturellement aussi s’il le faut. En effet certaines cultures sont bienveillantes pour les femmes et les enfants, d’autres non. Et il est impossible de prendre soin des enfants si on maltraite les femmes. Au mieux on les nourrit pour les enrégimenter.

- Ensuite en développant les comportements bientraitants chez les parents, c’est-à-dire en acceptant de voir que s’occuper d’un bébé n’est pas « que » inné et naturel, encore moins pour les pères dans notre société. Les parents n’ont pas forcément les clés des signaux envoyés par le bébé. Et s’ils ont une bonne base innée, ils peuvent toujours l’améliorer et participer à sa transmission aussi.

La théorie de l’attachement[1]nous donne les clés d’un comportement parental suffisamment adapté au développement harmonieux du bébé. Mais certaines habitudes culturelles nourries par l’ignorance ont la vie dure. Il n’est que de voir par exemple le combat contre la violence éducative ordinaire, ou encore le temps mis à prendre en compte les féminicides et le peu de moyens accordés à ces enjeux majeurs de l’évolution humaine. 

Par exemple, combien de fois ai-je entendu « qu’il faut laisser pleurer un bébé, il finira bien par se calmer ». Et de la part de professionnel.les aussi.

 

La plage un après-midi. Je bois un verre à côté de deux femmes parlant de leurs petits-enfants.

- "Il a du mal mon fils avec son dernier", dit la première, la gentille. "A deux ans et demi il refuse de manger tout ce qu’on lui donne. Hier il a jeté l’assiette par terre ! "

- "J’espère qu’il en a pris une bonne", lui répond la deuxième, la méchante, "et que ça l’a calmé ! "

La gentille, un peu gênée : « Oh tu sais, c’est pas trop le style de mon fils ».

La méchante sent (peut-être) qu’elle a été trop loin, ou que je l’écoute et vais la dénoncer à la police suite à la loi de cet été contre les violences éducatives ordinaires.

« Ça n’empêche qu’il y a des enfants on peut en faire tout ce qu’on veut et d’autres c’est une catastrophe ! », répond-elle d’un air boudeur.

Il n’y a qu’à les ramener au supermarché ...

Question : ai-je devant moi une mutante transhumaine qui n’a jamais été une petite fille ?

Ou une femme tout ce qu'il y a de plus "ordinaire", comme la violence éducative qu'elle véhicule sans en avoir conscience, une femme qui nécessite empathie et accompagnement si elle a en charge des petits ?

 

Un parent qui ne voit ni n’accepte les violences ou négligences  « ordinaires » qu’il a lui-même subi en tant qu’enfant, que ce soit dans la famille ou à l’école, aura du mal à ne pas les reproduire. Et je parle bien d’enfances suffisamment bonnes, ou les seules violences et carences sont celles de l’imperfection humaine et pas de maltraitance avérée. Plus de 3/4 des parents français trouvent cela normal de frapper un enfant alors qu'ils trouveraient insupportables d'être eux-mêmes frappés. Avant c'était les femmes qu'il était normal de battre pour calmer leur hystérie et leurs émotions incontrôlables. 

C'est une dissociation ordinaire très répandue. 

Un jour, en thérapie ou par d'autres biais, certain.es prennent conscience. 

 

Par ailleurs l’éducation d’un enfant reste soumise aux diktats gouvernementaux, comme en témoignent des drames comme celui bien connu des orphelinats de Ceaucescu. Gouvernements et institutions aux mains d’instances de pouvoir rarement envahies par les mères et pères de famille suffisamment bons ... 

Boris Cyrulnik soutient pourtant l’intervention de l’État dans le changement de comportements. Il parle des 1% d’illettrés malheureux en Norvège contre 15% en France, et ce malheur coûte cher. Il souligne ainsi à peine avec humour que « mettre de l’argent sur le cerveau des bébés c’est une bonne affaire ».

S'agit-il de mettre de l'argent comme en Corée ou au Japon pour faire des enfants super performants, comme le recommandent encore certain.es "expert.es" en France ? 

Ce n'est pas du tout le positionnement de Boris Cyrulnik, pour qui la réussite sociale est un "bénéfice secondaire de la névrose" ! 

Il nous invite à nous concentrer sur la sécurisation du bébé, qui alors se stimulera et jouera à la performance et à la créativité aussi d’ailleurs.

Comment avons-nous pu transformer cet infini plaisir d’apprendre et de créer en pensum contraignant ? Cela me fait penser au « devoir conjugal » et à l'art de transformer le plaisir en corvée !

Apparemment les suicides, les dépressions et les troubles anxieux des ados japonais et coréens ne nous suffisent pas à renoncer à faire de nos bébés des cracks qui savent lire dès la maternelle, par opposition aux délinquants de moins de trois ans qui eux sont fichus quoi qu’il arrive ! 

Le bébé a été longtemps considéré comme un tube digestif sur pattes, insensible à la douleur et donc au plaisir, à la parole, à l’échange.

Combien de temps a-t-il fallu à notre société pour comprendre l’importance de parler à un bébé ? 

Cela construit son cerveau et son système nerveux.  

Et le sécuriser par le toucher, l’émotion positive et l’empathie bienveillante, permet de développer la partie limbique du cerveau celle qui gouverne les émotions et la mémoire. 

Sans oublier le « cerveau du ventre », si sensible chez les enfants, le développement du microbiote intestinal et son effet sur le système immunitaire, le stress et la joie de vivre.

 

Et vous, ils étaient comment vos mille premiers jours ?

 

A suivre ...

 

 

 

 

 

 

[1]Développée dans le livre : « Adopter sa famille. L’adoption internationale, un exemple d’attachement résilient ». J’y reviendrais dans la deuxième partie de l’article.

Pour mettre à disposition le livre pour le plus grand nombre le prix de l’ebook est passé à 4,90, prix de rentrée.

Dessin de Liane Langenbach, illustrant une des nouvelles du recueil « Juste un mauvais moment à passer » sur les maltraitances ordinaires et des ressources existantes. Disponible en cliquant sur l’icône dans la colonne de droite.

Dessin de Liane Langenbach, illustrant une des nouvelles du recueil « Juste un mauvais moment à passer » sur les maltraitances ordinaires et des ressources existantes. Disponible en cliquant sur l’icône dans la colonne de droite.

Voir les commentaires

Tous ces rires et ces câlins ! Mon corps de femme et moi, retour du stage de mai 2019. Première partie.

par Marie-José Sibille

publié dans Alterégales , Ecothérapie , La psychothérapie - de quoi ça parle , Le métier de Psychothérapeute , STAGE

Tous ces rires et ces câlins !

Mon corps de femme et moi 

Retour du stage de mai 2019

Première partie

 

C’est un moment de mon année professionnelle que j’aime particulièrement, le stage d’Ecothérapie intégrative du mois de mai. 

Je l’anime depuis plus de 25 ans, il a donc bénéficié de toutes mes formations, de toutes mes évolutions, de toutes mes blessures aussi, et la maturité des participant.es fait écho à ce chemin d’intégration. Participantes seulement cette année, où le stage était dédié au corps des femmes. 

Plus de la moitié du groupe était composé de psychothérapeutes et thérapeutes. Je les remercie de leur confiance et de leur engagement dans une forme de travail parfois nouveau pour elles.

Je vous partage ici quelques retours ainsi que trois photos. Vous pouvez rencontrer sur Toulouse Sampey Patenon et Séverine Sucra, les deux thérapeutes qui m’ont assistée. 

Dans la deuxième partie de l’article, que vous pourrez lire demain soir, vous découvrirez les photos des « silhouettes », création centrale du stage de cette année, ainsi qu’une réflexion sur le travail qui s’effectue dans ce type de stage. Un article où je développerai les différentes approches thérapeutiques utilisées.

 

Extraits de témoignages :

 

  • C’est la première fois que je vis un groupe aussi puissant, aussi ressourçant aussi. C’est tellement loin de ces groupes techniques et intellectuelsqui parlent des émotions et du corps surtout sans y toucher ! 
  • J’ai beaucoup aimé la force transformatrice des rituels et le contact avec la nature.
  • J’ai moins peur de mes blessures.  Je ressens une paix intérieure. Je me sentais en lien avec ma mère symbolique, les vagues, l’ondulation, le bien-être.  Je suis frappée par la puissance qui se dégage de ma peinture.
  • Ce groupe m’a apporté l’autorisation de souffrir. Je ne m’autorisais pas à sentir la souffrance car je n’en connaissais pas l’origine qui me faisait très peur. J’ai pu cette fois-ci pleinement l’accueillir. Et là j’ai compris la dissociation, j’ai senti son utilité : ne plus avoir mal. J’ai pu vivre le moment où la dissociation se met en place.
  • Je veux te remercier d'avoir organisé ce stage en y mettant autant de cadrerassurant et travaillant que d'harmoniejoyeuse et respirante. 
  • J’ai transformé la photo de moi que je n’aimais pas (un des expérientiels consistait à travailler sur des photos de soi), j’ai fait plein de choses positives avec. J’ai rajouté plusieurs couches de transformationsur ma peinture. Dans les expérientiels préparatoires au stage, j’ai beaucoup travaillé sur la projection sur la femme que je voudrais être (collage). 
  • Mon passé est dans le dos. J’ai trouvé ce qui me manquait depuis toujours, des femmes qui m’entourent.J’avais besoin de bras, je trouvais ceux des hommes. Ce groupe est une belle réussite grâce au soutien enveloppant des femmes. 
  • Au stage de l’année dernière (sur l’Enfant Intérieur) j’avais dit que je me sentais plus capable de faire des choses, de m’exprimer, de décider. Je suis passée par-dessus l’expression que j’ai entendu toute mon enfance « tu ne vas pas y arriver », et j’ai concrétisé cela dans ma vie professionnelle. Et là j’ai fait une sportive ! Je serai une athlète de haut niveau dans une prochaine vie ! La petite fille, le rose, c’est le lien avec un souvenir positif de l’enfance, le tour de France avec papa. Je me lance, je pars du stage avec un mouvement.
  • Le groupe est formidable, regarder vers soi est plus compliqué. On ne peut pas être précise avec la peinture, cela m’a dérangée, car j’aime contrôler. Je ne sais pas encore quoi faire avec tout ce que j’ai ressenti. Merci beaucoup pour cette belle énergie et pour le soutien.
  • Je suis agréablement surprise de ce que j’ai produit. Dans l’endroit où je vivais petite je rêvais de campagne et de fleurs. J’ai besoin de sentir la peinture sur mes doigts. J’ai besoin de toucher la matière, je me sens dedans. Je me trouve extrêmement fémininedans ma silhouette. Et à la fois je me suis mise des peintures de guerre et les yeux ouverts. Je vais de la violence à la joie.
  • J’ai réalisé à quel point je ne connaissais pas mon corps ! J’ai été surprise par ses réactions de plaisir, en particulier dans le « défilé de mode », tant de joie partagéec’était génial ! J’ai réalisé aussi la force du corps féminin, tellement sollicité, et tellement endurant ...
  • Je ressens de plus en plus de confianceà chaque stage. 
  • Je trouve ce stage très puissantet j’adhère complétement à ma silhouette, je sais ce que j’ai mis dedans. Je me sens faire partie d’un tout, je ressens ce qu’est l’amour universel. Je me sens enracinée. J’ai atténué ma douleur. Je me sens paisible. Dans ma peinture, de la force rayonne de ma partie douloureuse. J’ai avancé, j’ai retrouvé l’espoir. Je m’accepte mieux.Hier semble loin.
  • Je m’autorise enfin à me dire artistealors que je me suis toujours interdit cela ! C’est possible de mettre toute la merveille qui m’entoure dans mes créations. Avec tout le travail de ce week-end j’y suis arrivée. Ce groupe de femmes, c’est vraiment essentiel et cela me met en joie.

 

 

Différents niveaux relationnels agissant : Le groupe, les couples, les thérapeutes assistantes, Sampey et Séverine, leurs sites dans l'article.
Différents niveaux relationnels agissant : Le groupe, les couples, les thérapeutes assistantes, Sampey et Séverine, leurs sites dans l'article.Différents niveaux relationnels agissant : Le groupe, les couples, les thérapeutes assistantes, Sampey et Séverine, leurs sites dans l'article.

Différents niveaux relationnels agissant : Le groupe, les couples, les thérapeutes assistantes, Sampey et Séverine, leurs sites dans l'article.

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 > >>