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alteregales

Nique la technique ?

par Marie-José Sibille

publié dans Le quotidien c'est pas banal , Alterégales

Nique la technique ?

 

Depuis hier il y a une grosse machine devant ma maison. 

Cette grosse machine s’appelle une pelleteuse. Elle ressemble à une girafe basse sur pattes qui aurait la gueule d’un tyrannosaure. 

Une part de moi, sûrement très jeune, se demande toujours comment une machine pareille peut exister. Pourtant on n’était pas si mal dans nos grottes à cueillir nos fruits et à manger l’un ou l’autre lapin, en relative sécurité car c’était bien après la disparition des tyrannosaures. Mais la pelleteuse a fini par sortir de la tête de quelqu’un. Un homme pour ne rien vous cacher, les femmes étant coincées dans la grotte pour assurer la survie de l’espèce.

Tout a commencé avec la roue. L’arrivée de la technique. Ce monde d’hommes et de machines. Grand sujet pour les femmes que celui de l’appropriation de la technique. Entre 80 et 98% des ingénieurs sont des hommes, ça dépend des secteurs, le pire étant l’informatique. Terrible quand on voit à quel point cette « tech » comme ils disent dirige notre vie. C’est aussi pour cela que les appareils ménagers, conçus jusqu’ici par des hommes, sont souvent à côté de la plaque (à induction). La prise n’est jamais au bon endroit, et je viens de subir une agression majeure de la part de mon dernier extracteur de jus dont le bol a explosé. Quant à mon congélateur, il faut que je le décolle du mur et que je vienne avec une lampe de poche pour régler la température ... Nous nous sommes déjà séparés du sèche-linge qui rétrécissait agressivement tous les habits qu’on lui confiait, alors même que nos enfants grandissaient à vue d’oeil, il n’avait rien compris.

Mais après tout se dit une autre partie de moi plus grande, cette machine, la pelleteuse, est là pour de bonnes raisons. Pas pour détruire la forêt amazonienne. Mais pour arranger le trou qui existe déjà devant la maison et en faire une mare. Une mare c’est sympa. Il va y avoir des crapauds, dont les crapauds accoucheurs qui chantent la nuit le bonheur de porter leurs bébés sur le dos, des grenouilles, des libellules et des tas d’autres bestioles rigolotes et indispensables à la survie de la planète.

Donc c’est une gentille machine. 

Mais je n’y peux rien. J’imagine toutes les petites bêtes, les petites fleurs, les brins d’herbe que les grosses roues vont écraser, déranger au mieux, tuer au pire. J’imagine tous les campagnols ayant fait leur nid au fond du trou qui vont y finir enterrés vivants. Comme des fosses communes dans trop de guerres dans le monde. Je suis comme ça. J’ai une imagination galopante. Et peut-être exagérée. Mais. Je vais rester planquée dans mon bureau pendant toute la durée heureusement courte des travaux. 

Je culpabilise aussi un peu. Je me dis qu’on aurait pu s’y coller avec mon compagnon. Lui au fond du trou avec la pioche et la pelle. Moi au bord avec les seaux que j’irais vider au fur et à mesure à quelques dizaines de mètre de là. On en aurait juste eu pour trois ou quatre ans vu notre emploi du temps quotidien. Mais ça nous aurait fait les muscles et les poumons. 

Comme ces enfants en Afrique, ceux qui vont piocher au fond du trou les métaux rares dont sont faits nos portables. 

Il y en a plein qui survivent. 

Patte de tyrannosaure, Béarn, année 2019.

Patte de tyrannosaure, Béarn, année 2019.

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UNE NUIT DE SORCIERE

par Marie-José Sibille

publié dans Alterégales , Le quotidien c'est pas banal

UNE NUIT DE SORCIERE

La Pleine lune, point d’orgue du calendrier féminin

 

3h40 cette nuit. Je me réveille en sursaut d’un rêve à forte empreinte émotionnelle. La lumière de la lune entre dans ma chambre. Mon compagnon dort profondément. Il a raison. Qui sait ce qui pourrait lui arriver dans cette nuit peu favorable à l’énergie masculine.

La chatte - rousse pas noire – miaule dans le salon. Je sors. Deux chauve-souris habitent à l’intérieur de la maison depuis quelques semaines. Elles volent dans tous les sens et la chatte leur court après sans succès. J’ouvre grand la baie vitrée pour qu’elles puissent sortir. Mon amour des chauve-souris ne me rend pas insensible à leur vol rasant ma tête, jamais trop près mais assez pour sentir les vibrations dans mon corps. Je les laisse essayer de trouver la sortie. Les chouettes s’en donnent à cœur joie dehors. J’aime. Je vais dans mon bureau, décidée à écrire quelques lignes. Une ENORME araignée noire traverse la pièce de toutes ses huit longues pattes. Je n’ai pas peur, je sais que c’est une tégénaire inoffensive, de sexe mâle, qui cherche une femelle à aimer. Bonne chance. 

Je sors dans la nuit, la sensation de l’herbe humide sous mes pieds nus est un bain de jouvence. C’est la Pleine Lune, cela ne pouvait être qu’elle. 

Reprise encore cette année dans ce calendrier social fait de rentrées, de contraintes, d’objectifs, de listes, et donc aussi de corvées puis de loisirs indispensables pour « décompresser », j’étais passée à côté. Merci de m’avoir réveillée Mère-lune.

Soyons clair.es, je me suis construite une vie de rêve dans un lieu de rêve où le rythme naturel et la liberté du désir restent quand même mon objectif principal si ce n'est toujours le centre de ma vie. 

Alors je m’interroge sur mes soeurcières citadines. Comment font-elles quand les lumières de la ville et ses nuages de pollution les empêchent d’accéder à la lune gonflée de désir, mais aussi à l'éblouissante Vénus, ode exaltée à la féminité accaparant tous les regards dans le ciel nocturne ?

Prennent-elles alors leur balai pour célébrer au moins tous les 28 jours ce point d’orgue du mois féminin ? 

Bienvenues si vous voulez atterrir devant mon chalet.

Attention de ne pas percuter chauve-souris et chouettes, je n'ai pas mis de panneau de signalisation. 

Mais je vous fais confiance, vous connaissez bien la conduite de nuit. 

https://www.psaltery.org/wordpress/galerie/. De superbes photos.

https://www.psaltery.org/wordpress/galerie/. De superbes photos.

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