Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

le quotidien c'est pas banal

Le Grand prix de Pau, un écocide ordinaire ...

par Marie-José Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , Heureusement il y a des gentils ... , Malheureusement tout est vrai ! , Le quotidien c'est pas banal

Le Grand prix de Pau, un écocide ordinaire ...

 

Mes lectrices et lecteurs d’autres régions et pays feront le lien avec leurs propres écocides ordinaires, banalisés à deux pas de leurs lieux de vie.Très près, il y a par exemple la création complètement anachronique d'un nouveau rallye du Piémont Oloronais ...

 

Ce week-end, ma fille a un « jour férié » supplémentaire pour cause du passage du grand prix de Pau près de son lycée.

Montée de rage (malgré la joie de la journée avec ma fille, ça n’a rien à voir).

Dur, dur de ne pas faire un « die in » devant la gare ou une grève de la faim devant la mairie pour arrêter ces bêtises de petits garçons (et de plus en plus de petites filles) qui détruisent allègrement le monde.

Pourquoi font-ils (elles) cela ? 

En développant au maximum mes capacités d’empathie j’ai réussi à isoler les points suivants, et à proposer des alternatives :

Le plaisir des spectateurs, le « divertissement » et « l’animation » (qui paradoxalement signifie mettre en vie) : je propose d'isoler un lieu sacrifié pour l’ensemble de la planète, type cirque romain international, et de diffuser le spectacle au cinéma sur écran géant, comme on le fait depuis peu pour les opéras et les concerts. Regardez le film « Hunger Games », c’est possible !

Le shoot d’adrénaline, encore appelé « sport automobile » : mettez-les devant des jeux vidéos  grandeur nature en immersion totale ! Ou offrez-leur un stage de wingsuit (sport consistant à se jeter dans le vide avec un habit en ailes de chauve-souris : https://youtu.be/t6KmxvEnkuU), de funambulisme en haute altitude ou de toiturophilie (art de grimper sur les toits sans sécurité) ! Même les vidéos me donnent envie de vomir, l’adrénaline n’est définitivement pas mon booster hormonal préféré ...

L’habitude : pour cette maladie chronique du vieillissement à un poste de responsabilité, je propose de changer les responsables. D’ailleurs la seule fois où le grand prix de Pau a été annulé c’est parce qu’une nouvelle tête – féminine – était en charge de la municipalité.

La peur : la pétition contre le grand prix de Pau a déclenché une contre-pétition et des hostilités réactionnaires archaïques, machistes et mécanicistes importantes. Et des agressions au moins verbales contre les pétitionnaires. Les arguments sont ... je passe. Peut-être recevrais-je mes premières insultes en ligne suite à ce post ? Contre la peur, il y a la solidarité des réseaux, la justice, le courage. Et aussi l'imagination : que dirons-nous à nos petits enfants obligés de vivre dans une terre passée au micro-ondes quand ils nous demanderont des comptes ?

L’argent : le grand prix cycliste de Pau (sans caravanes publicitaires multi-polluantes), le marathon de Pau, le tour de Pau à cheval, en âne, une course de montgolfière (les enfants adorent), à dos d’ours des Pyrénées, ... les initiatives créatrices et ludiques pourvoyeuses d’argent et de marche du commerce ne manquent pas. Qui plus est le coût pour la ville (donc les citoyens) est énorme. Nous payons cher le plaisir de certain.es. Il serait beaucoup moins important avec des vélos ... 

Alors pour cette manifestation comme pour tant d’autres écocides ordinaires, arrêtons les bêtises, assumons l’urgence écologique, résistons.

Montrons l’exemple, témoignons. 

Et aussi éduquons les petits, écrivons, expliquons, transmettons avec le moins de colère et le plus d’empathie possible.

Il est peut-être encore temps.

Voir les commentaires

LE (PARE-)CHOC DU JOUR ...

par Marie-José Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , Malheureusement tout est vrai ! , Le quotidien c'est pas banal

LE (PARE-)CHOC DU JOUR ...

 

Il y a des moments comme ça où tout le savoir qui était jusque-là dans la tête tombe brutalement dans le ventre et devient connaissance. Connaissance, cela veut dire naître avec, réaccoucher d'un autre soi, plus éveillé. La conscience devenue chair et émotion devient incontournable, impossible à éviter, à dénier.

Hier matin j'ai vécu un microévènement révolutionnaire de ce genre.

Je suis partie de Lasseube à Pau seule, en voiture. Cela m'arrive rarement. Des fois où il fait trop mauvais, ou encore le délai trop serré, hier il y avait les deux, pour envisager une alternative raisonnable de type scooter/bus. Des fois où il est impossible de renoncer, reculer, annuler car d'autres personnes sont en jeu. 

Une fois comme ça donc.

Je suis partie à 8h10 pour être à 9h à Pau, soit une moyenne estimée de 21 km/h, cela me paraissait raisonnable, j'avais de la marge ...  J'avais même l'idée de m'arrêter poster une lettre importante.

Je suis finalement arrivée en retard, ma moyenne ayant chuté à 18km/h alors que j'ai roulé à 60km/h de Lasseube à Gan, mais je suis surtout arrivée sous le choc, un choc sûrement incompréhensible pour mes collègues. Tout le long de la route de Gan à Pau, en plus de rouler au pas, les milliers de voiture que j'ai croisées, dans les deux sens, ne comportaient qu'un conducteur, et c'est tout, sauf très rares exceptions. En ville c'était pareil, sans l'excuse de la campagne.  J'ai par la suite appris que 16% des automobilistes prennent leur voiture en ville tous les jours, seul.es, pour un trajet compris entre 1 et 5 km, et 26% entre 5 et 10km, dans un périmètre où les transports en commun sont légion. Pourtant le vélo, maintenant à assistance électrique possible, reste le véhicule le plus rapide jusqu'à un trajet de 6km en ville, et bien plus dans les bouchons. Donc il n'est pas question de vitesse, mais de confort, d'habitude de comportement, d'impossibilité de penser alternativement.

Mais bon. Nous en sommes tous là, à négocier notre congruence minute par minute sur des sujets plus ou moins sensibles.

Je reviens à ma chute dans le ventre.

J'ai eu largement le temps d'observer chaque voiture, chaque conducteur, rouler au pas. J'ai ri de joie pure en voyant les vélos nous doubler allégrement, voire même les piétons à certains endroits. Je me suis poussée sur la droite pour faire de la place à tous les autres deux-roues. Pour une fois je n'écoutais pas la radio ni même de la musique, je ne profitais pas du presque arrêt permanent pour répondre à mes sms, téléphoner ou noter vite fait quelques mots dans mon carnet pour un futur écrit.

J'étais totalement dans la contemplation de la folie humaine.

Et j'ai su qu'un système aussi contraire à la nature, à la raison, au sens commun et à tout le reste ne pouvait que s'arrêter très vite. 

Inexorablement. 

Pour le plus grand bien de tou.tes.

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 > >>