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le quotidien c'est pas banal !

Une vraie mère poule !

par Claire Sibille

publié dans On peut choisir sa famille , Adopter sa famille , Le quotidien c'est pas banal !

Une vraie mère poule !

 

Effie, notre poule de Pékin, est sortie récemment d’un jeûne sec de 21 jours pendant lequel elle n’a pas bougé de dessus son œuf unique, tout petit, si fragile. Un petit être de 3 cm de haut a fini par en sortir : Popi, c’est son nom. Nous ne savons pas ce qu’il va devenir car son père est un coq géant alors que la mère est une poule dite naine, par comparaison avec les poules habituelles. En tous cas il crie, il mange, il grandit, il fait tout ce que doit faire un bébé. Ce qui me touche le plus c’est de le trouver sur le dos de sa mère bien caché sous les plumes, pas besoin de chaleur extérieure, la mère est une vraie bouillotte.

Pour la fête des mères, elle aura droit à une pâtée particulièrement réjouissante pour elle, à base de flocons et de lait d’avoine avec de la laitue mixée. Il paraît que c’est top dans son état cumulant rupture de jeûne et démarrage de la maternité active. En tous cas elle a l’air d’apprécier.

Je reçois en thérapie nombre de mères souvent épuisées par la charge mentale et émotionnelle, la double voire triple journée quand il faut aussi s’occuper de parents vieillissants. Je reçois des mères qui doivent parfois gagner leurs galons de maternité suffisamment bonne sur le champ de bataille de la critique sociale, des injonctions « psy » ou familiales permanentes. C’est le cas en particulier de certaines mères célibataires, homosexuelles, adoptives ou « pièces rapportées » dans les recompositions familiales. Illégitimes et coupables, comme le sont aussi les « non-mères », n’ayant pas pu ou pas voulu mettre au monde et/ou élever des enfants, souvent tenues de justifier leur refus, de légitimer leur désir, voire si c’est leur cas de s’excuser d’être stériles.

La caractéristique que je retrouve la plus fréquemment chez les mères est la capacité à faire passer le désir de l’autre avant le leur. Leurs enfants en priorité, mais ensuite, par contagion, leur compagnon ou compagne, leurs parents plus ou moins vieux, plus ou moins dépendants, leurs responsabilités professionnelles aussi, en particulier pour celles, nombreuses, qui travaillent dans le soin, le social, l’éducation.

Empathie et dévouement remarquables.

Mais la ligne est vite franchie du désir au besoin, souvent confondus, en particulier chez leurs enfants. Et nombre d’entre elles font passer le désir des autres avant leur propre besoin, jusqu’au fameux burnout maternel. Or le besoin, contrairement au désir, est vital. Sur le plan physique, cela paraît une évidence, ce sont les besoins primaires : nourriture, sommeil, maintien d’une santé acceptable. Mais les besoins ne sont pas moins essentiels quand ils concernent la vie émotionnelle, relationnelle et mentale. Et ils sont nombreux : solitude et liens sécures, expression émotionnelle et besoin de nature, écoute de leur parole et partage, créativité, nourritures culturelles et intellectuelles, accès au plaisir…  Ne pas les respecter conduit à la dépression en particulier, et à toutes les manifestations physiques de la dépression à travers en particulier les douleurs et maladies chroniques, l'état de stress permanent. Toutes ces injonctions et contraintes souvent paradoxales voire en conflit les unes avec les autres ont explosé depuis le début de la crise sanitaire. Et l’épuisement n’est pas tant lié à la seule maternité qu’au cumul des injonctions auxquelles elles s’obligent à répondre, associé à l’oubli ou à la mise au placard de leurs besoins essentiels.

Alors j’ai une pensée pour elles quand je me régale à regarder ma mère poule virer son petit de la gamelle, il a tendance à mettre les pieds dans le plat, le mettre de côté à coup de bec maîtrisés et de petits cris qui ne laissent aucun doute sur sa parole et sa capacité à se faire respecter. Maman mange d’abord, fiche-moi la paix pendant ce temps.

Message reçu 5 sur 5 par Popi qui prend un peu de distance en attendant son tour.

Alors bonne fête à toutes les mères, sans oublier les non-mères, et, surtout, soyez de vraies mères poules !

Une vraie mère poule !

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Le choc d’une chanson oubliée ou pourquoi l’art est un produit essentiel

par Claire Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , Le quotidien c'est pas banal !

Le choc d’une chanson oubliée

Ou pourquoi l’art est un produit essentiel

Billet rapide d’humeur engagée

(Pour écouter la chanson en même temps, lien ci-dessous) 

Melocotón de Colette Magny m’a été balancée dans les oreilles de manière inattendue lors d’un transit sur un réseau social. L’émotion est venue d’un coup et les images en foule, mes parents dansent, ma mère chante, la joie de vivre.

Juste après la nostalgie elle est venue d’ailleurs, la joie. Et la certitude que l’art change le monde en mieux. C’était un jour avant que le gouvernement ne décide que l’ouverture des grands magasins est plus importante que celle du théâtre où je rêvais d’aller pendant les fêtes. Sans aucune justification raisonnable crédible.

Or si je dois me souvenir de ce qui m’a soutenue en 2020, l’art et la création sont essentiels. Avec la Nature, grande artiste ou co-créatrice je ne sais pas encore très bien. Et les liens intimes qui nécessitent eux aussi un renouvellement permanent. L’art et la création, la Nature et l’intimité, voilà quels ont été mes champs d'expression et de ressourcement cette année. Pourquoi alors ce sentiment que les pouvoirs en place dans le monde cherchent à détruire les trois ? Ou en tous cas les mettre bien au bout de la liste des priorités essentielles ? Paranoïa et complotisme galopants ? Ou simples interrogations liées à l’observation ?

Il a fallu sauver Noël quand même car la famille traditionnelle reste un pilier fort des pouvoirs en place, un lieu de défoulement qui sert d’exutoire mesuré, contenu, pas comme le réveillon de la Saint Sylvestre et ses débordements carnavalesques incontrôlables. Un exutoire permettant de faire passer les décisions les plus ahurissantes en toute sécurité, en espérant que le défoulement autour de la dinde dans des joutes oratoires entre générations sera suffisant pour calmer les esprits.

En déplacement, j’ai regardé comme je le fais quelques fois par an le journal télévisé. J’ai vraiment été scotchée sur ma chaise pendant quelques minutes avant de trouver la force d’appuyer sur le bouton rouge de la télécommande. Vive le retour de l’ORTF, l’exaltation de la pensée unique et la pédagogie débilitante pour finir de convaincre les récalcitrant.es. A un moment, quand une « experte » expliquait « il faut être patient mais tout le monde finira bien par être vacciné » avec force détails et mouvements des bras, j’ai vraiment cru que j’avais 5 ans ! Et les personnes interrogées dans les micros-trottoirs ? Pas une voix en-dehors des clous, même pas un vieux râleur ou une jeune rêvant de révolution (ou l’inverse).

Alors mieux vaut écouter Melocotón et se souvenir des belles choses.

Mieux vaut écouter Melocotón et soutenir les belles choses.

Quelle voix, non mais quelle voix ! Et des tas d'autres superbes chansons, en particulier une reprise bouleversante de "Stranger fruit" de Billie Holliday.

Une artiste trop en-dehors des clous féminins pour son époque.

Une artiste trop en-dehors des clous féminins pour son époque.

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