Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

2019 : De l'empathie sinon rien !

par Marie-José Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , Heureusement il y a des gentils ... , Le quotidien c'est pas banal , Malheureusement tout est vrai !

2019 : De l'empathie sinon rien !

(Mais alors vraiment plus rien...)

 

Janvier est un mois que j'aime. Dès le 2, je me sens comme une isarde au sommet du Pic du Midi d'Ossau, à l'image du Capricorne bondissant, signe symbole de ce mois dans notre calendrier de quatre saisons. La tête haute et les cornes pointées vers les étoiles je regarde l'étendue de l'année à venir à mes pieds et n'y voit que du beau et du bon. Le soleil brillant, le ciel froid et lumineux me donnent des envies de pureté, de toute puissance, de perfection, d'ailleurs je me sens inatteignable. Que pourrait-il m'arriver si haut, si loin de tout ? 

C'est là que tout peut déraper. 

Je peux me mettre à regarder la foule depuis ce pic et penser : loin de moi cette piétaille coincée au fond de la vallée entre les particules cancérigènes du diesel et de la malbouffe d'un côté et les fins de mois impossibles de l'autre. Seule au sommet du monde, ils ne pourront jamais m'atteindre.

Mais le temps passe, et j'ai froid. 

Au loin dans la vallée, je vois des feux qui s'allument, des chants montent vers moi qui m'appellent. Finalement les rejoindre ? 

Dans un de ses remarquables livres, L'âge de l'empathie, l'éthologue Franz de Vaal raconte : "Interrogé par un magazine religieux sur ce que je changerais dans l'espèce humaine si j'étais Dieu, je dus me creuser la tête".

Et il développe pourquoi en citant nombre d'exemples terribles tirés des Sciences et de la Politique. N'est-ce pas le propre des apprentis sorciers de vouloir changer le monde plutôt qu'eux-mêmes ?

"Mais si je pouvais modifier une seule chose", rajoute-t-il, "ce serait pour amplifier le rôle de l'empathie".

Je me fais l'écho de ce vœu pour 2019. 

Tous les jours des psychopathes, ou pour le moins des sociopathes, détruisent la vie et des vies par milliers. Des vies humaines, animales, des vies d'arbres et de pierres. Dans nombre de pays, dans nombre de multinationales, dans nombre d'administrations et d'institutions, ce sont eux qui sont au pouvoir. Sont-ils seuls responsables de l'état du monde ? Non.

Et nos enfants risquent de nous demander pourquoi nous les avons laissé faire. 

Car notre silence a été leur bénédiction.

Bénédiction, cela signifie étymologiquement "bonne parole". Notre silence soumis, terrorisé, ou notre silence complice asservi par la consommation addictive est la seule caution qu'ils nous réclament.

Une caractéristique essentielle des sociopathes est l'absence d'empathie affective, même s'ils savent parfaitement comment utiliser les autres à leurs fins. Dans le même livre, Franz de Vaal développe l'idée que l'empathie n'est pas une vertu exclusivement humaine, approche très controversée dans nos sciences "humaines" très anthropocentriques. Chez nombre d'auteur.es, psys ou philosophes, l'empathie intervient dans ce qu'ils considèrent comme la fin de l'évolution, l'être humain et ses lobes cérébraux préfrontaux développés. Franz de Vaal nous montre qu'au contraire elle existe de manière remarquable chez les animaux et même, me semble-t-il, sous une forme primitive dès la vie cellulaire. 

Je dirai que l'empathie s'enracine dans le vivant, non dans la raison.

Relever les défis de notre temps c'est mettre la totale priorité sur le développement de cette empathie, dès ses manifestations les plus profondes et racinaires jusqu'aux plus élaborées. 

Écologie, migrants, gilets jaunes et rubans verts, éducation, abolition de toute forme de sexisme ou de racisme, psychothérapie devenant écothérapie, soin à la personne, antispécisme, médecine, alimentation, pouvoir et direction du monde, et même couple qui dure, toutes les démarches, toutes les relations, tous les projets qui ne sont pas ancré.es dans l'empathie sont voué.es à disparaître avec le monde qu'elles détruisent par la même occasion. 

Heureusement, le vivant ne disparaîtra pas. Car il est empathique. 

Alors prenez soin de votre nature vivante, en 2019 et après.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
E
Bonjour Marie José,<br /> <br /> J'ai lu ton article et me sens entre deux. J'ai envie de partager avec toi ma réflexion. <br /> <br /> Cette empathie est pour moi quelque chose de l'ordre animal. Un reflex, un sens, un capteur traducteur sensoriel. Et oui, un peu comme on aurai l'oreille musicale, le rythme dans la peau, il semble que certains n'en soit pas dotés. Naturellement.... dotés. Est-ce que l'empathie peut se développer ? Comme on entraîne son oreille aux harmoniques? Encore faut il entendre!<br /> <br /> N'empêche qu'une chose est sûre. J'en ai de l'empathie! Il n'y a qu'à me mettre dans une salle de restaurant bondée.. si je suis fatiguée ou que quelque chose me met en vigilance dans ma vie en générale, une simple scène de restaurant se transforme en calver.<br /> Je sens... tout... chaque personne émettant comme un vent de particules émotionnelles dont je capte la moindre fluctuation. Sauf que tout arrive d'un coup ! Une tempête solaire à l'échelle de l'émotion. Mes yeux balayent la salle essayant de filtrer les informations, de donner de la contenance à ce don de vigilance poussé à son extrême. Je n'arrive pas à me fixer. Tout va très vite: homme pâle, mal de gorge, triste, jeune fille en colère, degout dans mon vendtre, discussion cachant perversion, mains moites, silence pesant, regarts vides, détresse, du bruit ! Bcp de bruit qui cache la misère humaine. Des odeurs, trop d'odeur dans une salle ou ça sent la souffrance. Alors je me concentre... concentres toi sur ce qui est bien Elodie, bon, positif. Je m'appuie sur le sourire d'un proche, si tant est qu'il aille bien ce jour là. Je chercher une preuve d'amour, une joie authentique, un regard bienveillant.. et si je le trouve je m'y accroche jusqu'à ce que la vague passe.<br /> Si non.. il me faudra partir.<br /> Une thérapeute m'avait conseillée d'imaginer cette scène en moi. Ça donne ça : Une salle, mon corps, grande et pleine d'espace. Des fenêtres, les gens, toutes ouvertes, laissent passer l'air, leurs émotions, à travers la salle, moi. Les courants dair s'entrechoquentcréant un vortex violent et incontrolable, il s'agit donc d'apprendre à fermer les fenêtres. Stopper mon empathie. Alors, une par une, si je peux, je ferme les fenêtres.<br /> <br /> Un comble! Mais oui..... indispensable à mon équilibre, comme cet isar qui prend de la hauteur pour ne plus se sentir submergé par le monde et sa noirceur, j'ai besoin de m isoler. <br /> <br /> L'empathie est pour moi un super pouvoir de super héros. Elle me donne accès à des lectures émotionnelles immédiates et en apprenant à lire mon corps je découvre même une façon de la raisonner, ou de raisonner (sens sonnore) et d'accompagner mon prochain dans son mieux être. Grace à elle jai pu survivre à une education tyranique, perverse et totalement instable. Etre à l'affût de la moindre fluctuation emotionnelle de mon environnement pour savoir comment reagir! Et tout ca sans passer par la raison. Animal! Instinctif! Puissant. Rapide!<br /> <br /> Mais à certains moments, même si la guerre est finie .. dans l'intensité offerte par la vie et ses expériences, c'est une autre affaire. Elle semble être tellement connectée à ma survie qu'elle se declenche très fort au point de me faire vivre des scènes d'angoisse intenses d'où découle un effondrement. Puis, une envie d'isolement et du mépris pour l'humanité tout entière.<br /> <br /> Au fil du temps j'apprends à la dompter. A me donner le droit de ne plus être systématiquement ouverte à l'autre. Mais aussi à lui donner du crédit à mon empathie ! A accepter que oui, cette situation que j'ai sentie dans un mal être intense est véritablement mauvaise. Oui j'ai un sens affûté pour certaines situations et non je ne suis pas obligée de subir. Juste besoin d'un temps de calme au milieu du tumulte empathique de ma condition humaine. Pour me construire moi. Et descendre de la montagne, quand le climat est bon, que les chants sont joyeux, ou quand la noirceur m'est supportable pour continuer à vivre dans le monde et non hors du monde.<br /> <br /> Bonne année à toi aussi, où que tu sois sur l'échelle de la montagne! Et merci pour cette réflexion partagée et ta lecture. <br /> <br /> A bientôt.
Répondre
M
Merci Elodie, je réponds plus longuement dès que j'ai le temps, je ne voudrais pas trahir Franz de Vaal et l'empathie !
A
Offert comme cadeau de Noël : http://www.arenes.fr/livre/vie-secrete-arbres/<br /> A l'image du légendaire Sylvebarbe, eux aussi sont empathiques.
Répondre
M
Très bon livre. Et tout à fait d'accord pour les arbres ... et la référence à Sylvebarbe !