Méditer ... ou vivre l'instant présent.
Méditer ? Ou vivre l’instant présent …
Méditation.
En parler dans les années 70 était très à la mode mais faisait de vous un illuminé ou une adepte de Krishna et de quelques équivalents.
Comme pour le jeûne dont j’ai parlé ailleurs, je regardais en petite fille puis ado curieuse ma mère se livrer à toutes ces pratiques improbables par refus d’un carcan éducatif et culturel qui l’étouffait alors.
Puis au début des années 80, la méditation s’est réfugiée dans quelques sectes et quelques ashrams bouddhistes et temples zen pour laisser la place à la société de consommation et au tout médicament pour se sentir mieux. A peine si quelques psychanalystes arrivaient à survivre. Et les psychothérapies et démarches alternatives se planquaient dans des écoles privées pour continuer à faire passer leur savoir.
Et puis le raz-de-marée des thérapies venues d’Amérique a envoyé une boule dans le jeu de quilles bien aligné du triangle psychanalyse/médicament psychotrope/sectes illuminées ou écoles alternatives et a remis la méditation à la mode.
Maintenant il ne se passe pas une semaine sans que je reçoive une pub MEDICALE, pour des méditations enseignées par des MEDECINS et CAUTIONNEE PAR L’UNIVERSITE, pour ce qui il y a à peine quelques années me faisait passer pour une folle ou une victime de secte.
Il faut s’accrocher pour ne pas réagir et ménager son taux de cortisol.
Pourtant je devrais avoir l’habitude, l’état a aussi récupéré la psychothérapie pour en faire une chose grise et terne, cautionnée par des diplômes, et en aucun cas par un travail sur soi.
Revenons à la méditation.
Quelle méditation ?
Dans beaucoup de démarches, même sympathiques et facilitant la vie via Internet par exemple, la confusion entre méditation, visualisation, sophrologie, rêve éveillé et j’en passe, y compris leçon de morale sur les émotions à bannir, tout est confondu.
Alors comme toujours dans ce cas, je vais voir la racine étymologique du mot, et je me rends compte que le mot est un synonyme de thérapie … à part qu’il est spécialisé dès l’origine, au moyen-âge, dans le domaine médical. Il signifie alors donner des soins dans le sens de porter remède. Nous voilà bien. Le mot a évolué pour devenir synonyme d’une intense réflexion, celle des médecins qui soignent, avec une capacité de jugement et « de prendre avec autorité les mesures qui s’imposent ».
En bref je vais devoir abandonner ce mot car il signifie l’opposé de ce à quoi j’aspire, la non réflexion, le non jugement, le non contrôle.
Alors vivre l’instant présent, avec ce qu’il implique de lâcher prise me va bien.
L’instant présent est un bel endroit pour s’asseoir, un bon lieu pour se reposer, portée par le souffle qui m'anime. Il est comme un refuge de haute montagne, une cabane solitaire près d’un pic ou d’un col. Difficile d’y accéder. Quitter la vallée, pas forcément celle des larmes, mais celle des listes oui. Liste des choses à faire, liste des choses qui font tout pour que l’on croit vraiment devoir les faire. Laisser partir les mots en regardant passer les nuages.
Puis monter en laissant à chaque étape un sac d’émotions recyclées, transformées, qui nourriront les vautours et les fleurs de montagne.
L’instant présent est un concentré d’éternité, de temps géologiques aussi, dans le calme et le silence vivant du corps.
Et si je creuse encore plus au fond de moi, j’entends les êtres qui nous ont précédé, car dans l’instant présent ils sont tous là.
Leurs yeux, mais aussi les yeux de ceux qui nous suivront, nous sourient, denses et profonds comme un lac de montagne.
Ecrit le 4 août 2016.