J - 1 COMME JEUNE - 1
J - 1 COMME JEUNE - 1
J'ai commencé hier matin jus de fruits, eau minérale, trois noix avant de prendre le train, c'est tout. Des vieux réflexes: dans le hall de la gare, je regarde les sandwichs avant de me rappeler que 1) Je n'en mange plus depuis des lustres 2) Et encore moins aujourd'hui. Je gagne un jour de jeûne en commençant avant l'arrivée: 8 jours, j'aime bien la forme ventrue de ce chiffre nourrissant.
Dans le train, une femme dévore un paquet de Figolu, mon biscuit préféré, il était a côté de la boite de pastilles Pulmoll dans l'armoire de ma grand-mère ... Je vois la pulsion jaillir de moi, style sabre laser de la guerre des étoiles, droit vers le paquet de biscuits croustifondants. Mais je reste stoïque, je maîtrise à fond.
J'occupe mon esprit en réalisant une étude exhaustive de ce que mangent mes cowagoneurs: le monsieur à ma gauche, la bonne soixante-dizaine, une canette de bière; la jeune femme derrière moi, un paquet de chips; il semble que la dame aux Figolus soit la plus raisonnable. Je gagne en motivation. A l'arrêt suivant monte un échantillon de toutes les barres chocolat/gaufrette/caramel au beurre salé possibles. Elles prennent une place entière à côté de l'étudiante qui les mange d'un air absent en tapant sur son ordinateur. Les barres chocolatées sont suivies de deux sacs de M....... portés par un ado et ... une vieille dame, quelques boites de sushis et cuisine orientale, là c'est plus dur. Et voilà la vente ambulante dont la pub est faite à chaque arrêt au micro .... La SNCF ne fait définitivement plus partie du service public!
Sur le quai j'ai une bouffée de sentiment océanique, les larmes aux yeux de voir tous ces gens si différents, jeunes militaires de toutes les couleurs, ados sur leur smartphone, couples de tous âges, de toutes énergies et de toutes relations. J'ai commencé à regarder "Human" hier soir, le film de Yann Arthus Bertrand, et je vois ces gens comme dans le film. Très proches. Trop proches.
C'est sûrement déjà un effet des endorphines du jeûne.