1, 2, 3, sommeil éternel ...
Trois jours après le massage dont j'ai parlé dans "des symptômes et des soins", et aux photos desquelles le titre de ce post fait écho, Djak est mort.
Sur un plan qui dépasse cette forte expérience personnelle de partage et de deuil, cela montre une fois de plus à quel point le toucher aide à lâcher prise, à quel point il serait plus utile aux personnes qui vont nous quitter que des maintiens en vie mécanistes et médicamenteux.
Le toucher est encore tabou dans de nombreuses approches thérapeutiques dominantes. Il est considéré comme une emprise, une dépendance, un outil incontrôlable. Il est perçu trop souvent dans une problématique d'attachement de type évitant, clairement dominant dans le système de santé public en France. Cela est très difficile pour les personnes en fin de vie mais cela l'est aussi pour tous les personnels obligés de réprimer leurs émotions, leur empathie, leur humanité, car ce temps de "l'intime professionnel" est incompatible avec les diktats de gestion et les tolérances relationnelles où l'enseignement dominant est "apprenez à mettre à distance". Ils en payent un prix fort en terme de burnout et de souffrance au travail, mais aussi de maladies consécutives, alors même qu'ils et elles ont quitté leur travail. Certain.es ne s'en sortent qu'en développant des comportements violents et de la maltraitante envers les personnes, parfois mécaniquement nommé.es les "usagers". C'est un défi très important de la santé collective actuelle dans notre pays, que de petites structures à taille humaine arrivent parfois à relever, maisons de naissance, crèches, foyers de jeunes, maisons de retraite, car elles se donnent les moyens en terme de temps donné à l'intime et au lien, de formation continue, de régulation et de compréhension de leur pratique. Ces outils sont souvent nommés supervision ou analyse de pratiques professionnelles mais ce sont des termes que je n'aime pas employer, j'expliquerai pourquoi dans un autre article, mais ça doit paraître évident à ceux et celles qui connaissent mon approche.
Alors touchons-nous les uns les autres, en tout respect, et en tout besoin, pour que diminue - un peu - la violence du monde.