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la psychotherapie - de quoi ca parle

Avez-vous besoin d’une Ecothérapie ?

par Marie-José Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , La psychothérapie - de quoi ça parle , Le métier de Psychothérapeute

Avez-vous besoin d’une Ecothérapie ?

 

 

L’Ecothérapie (ou Ecopsychothérapie) telle que je l’utilise en particulier dans mes stages depuis des années est une thérapie qui intègre le contact avec la nature et le vivant comme élément essentiel de la guérison ou de la résilience. Elle tient compte de l’environnement mais aussi du temps, dans le respect du calendrier des saisons, marqué dans toutes les sociétés traditionnelles par des rituels autres que ceux des soldes et des délires consuméristes de fin d'année. 

« Eco » vient du grec « oikos » qui signifie « la maison ».  L’Ecothérapie consiste à transformer « la maison », l’environnement quotidien, pour que celui-ci soit « thérapeutique », c’est-à-dire « prenant soin de la personne », plutôt que « pathologique », c’est-à-dire porteur de « pathos », de passions toxiques. 

Voilà comment je me retrouve finalement femme au foyer ...

La nature est excessive dans sa créativité, son abondance, ses violences et ses remèdes apaisants et miraculeux. La pathologie est la face destructrice et sombre, mortifère, de l’excès.

Cette approche intégrative et écologique du soin et de l'accompagnement réclame d’être défendue encore plus aujourd’hui où une psychothérapie rationaliste, sur ordonnance, cautionnée par « La Science » a réussi à s’imposer comme psychothérapie d’état.

Précisons que "La Science"  ce n'est pas les sciences ou la pensée scientifique contre lesquelles je n'ai rien, je m'appuie même souvent dessus, en particulier l'Ethologie ou les Neurosciences. Quoi de plus passionnant que les molécules-mémoire chez le papillon ou la transmission transgénérationnelle du stress chez les poules ? Et tout aussi fabuleux la description de la vie - aujourd'hui - d'une étoile à neutrons, ou les avancées prodigieuses dans le domaine de la Botanique, qui nous permettent par exemple de rencontrer des arbres amoureux mourant ensemble, ou des arbres solidaires qui se préviennent en cas de danger. 

Par contre​​​​ ​​​"La Science", comme "La Religion" est une pensée dogmatique, un coup de massue asséné sur toutes les têtes qui dépassent ou s'écartent, toutes les têtes et les coeurs qui voudraient penser autrement, ou de manière plus complexe. "La Science" est un outil de pouvoir et de contrôle, là où les sciences sont une découverte continue de la richesse du vivant et un apprentissage quotidien de l'humilité. Pour "La Science", il faudrait croire de manière dogmatique tout ce qui est dit à un moment "t", tout en décriant et reniant tout ce qui a été dit par la même Science à "t-1" comme étant obscurantiste et irrationnel. Elle demande allégeance et obéissance, refuse toute pensée critique ou alternative. Y compris dans le domaine de la Psychothérapie. Car nombreux et nombreuses sont les  personnes qui ne veulent pas louper le dernier TGV qui passe, cela peut se comprendre. Et il est plus simple pour les pouvoirs en place de rajouter des exigences universitaires plutôt que d'essayer de lutter contre l'incompétence relationnelle et émotionnelle pathologique de certains instances "psys", ou à l'opposé de donner les moyens aux thérapeutes conscients d'éviter le burn-out.

Ces pratiques toxiques pour les soignants et trop souvent inefficientes voire retraumatisantes pour les usagers sont à l'opposé de la démarche de l'Ecothérapie.

L'Ecothérapie permet de ne pas simplement prendre en compte l’individu, ses liens et son histoire intime, mais également « la grande maison » dans laquelle il habite, son environnement, son travail, ses convictions sociales et politiques, sa culture.

Et contrairement à la psychothérapie citée plus haut, il n’est pas question ici de faire un « reset » de l’individu pour qu’il retourne travailler et consommer comme si de rien n’était. Nous sommes dans un processus de changement de conscience par le travail sur soi et sur nos liens intimes et sociaux. C’est une démarche profondément politique car les personnes qui font cette démarche transforment leur rapport à eux-mêmes et au monde, et ainsi changent la « Polis », la cité.

 

Une clé essentielle de ce changement est l’expression, le partage et l’intégration des émotions, les émotions vécues comme une forme d’intelligence créative et transformatrice, et non comme une manifestation infantile ou féminine dans le sens sexiste du terme. 

Totalement dénigrées au moins depuis Descartes, nommées comme dangereuses y compris dans des approches actuelles de méditation, des écrits pseudo-spirituels, méprisées par les scientifiques et les hommes de pouvoir, et par beaucoup de philosophes renommés, rationalisées et réifiées par de nombreux tenants et tenantes de la « pensée positive » et du développement personnel, elles finissent par se transformer en ombres. 

Ces ombres s’incarnent alors terriblement dans les excès de certains hommes politiques ou de groupes entiers incapables de les accueillir. Elles nourrissent les fanatismes religieux, politiques, ou simplement les excès addictifs et consuméristes, portées par des instincts cruels et la vitalité irrépressible d’une violence déshumanisée sans être pour autant animale. 

Elles ressemblent plutôt alors aux Orques de Saroumane et du Mordor dans le Seigneur des anneaux, aux Furies de la mythologie grecque, à l’Hybris aussi, ce déchaînement tellement bien incarné par les catastrophes naturelles auxquelles nous assistons impuissants. 

Elles deviennent monstrueuses et nous effraient de plus en plus.

Car si elles sont les sources vivantes du lien, de l’empathie et de la créativité, le carburant du changement et de la mise en mouvement, les émotions deviennent dangereuses quand on les renie.

Très dangereuses.

Dans les derniers mois, j’ai rencontré de plus en plus de personnes qui ne supportent plus le déni des politiques face aux grands enjeux de notre société.

Si on était en 1940, ces personnes auraient fini par accueillir des enfants juifs dans leur maison avec peur et réticence au début, puis avec enthousiasme.

En 1961, elles auraient été sidérées par les ratonnades parisiennes.

En 68, sûrement auraient-elles brûlé leur soutien-gorge et lancé des pavés à Paris. 

Ou peut-être juste fait l’amour en fumant un joint sur un air de guitare.

En 89, elles auraient hurlé de joie à la chute du mur de Berlin. 

En 2015, elles auraient marché en s’appelant Charlie.

Ce ne sont pas des militantes ou militants de naissance.

Elles prennent du temps pour réagir. Le temps de sentir.  Le temps de ressentir. 

Le temps de ne plus croire à toutes les âneries qu’on leur raconte. 

Le temps de prendre les décisions qui s’imposent.

Le temps de se dégager de tous les plaisirs chronophages qui servent de pansement à leur fatigue chronique. Car elles sont prises dans de multiples contraintes, professionnelles, familiales, elles sont souvent épuisées. Elles donnent tout et on ne leur rend pas grand-chose. Mais à la fois elles ont peur de bouger. Elles se sentent impuissantes. Que faire ? Aller à pied chercher leurs enfants, manger bio, ne plus prendre l’avion, transformer leur quotidien en tri sélectif obsessionnel ?

Jusqu’au jour où.

Ce jour où il y a l’image de trop.

Le bébé orang-outang sur le corps de sa mère morte près d’une forêt massacrée, le petit Rohingya porté à bout de bras par sa maman dans les inondations, la jeune haïtienne violée par un casque bleu, le fils de Donald Trump frimant sur un lion massacré, tellement laid le fils, malgré son profil de beau gosse richissime.

Ce jour-là elles réalisent que personne ne leur doit rien. Elles ont à prendre les choses en main. Et elles le font car ce sont de courageuses personnes, elles l’ont mille fois prouvé dans leur quotidien. 

Ce jour-là les marches où les militants se comptaient au mieux par dizaines, deviennent des marches de centaines, de milliers, de centaines de milliers de personnes.

J’ai vu des femmes et des hommes pleurer d’impuissance et de découragement face à l’état du monde.

J’en ai entendu être envahis par des cauchemars apocalyptiques, un peu comme si ils avaient un accès 4G là où d’autres rament avec une connexion déficiente.

Je lutte moi-même souvent contre l’excès de rage, j’essaie de l’utiliser pour militer, écrire, trouver le courage de continuer à changer mon quotidien malgré l’inertie de la société, l’immobilisme des habitudes installées, la fatigue des contraintes obligées. Etant donné mon bain d'enfance très écologiste, j'ai eu l'impression de hurler dans le désert pendant des années. Je suis heureuse de ne plus du tout ressentir cet isolement. 

Ce que de plus en plus nombreux d’entre nous ressentons face à l’effondrement annoncé et maintenant visible du monde tel que nous l’avons connu jusqu’ici, ressemble beaucoup à cette souffrance compassionnelle que les psychothérapeutes intégratifs apprennent à ressentir sans qu’elle ne les détruise.

Elle ressemble même parfois au traumatisme vicariant, le traumatisme par empathie que vivent les soignants, les aidants et les travailleurs sociaux qui n’ont pas eu la possibilité, ou n’ont pas jugé utile, d’écouter leur affectivité et de partager leurs émotions dans des groupes de régulation et de supervision. Ainsi que de travailler leurs propres psychotraumatismes dans des cadres thérapeutiques efficients, complexes, donnant la priorité à la sécurité émotionnelle et relationnelle tout en utilisant tous les nouveaux outils et les nouvelles méthodes découvertes petit à petit par les sciences, mais aussi l'intuition et la clinique quotidienne.

Écouter et entendre l’impuissance et le découragement, écouter et entendre l’épuisement émotionnel et la fatigue, sans immédiatement porter un jugement, une interprétation ou un conseil supposé bienveillant, sans même parler d’une ordonnance de psychotropes, est une des missions les plus difficiles du psychothérapeute d’aujourd’hui.

C’est déjà difficile pour les burn-outs, les dépressions et épuisements professionnels et familiaux de plus en plus répandus. C'est difficile pour les traumatismes et les blessures d'enfance maltraitée.

C’est encore plus difficile quand se rajoute la conscience de la souffrance du monde.

Dans une psychothérapie classique, le thérapeute vous ramènera invariablement à votre histoire personnelle. Et face au bébé orang-outang vous retrouverez sans aucun doute le jour où maman vous a abandonné parce qu’elle était malade ou mourante. Et grâce à la jeune haïtienne, il réveillera l'image intolérable de l’abus sexuel dont vous avez été vous-mêmes victime. Si jamais vous osez en parler dans votre psychothérapie. C’est indispensable de faire ces liens et de soigner ces blessures. 

Mais ce n’est pas suffisant.

La planète brûle et nos émotions nous brûlent.

C’est le burn-out généralisé.

La psychothérapie quand elle inclue l’Ecothérapie ne nie pas les résonnances individuelles, elle ne s’arrête juste pas à elles. Elle devient alors acte de militance, un acte profondément politique de changement des consciences, impulsé par l’individu ou le groupe qui suit ce processus, mais permis et soutenu par le psychothérapeute au lieu d’être dénié, minimisé ou entravé. 

Cette Ecothérapie devient alors un des lieux de mise en œuvre de la résilience individuelle et collective. 

Alors, « assis au milieu du désastre » comme disent les maîtres zen, on peut reconnaître l’effondrement du monde connu, mais aussi accueillir l'inconnu, le changement possible, dans le partage et même l’enthousiasme.

 

 

Petit à petit ...Petit à petit ...

Petit à petit ...

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Le couple : un lien qui a fait son temps ?

par Marie-José Sibille

publié dans La psychothérapie - de quoi ça parle

Le couple : un lien qui a fait son temps ?

Vivre à deux aujourd’hui, les défis de l’intime

Mise à jour du jeudi 30 août 2018

 

Conférence-débat

Marie-José Sibille, Auteure et Psychothérapeute 

Olivier Trioullier, Thérapeute familial, Systémicien 

 

Vendredi 1er février 2019, 19h

Date unique 

ITS Pierre Bourdieu, 8 cours Léon Bérard à PAU.

Etant donné que l’ITS est vigilant sur la fermeture de sa salle à 21h, nous vous demandons de venir à partir de 18h30 pour que nous puissions commencer à l’heure et bénéficier entièrement des deux heures.

 

 

Des articles, des livres, des films et avant tout des personnes témoignent tous les jours de manières différentes de vivre ce lien d’intimité que nous associons au couple. Ils nous montrent ou voudraient nous laisser croire que pour la sexualité, l’intimité, la parentalité, et même la procréation, on peut se passer du couple ! 

Les fragilités actuelles de cette relation qui n’est plus bétonnée par la religion ni la société la fait reposer sur l’individu, son histoire et ses loyautés familiales, parfois seules garantes d’une continuité possible mais pas toujours souhaitable. 

Et l’amour dans tout cela ? Il fait partie de ces sentiments si vastes et si vagues que chacun peut en avoir une définition, un ressenti et une mise en actes différentes. 

Le couple propose d’abord et avant tout une proximité et une intimité corporelle que nous ne trouvons nulle part ailleurs. Son but initial est la procréation, qui rajoute le corps de l’enfant par le biais de la sexualité. Mais le corps du couple n’est pas que sexuel. Les blessures du couple nous touchent ainsi au plus profond de nous-mêmes, dans le corps du lien, dans le cœur de notre enfance aussi, dans les blessures de nos liens précoces et les fragilités de nos attachements primaires, lorsque le couple devient famille mais pas seulement.

Le couple blessé peut se séparer, se sépare souvent, mais il peut aussi laisser émerger le couple thérapeute, celui qui prend soin, celui qui guérit parfois. D’autres moments de séparation deviennent alors possibles, ou alors le choix libre de continuer ensemble, dans le couple créateur.

    Ces trois dynamiques de couple s’interpénètrent dès le début de l’histoire en plus ou moins grande proportion. Si l’une d’elles prend le dessus, même celle qui paraît la plus positive, celle du couple créateur, mais qui peut aussi masquer des évitements, alors la séparation devient souvent la réponse apportée au problème. C’est donc uniquement dans un but de clarté de l’échange que nous présentons séparément ces dynamiques dans les conférences.

     

    En tant que thérapeutes de couple il est toujours surprenant, sauf à être blasé, de voir arriver un couple amoureux deux semaines après l’avoir accompagné dans une réflexion sur la séparation ou dans un conflit très violent. Ou encore de voir un couple qui semblait bien s’entendre décider de se séparer rapidement voire brutalement. 

    Malgré toutes les connaissances et expériences la surprise reste et elle est nécessaire, elle fait partie des signatures du vivant. 

    Thérapeutes homme et femme ayant l’expérience de travailler ensemble dans l’accompagnement des familles et des couples, nous sommes aussi des personnes vivant en couple, et c’est de ces expériences tant professionnelles que personnelles, et des théories qui parfois les éclairent, que nous nous inspirerons pour animer cette conférence. 

    Quelques thèmes pouvant être abordés dans la conférence :

    - LE COUPLE BLESSÉ, ou les noeuds de l'intime : Besoins, désirs, blessures, violences.

    LE COUPLE THÉRAPEUTE : Empathies, émotions et intelligences à l’œuvre dans couple, réalités partagés.

    LE COUPLE CRÉATEUR : Attachements, sexualités, parentalités, cocréations, résiliences.

     

    Minorque

    Minorque

    Tous les couples ont leur mot à dire

    Tous les couples ont leur mot à dire

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