LA LESSIVE DE CENDRES, PLUS SAGE QU'UN VIEUX SAGE CHINOIS !

La lessive de cendres, plus sage qu’un vieux sage chinois !

Résumé :

Inutile de partir faire un stage de méditation à l’autre bout du monde pour apprendre la philosophie.

Le quotidien, et le vivant, sont des maîtres très patients et souvent plein d’humour.

La lessive de cendres m’a appris deux choses bien utiles dans notre société :

• Comment faire du neuf avec du vieux
• Comment dans le problème se cache la solution

Je vous raconte…

Le 1^er janvier 2024 ne veut rien dire dans le calendrier du vivant dont je vous parle régulièrement. Mais c’est le début d’un nouveau cycle pour une partie de l’humanité, et donc une occasion de « reset », comme le jour de la rentrée des classes pour celles et ceux qui sont sensibles.

Alors, quoi de neuf pour vous en 2024 ?

Moi j’ai changé le paillasson de mon chalet, et j’ai fait un truc que je voulais faire depuis longtemps, de la lessive de cendres ! Il faut dire que des cendres, j’en ai, et je les utilise déjà dans le jardin, mais ça ne suffit pas, loin de là. Alors je me suis lancée, comme tout le monde, grâce à une vidéo sur Internet. Et si vous vous lancez, suivez bien les consignes, car la lessive de cendres, c’est du costaud. Et je n’ai pas envie d’être responsable d’un trou dans votre pull en cachemire reçu à Noël (ou seulement si c’est un cadeau détesté, genre vert pomme alors que vous avez la peau mate, que vous n'avez même pas réussi à revendre sur ..., et donc un bon prétexte pour le transformer en lingettes !).

Grâce à ma nouvelle lessive, j’ai appris deux choses hyper utiles dans notre société :

• Comment faire du neuf avec du vieux : quoi de plus exaltant ! Là on est dans le zéro déchet au carré. Y compris avec les peaux d’orange rajoutées à la fin pour parfumer. Et si ça marche pour la cendre, pourquoi ça ne marcherait pas pour votre couple, votre lieu de vie, votre travail, voire la société (dans laquelle, en ce moment on a plutôt l’impression que l’on fait du très vieux avec du jeune, je suis d’accord).
• Comment la solution fait partie du problème : avec le reste du filtrage de ma lessive, j’ai fait une pâte idéale pour nettoyer les poêles à bois… de la suie ! Trop souvent, nous cherchons la solution le plus loin possible du problème, et nous créons des séparations, des clivages, des ruptures inutiles alors que nous avons la solution sous nos yeux, à l’intérieur même du problème. Il suffit juste de changer de point de vue, ou encore de prendre le temps d’intégrer les émotions et les sensations, et c’est parti pour y voir plus clair, comme à travers la vitre du poêle à bois ! Bon, que cela ne vous empêche pas de fuir en courant un conjoint ou un boulot toxiques …

Aujourd’hui, la notion de « vieux monde » pourri contrairement au nouveau, porté par les plus jeunes, fait surface sans arrêt, à travers l’écologie ou l’histoire de Depardieu par exemple. Il me semble que c’est une grossière erreur de vouloir créer un conflit de générations (dans les deux sens d’ailleurs), de même qu’un conflit d’origines ethniques, de sexes et même de règnes vivants ! Ce fonctionnement a beaucoup d’effets secondaires négatifs, le premier et le plus important étant l’amnésie. Les « jeunes » (âge élastique au fur et à mesure que celui qui parle vieillit) qui portent ce discours sont amnésiques non seulement du passé mais aussi du futur. Ils oublient tous les combats qui les ont précédés et qui font qu’ils peuvent aujourd’hui s’exprimer, mais ils oublient surtout que, demain, ils seront le vieux monde… Le deuxième problème est de ne pas voir la réalité du présent. Par exemple dans le cas des prédateurs sexuels, nombre de très jeunes sont sur le starting block pour faire la nique à Depardieu.

Je me rappelle avoir, à l’adolescence, traité mes parents de c…, mais jamais de vieux c… ! Je n’en n’ai pas eu besoin. Sûrement parce que je mesurais déjà ce que je leur devais, malgré leurs lacunes éducatives, en termes de transmission vivante. Leur discours n’a pas pris une ride aujourd’hui, que ce soit dans l’écologie, la culture ou le féminisme.

Un petit conte pour illustrer mes propos :

Il était une fois un jeune couple très avare. Le père du mari était très âgé, ses mains tremblaient quand il mangeait sa soupe, et il renversait tout le bouillon. Le couple se rendit à la foire pour acheter deux couvertures neuves. Ils décidèrent de les mettre sur le dos du vieil homme et de le faire partir, mais ils étaient lâches. Alors l’homme dit à son fils : « Voici deux couvertures bien pliées. Nous partons travailler aux champs et pendant ce temps, mets ces couvertures sur le dos de ton grand-père, prends-le par la main et dis-lui qu'il ne revienne plus jamais ici ». Ainsi fit le fils. Le soir, quand les parents rentrèrent à la maison, ils virent que le vieil homme n’était plus là mais qu’il restait une couverture. Ils appelèrent leur fils. "Pourquoi reste-t-il une couverture ?" lui demandèrent-ils. "Mais j’ai pensé à vous", répondit leur fils. "Quand vous aurez vieilli comme lui et que je devrai vous mettre à la porte, je n'aurai pas besoin d'acheter de couverture".

Le vieux monde, vous pouvez décider de l’oublier dans un coin, de le faire fuir loin de vous, mais vous pouvez aussi en prendre soin et miser sur le lien et la transformation, en écoutant ses émotions, son expérience, ses questionnements aussi.

C’est à Jules César que nous devons de démarrer l’année civile le 1^er janvier. Cette fête était dédiée au Dieu Janus, un dieu à deux visages, l’un triste, tourné vers le passé, l’autre joyeux, tourné vers le futur. Je pense que Jules César avait tort, ou que Janus aurait besoin d’une bonne thérapie. Cette croyance perpétuelle en un avenir meilleur et un progrès continu fait partie des paradigmes qui font de notre monde actuel un lieu de souffrance extrême pour la plus grande partie de la population humaine, mais aussi animale et végétale.

Alors, c’est quoi votre vieux monde à vous ? Comment pouvez-vous en prendre soin ? Écouter son histoire ? Le recycler (avec son accord !) et le transformer en terreau (ou en lessive) de votre présent ? De votre avenir ?

Car sinon, comme nous le hurle l’actualité et nous l’enseigne la psychogénéalogie, l’histoire se répète sans fin, il y a juste l’apparence qui change …