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B.O.P. : Burn-out planétaire et Point de bascule

par Marie-José Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre !

B.O.P. : Burn-out planétaire et Point de bascule  

Je suis psy … mais je vote … ou pas (2)

 

Billet d’humeur très sombre

 
 
 

Je suis en rage.

La rage n’est pas la colère. La colère est une émotion protectrice de l’identité, marquant des limites à l’intrusion plus ou moins agressive de l’autre dans notre territoire privé, à commencer par celui du corps. 

La colère est utile surtout pour les femmes : elles ont l’habitude que l’on pénètre leur intimité et il leur est plus difficile de dire non. Leur non pourrait avoir un effet sur la survie de l’humanité, ce qui est très culpabilisant pour certaines d’entre elles. Dommage, car la surpopulation fait partie du problème, et donc l’éducation et la liberté des femmes font partie de la solution.

La rage c’est autre chose.

C’est un mélange de colère et d’impuissance.

Trop de facteurs sont en jeu, dépassant notre pouvoir de compréhension. Ou d’action. L’impuissance est toujours, au final, une impuissance physique. Il s’agit d’un ou de plusieurs grands méchants, parfois pleins de bonnes intentions, qui prennent le pouvoir sur un petit pas forcément gentil, mais qui n’aura pas le temps de devenir méchant. 

Quelques exemples ? J’ai quatre ans et Papa rentre ivre mort pour taper en hurlant sur Maman. Ou : j’ai trois mois - ou trois ans - et maman disparaît de ma vue car elle ou quelqu’un d’autre trouve qu’elle ne peut plus s’occuper de moi. Ou : j’ai treize ans, quelques kilos de trop ou pas les bonnes godasses, et je me fais coincer dans un coin de la cour de récré par une bande de pairs ayant oublié leur empathie à la maison au profit d’une grande bouffée de testostérone, en prise directe ou par copain interposé. Ou encore : j’ai quelques dizaines d’années de plus et j’assiste bouche bée à l'incurie des personnes qui sont censées décider pour moi depuis plusieurs mois dans le monde, et dans quelques jours en France.

La rage est l’émotion majeure des enfants maltraités, qu’elle soit exprimée, ou, encore pire rentrée, et transformée en armure de glace par la sidération.

Nous ne sommes pas des enfants maltraités ? Nous pouvons changer le monde en cultivant notre jardin ? Oui bien sûr. A condition qu’il ne soit pas bousillé par les tonnes de pesticides du champ de maïs voisin …

 

Qu’est-ce qui me met en rage ? 

D’abord l’infantilisation permanente à laquelle nous sommes soumis dès que nous ouvrons le moindre média. 

L’injonction de dire ou de suivre, digne des fonctionnements de pouvoir dont je vous parlais dans mon dernier article (lien ci-dessous), et les manipulations grossières des dernières semaines même de la part des médias que je pensais le plus ouverts.

Et surtout : rien sur la planète

Rien sur notre terre qui n’en peut plus. 

Le mot Ecologie réduit à une moquerie minable d’un des deux derniers candidats à une de ses représentantes politiques. 

Bref, le degré zéro du repas de famille déjà bien arrosé, style après le café, et avant le digestif-cigare entre hommes.

Du même et encore du même, en plus grande quantité.

Du connu par coeur jusqu’à la nausée. Jusqu’à la rage.

Avec un seul gain, celui de l’éducation et de la liberté. La liberté : ce fruit de la société individualiste masculine blanche et patriarcale, fruit qui leur était exclusivement destiné au départ, mais que les autres, les femmes, les noirs, les pas clairs, les plus sombres, les pas catholiques ni musulmans, les pas décidés, les désorientés et les autres ont réussi à leur arracher de haute lutte non encore gagnée. Cette liberté me permet de m’exprimer aujourd’hui. C’est essentiel et je ne l’oublie jamais. Mais pas suffisant.

 

Car comment réagir par exemple en lisant des infos comme celles-là dans « La Bannière » d’Avril, le journal de Greenpeace (lien ci-dessous) :

  • 451 millions d’arbres ont été abattus en 2016 au Brésil, soit 859 arbres par minute.
  • 2016 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée selon l’organisation météorologique mondiale (qui n’existait pas quand les dinosaures ont disparu).

B.O.P. ! 

Et oui, la planète est en burn-out me rappelai-je hier alors que je cramais dans la voiture qui me ramenait de la plage, un 24 avril, en imaginant les ours blancs remuant la soupe avec leurs grosses pattes, avant de se noyer définitivement dans les restes de la banquise, restes aussi alléchants que le fond de votre coupe de glace à la fin du repas décrit ci-dessus, quand votre vieil oncle y a éteint le mégot de son cigare.

 

Dans DEMAIN, le livre de Cyril Dion (lien ci-dessous), livre tiré du film éponyme, livre à la fois réaliste mais aussi pro-actif essentiel à notre époque,  les intervenants parlent (page 23) du « Point de bascule » dans lequel nous nous trouvons.

Pour faire comprendre ce phénomène, Lester Browne éminent « penseur actif » de l’écologie, nous propose une énigme destinée aux enfants : 

« Si vous avez un nénuphar sur un étang, qu’il possède une feuille le premier jour et que chaque jour le nombre de feuilles double. Si vous savez que l’étang est totalement étouffé par les feuilles le trentième jour, quand l’étang sera-t-il à moitié plein ? 

Réponse: le vingt-neuvième jour

Pendant vingt-neuf jours nous pouvons continuer à penser (…) que nous avons encore du temps devant nous. 

Et en une journée tout bascule ».

Question subsidiaire : Devinez quel jour nous sommes ?

 

 

Alors aujourd’hui ne comptez pas sur moi pour parler de résilience et d’empathie, de parentalité positive - car c’est d’abord leur donner un lieu où grandir, non ? - et de travail créatif.

Aujourd’hui j’ai même pas besoin d’un câlin, j’ai juste envie qu’on me fiche la paix.

Aujourd’hui, je me sens comme le Petit Prince, j’en ai qu’une de planète, et la rose commence à faner.

Aujourd’hui je veux que tout le monde fiche le camp de MA planète.

Et surtout, surtout, N'OUBLIEZ PAS D'ETEINDRE LA LUMIERE EN SORTANT.

 

 

 

 

B.O.P. : Burn-out planétaire et Point de bascule


« Nous sommes la première génération qui ressent l’effet du changement climatique et certainement la dernière à pouvoir y faire quelque chose ».
Jay Inslee, gouverneur de l’état de Washington, cité dans Demain, le livre, page 26.

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B
Ben oui, discussions animées en ce moment, dont avec des militants des droits de l'homme, d'associations vouées à l'aide et au partage… et j'entends : "quand même, la mondialisation a eu du bon, dans le tiers monde, regarde l'élévation du niveau de vie des Africains !". Moi, ça me donne envie de pleurer.
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