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la psychotherapie - de quoi ca parle

Dépression ? Régression ? Vive le régime nourrisson!

par Marie-José SIBILLE

publié dans La psychothérapie - de quoi ça parle

La dépression use la vitalité comme un vampire aux cent bouches. Elle va souvent de pair avec toxicomanies, dépendances, violences et autres manifestations de comorbidité ; parmi elles, si le chocolat nous amène agréablement vers le thème suivant, celui de la régression, les autres, depuis l’abus de télévision jusqu’aux psychotropes légaux ou non, l’alcool, Internet, le jeu, ou l’addiction à la consommation, se révèlent finalement épuisantes pour le corps, le porte-monnaie, les relations, aggravant et densifiant ainsi les symptômes, dans une spirale ans fin .

La régression conduit, à condition d’en remonter, à une régénération profonde de l’individu. Elle fait naître à une vie plus créative, plus en phase avec ses vrais désirs. Comme dans le mythe de Jonas, la plongée dans le ventre de la baleine nous permet de sortir du doute et d’entendre l’appel de notre vocation, ou tout simplement celui de la vie.

La régression est besoin de recontacter l’énergie de vie de la naissance, l’impulsion première de notre venue au monde.

La dépression, au contraire, surtout dans sa forme chronique ou rendue chronique par les médicaments, nous enferme dans une mémoire-prison surdimensionnée et un imaginaire velléitaire qui n’aboutit jamais dans son vœu de s’incarner dans le réel.

Pourtant, il n’y a rien de plus efficace pour faire le deuil d'un idéal ou d’un rêve que de le vivre!

 

Comment alors le psychothérapeute va-t-il se positionner face au message envoyé par la dépression ? L’interpréter comme un besoin de régression, c’est-à-dire de ressourcement? Et dans ce cas va-t-il accompagner ce besoin en faisant confiance à la santé psychique fondamentale de la personne, en se rappelant, par exemple, que les enfants régressent toujours avant de faire un saut évolutif, comme pour mieux prendre leur élan ? Va-t-il accompagner cette personne vers une nouvelle négociation relationnelle dans sa vie, sa famille, son travail, son engagement social ? Va-t-il l’aider à entrer en résistance face à la pression environnante ? Dans ce cas il se place clairement du côté de l’intime, et justifie ainsi la peur des pouvoirs dominants face à notre profession.

Ou bien va-t-il diagnostiquer une dépression, c’est-à-dire une maladie nécessitant systématiquement un traitement médicamenteux, au risque de masquer le symptôme sans entendre la souffrance, avec l’objectif de remettre la personne le plus vite possible dans les rails ? Les médicaments peuvent être un soutien indispensable quand la personne a trop pris, trop longtemps, dans ses forces vives. Mais pour ne pas être un emplâtre sur une jambe de bois, ils ne doivent se situer qu’à la périphérie du traitement, et pas au centre. C’est entre autres dans ces choix quotidiens de positionnement que se situe la différence entre la psychothérapie indépendante et une certaine médecine, à laquelle je ne veux pas réduire tous les médecins.

 

La question du sens de la vie

 

La personne en phase dépressive n’en finit pas de porter sa mémoire et ses rêves morts sur son dos. Et de se poser sans arrêt la question du sens de la vie. On peut alors à juste titre se demander si c’est la bonne question.

La quête de sens dans un processus thérapeutique peut parfois devenir insensée, et ce pour de multiples raisons. Il y a d’abord la confusion entre sens et explication, liée au fonctionnement habituel de notre mental qui a appris depuis le plus jeune âge à se nourrir de rationalité. Cette mentalisation du processus thérapeutique se fait alors au détriment des consciences organique et affective.  Or la symbolisation, génératrice de sens, quelle que soit la définition qu’on en donne, est en tous cas bien loin de la rationalisation. Le symbole est a minima un pont entre différentes réalités, et jusque dans ses acceptions les plus simples relie toujours au moins l’idée, le sentiment et le corps.

Une fois en vie, beaucoup réalisent qu’il n’est plus besoin de trouver un sens à sa vie, et encore moins une raison de vivre.

Dans certains types de dépression, le sujet est englué dans son histoire comme dans une toile d’araignée paralysant son accès au désir. Dans ce cas, sa parole peut devenir auto anesthésiante et celle du psychothérapeute être vécue comme interdictrice. La parole n’est pas toujours l’objectif d’une thérapie. Surtout quand elle tombe dans ses écueils favoris : la moralisation, le dogmatisme, l’explication linéaire. Ou encore quand le dialogue, voire le bavardage, avec le thérapeute finissentt par remplacer le travail intrapsychique.

Des éléments culturels jouent aussi leur rôle dans cette mauvaise compréhension du sens. Par exemple, une certaine interprétation fataliste de la psychanalyse et de la psychothérapie qui rejoint les malédictions bibliques et la notion de destin. Nous rencontrons dans ces visions du psychisme une surdétermination de la causalité, identifiée à l’histoire de la personne, au détriment de son être au monde actuel. Cet écueil s’inscrit en parallèle avec une idéologie du lien familial, et en particulier du lien de sang, très contraignante en France. Elle accapare toute la question des racines et des origines, question pourtant beaucoup plus vaste.

 

Dépression et Répression émotionnelle

 

Notre pays a peur de l’émotion quand elle sort du cadre artistique, sportif ou télévisuel. Il faut la contrôler plutôt que de la laisser s’exprimer. C’est aussi à ce contrôle que servent les anti-dépresseurs. Et certains états dépressifs chronicisés pourraient plus clairement s’appeler états répressifs. Certes le premier pas est difficile. Mais quel soulagement de sangloter de chagrin, de hurler sa peur ou sa colère, de sauter de joie mais aussi de chanter, danser, vivre en liberté ! L’art, mais aussi les rituels collectifs autour du calendrier des fêtes, ont comme objectif cette libération émotionnelle, comme par exemple dans les anciens rites de Carnaval. Il est d’ailleurs intéressant de noter que dans une société où la consommation remplace en grande partie la célébration, les épisodes dépressifs augmentent justement de manière significative à Noël ou en février par exemple.

Le travail en thérapie de groupe permet souvent de recontacter cette dimension et constitue une aide précieuse dans le passage de la dépression à la régression positive, à condition que l'émotion ne soit pas récupérée au profit du groupe, mais laissée à disposition de l'individu pour nourrir sa créativité.

 

La dépression comme acte de résistance sociale


Au départ, l’épisode dépressif peut être un appel à faire le grand plongeon dans les profondeurs, à renoncer aux systèmes de défense socialisés mis en place à un coût psychique souvent exorbitant ; une injonction intérieure à quitter le temps linéaire de la rentabilité sociale et des obligations envahissantes pour entrer dans le temps de l’intime, celui qui permet de vivre un deuil, digérer une perte, métaboliser un changement de vie, accueillir un enfant, produire une œuvre d’art, prendre le temps d’aimer, se préparer à la mort. Ce temps-là n’a pas sa place dans notre calendrier social ; il est à peine respecté chez les nourrissons et leurs mères, très fortement remis en question chez les retraités ; et les autres, tous les autres, doivent se débrouiller pour le caser entre leurs cinq semaines de congés payés et la maladie. Le gouffre de notre sécurité sociale est le pendant direct du refus de notre société d’intégrer les rythmes naturels et organiques, les besoins psychologiques et intérieurs comme faisant partie intégrante de notre humanité. Pourtant, combien d’expériences ont été faites au sujet des rythmes des enfants, de l’importance de la sieste, ou de tout autre temps non immédiatement rentable, mais tellement plus à moyen terme ! Mais non. Le message politique, et celui du monde du travail, restent : toujours plus, toujours plus vite, jusqu’à la mort. Et nous voilà tels une armée de lemmings en route à toute vitesse vers notre suicide collectif. Ceci concernant surtout, comme d’habitude, les classes les moins favorisées, celles qui ne peuvent pas s’extraire de la pression des dominants, et qui n’ont pas les ressources des populations culturellement développées pour se mettre à l’écart de ce système anthropophage. Que reste-t-il alors à ces personnes ? La maladie, et si ça ne suffit pas, le suicide.
La dépression est une forme de réponse individuelle à la surpression collective.

Pour soigner la dépression ? Changeons la société.

 

Dépression et épuisement


Ne mettons pas la dépression à toutes les sauces. Une personne peut pleurer d’épuisement, hurler de stress et paniquer parce qu’elle n’arrive plus à dormir la nuit, alors qu’elle retrouvera les mêmes obligations professionnelles, familiales, administratives le lendemain matin. Pourquoi faut-il, dans notre monde, qu’elle en arrive à tomber malade, et qu’elle arrive à se faire diagnostiquer « dépressive » pour pouvoir reprendre des forces et réfléchir à ses priorités existentielles ?

Pourquoi tant de dépressions, de burn-out, de baby blues ?

Pourquoi si peu de reconnaissance du monde de l’intime, de ses besoins, de ses rythmes, de ce qu’il peut apporter comme richesse à la vie, en diminuant de manière spectaculaire le besoin de recourir aux drogues et aux objets de consommation ?

Une proposition thérapeutique pour la Dépression ?

Essayez le « régime nourrisson » :

Sommeil, nourriture saine, câlins, doudous.

Jeux, tendresse, peinture, pâte à modeler.

Pleurs, rires, terreurs et colères.

Animaux, arbres, fleurs et nature.

Musique, danse et chant.

Dormir, à nouveau. Rêver.

Temps pour soi. Temps à ne rien faire avec les autres.

Faire des ronds dans l’eau.

Regarder le fond de l’eau.

Plonger dans le vide, nager, en sentant un regard bienveillant qui prend soin de nous.

Revenir sur la rive.

Se rendre compte que comme cela, on a grandi. On est fort. On peut aussi, à son tour, prendre le risque d’avoir des bébés, et encore de nouveaux bébés.

 

Ces temps de retraite doivent pouvoir exister culturellement, et être reconnus dans leur richesse, pour pouvoir exister dans la vie quotidienne, quand il le faut, à chaque fois qu’il le faut, pour chacun d’entre nous.

C’est une vraie alternative à la société du travail qui domine le monde, au bénéfice de quelques uns, sans révolution, avec de moins en moins de contre-pouvoir, grâce à l’industrie des loisirs qui lui est asservie : le pain et les jeux, aujourd’hui comme hier.

 

6 juillet 2009

 

 

 

 

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L’estime de soi

par SIBILLE MARIE-JOSE

publié dans La psychothérapie - de quoi ça parle

 

 

La culture et la pratique psychothérapeutiques nous permettent d’accéder à ce que je nommerais « l’  intelligence de l’intime », qui loin d’être entièrement innée, doit se nourrir et s’élargir tout au long de la vie.
Bien sûr la souffrance est un bon révélateur d’une difficulté dans cette dimension de l’être, et c’est ainsi que la psychothérapie a toute sa place, peut-être en tant que soin, mais surtout en tant qu’apprentissage de cette intelligence de l’intime. Le psychothérapeute devient alors un accompagnateur de la croissance de l’être, souvent dépassé, en tous cas émerveillé, par les transformations des personnes qu’il accompagne.

Cette forme d’intelligence ne s’apprend pas à l’école, ni même à l’Université. L’analphabétisme relationnel, affectif, émotionnel de nombre de personnes chargées de diplômes ou de réussites sociales est là pour en témoigner. Cette ignorance de l’intime nourrit la violence de nos rapports les uns aux autres. C’est en cela que la psychothérapie indépendante est un domaine qui mérite toute notre attention, voire notre militance. Elle est un des éléments d’une société moins violente, moins destructrice de l’homme et de la nature.

Dans cet univers intérieur, la place de l’estime de soi est centrale car de nombreux sentiments en dépendent : le bonheur, l’impression de se réaliser, la capacité relationnelle affective et sociale pour ne citer que les plus visibles. Et pour continuer le lien avec la vie sociale, les trop hautes ou trop basses estimes de soi sont toutes deux problématiques, car elles font le jeu des dynamiques de pouvoir : la soumission, la résignation, la passivité sociale des uns faisant face à la manipulation, l’emprise et les abus de pouvoir des autres. Nous constatons cela dans les couples, les familles, la vie professionnelle, associative et politique. Et d’ailleurs, ces dynamiques sont parfois inversées en fonction des espaces relationnels concernés. Une femme soumise devant son mari peut se venger en le critiquant devant ses amies, un homme autoritaire dans sa profession peut devenir passif dès qu’il retrouve la mère de ses enfants, et sûrement en partie la sienne, de retour dans son foyer.

En ce qui concerne le couple, il est de toute façon toujours intéressant de voir l’écart qui existe entre l’attitude des partenaires dans la vie intime et celle qu’ils ont dans la vie publique. Plus l’écart de comportement est faible plus on peut supposer, en cas d’attitude positive bien sûr, que le couple va bien.

Les attitudes que nous avons envers nos enfants sont aussi révélatrices. Des parents autoritaires peuvent devenir soumis face aux grands-parents ou aux enseignants, envoyant ainsi un message complexe et dissonant à leurs enfants. Des parents très valorisant en privé peuvent devenir critiques en public, par peur d’être  jugés trop admiratifs de leur progéniture. Là encore, de nombreuses configurations nous permettent de mesurer la véritable estime de soi de la personne.

Dans tous les cas, même les plus basses estimes de soi présentent un bastion auxquelles les personnes se rattachent. C’est par exemple la cuisine intouchable de cette mère de famille par ailleurs soumise et effacée, ou les concours de mots croisés de cet employé invisible. Et même les plus hautes estimes de soi présentent des failles : l’intolérance à la critique de tel homme politique, ou le défaut physique honnis de telle star des médias.

C’est ainsi que nous pouvons voir le jeu d’apparences et de miroirs que reflète ce concept.

DEFINITION

Aujourd’hui, je définirai l’estime de soi comme le sentiment profond que l’on a de soi-même, de sa valeur, de sa légitimité à recevoir amour et reconnaissance en juste relation avec l’expression de nos sentiments et de nos compétences.

Ce sentiment se construit par l’accumulation des images que nous ont renvoyé de nous-mêmes les « autres-miroirs », et ce dès avant notre naissance. L’estime de soi est donc avant tout une histoire de lien.

C’est aussi l’accumulation des phrases sur nous, valorisantes ou dévalorisantes, que nous avons enregistrées comme un magnétophone, et que nous nous repassons en boucle, sans même nous en rendre compte, avant de faire ce travail intérieur. « Tu es nul, bonne à rien, méchant, sotte, c’est de ta faute, tu ne réussiras jamais sans moi, si tu n’étais pas né(e) j’aurais pu … » ; et aussi « le monde est cruel, tu n’est pas assez fort, ta sœur est intelligente et toi tu réussiras dans le sport, heureusement que tu es belle parce qu’avec l’intelligence que tu as … ». Ces phrases répétées suffisamment de fois modèlent l’enfant comme le ciseau à bois d’un sculpteur. De même d’ailleurs que les phrases valorisantes. Heureusement les bois n’ont pas tous la même résistance, et nous ne sommes pas tous faits du même … ! Et puis vient le temps ou nous pouvons nous resculpter nous-mêmes si nous le désirons.

Aujourd’hui, si un décalage trop important existe entre mon sentiment de moi-même et le « feed-back », c’est-à-dire les retours des autres-miroirs, un décalage dans un sens ou dans l’autre, je peux dire que j’ai une problématique dans l’estime de moi. Ce décalage se manifeste par une préoccupation pouvant devenir envahissante de ce que les autres, ou certains autres, pensent de moi. Cette problématique que j’ai aussi développée dans l’article et la conférence sur la Peur de l’autre, peut aller jusqu’au retrait total de la vie sociale, pour protéger une fausse indifférence, ou jusqu’à la quête permanente et systématique du pouvoir et de l’emprise qui me permettront de paraître maîtriser cette angoisse.

LA CONSTRUCTION DE L’ESTIME DE SOI

Plutôt qu’estime de Soi, nous pourrions parler d’estime du moi. On peut se représenter le moi comme une maison habitée par le Soi, le Sujet qui peut dire « je ». En psychothérapie, l’absence de « je », la multiplication des phrases commençant pas « on » et  même par « tu » adressé à soi-même, montre que nous n’habitons pas notre maison. Elle est louée ou squattée par les autres.

Ma maison est-elle suffisamment solide, ouverte, agréable à vivre pour moi et les autres ? Dans ce cas j’ai une estime de soi suffisamment bonne. Ou alors ma maison est-elle une prison, une caserne, une école, une cachette, un hôpital ou une auberge espagnole ?

Deux éléments fondamentaux m’ont permis de construire ma maison :

-          Les fondations : Nous trouvons bien sûr ici la famille d’origine, les parents, la fratrie. Ils nous ont aussi influencé concernant le style de la maison, le nombre de pièces et la décoration. C’est tout ce que j’ai développé dans un autre article sur l’attachement et ses troubles. En cas d’attachement suffisamment bon,  j’ai pu intérioriser un sentiment de sécurité interne et relationnel, ainsi qu’un regard bienveillant sur moi-même, ma croissance, et également ma liberté d’être.

-          Les ouvertures, les voies d’accès, l’isolation : Nous allons trouver ici l’influence de l’école, qui a longtemps été sous-évaluée en psychothérapie. Et pourtant nous y sommes confrontés souvent à la problématique du rejet, de la difficulté de l’expression de soi dans sa liberté et sa différence face à une grande pression de conformité. Les blessures de l’école, puis des études et de la vie socioprofessionnelle, même si elles interviennent dans un deuxième temps, n’en sont pas moins douloureuses. Et les outils pour les confronter devraient être donnés dans la famille. Une famille aimante mais démunie sur un plan social ne pourra léguer qu’une estime de soi déséquilibrée, voire caricaturalement clivée entre l’affectif et le psychosocial.

CE QUI MINE ET DETRUIT LA MAISON

·         D’abord et avant tout les relations toxiques en particulier dans l’enfance, quand nous sommes très malléables aux regards et aux paroles sur nous, ainsi qu’au rejet, jusqu’à ce que nous finissions par les intérioriser. Elles sont comme des termites qui ruinent la maison de l’intérieur, souvent de manière invisible. Voici quelques exemples déjà donnés dans « La peur de l’autre » :

o        la moquerie, le mépris, les racismes et ostracismes.

o        ne pas savoir contenir un secret, une information hors cadre (ex : des groupes de parole ou de thérapie, des équipes de travail, de la famille et en particulier les secrets confiés par nos enfants), d’où rumeurs et nuisances pour la personne, et surtout attaque de son estime d’elle-même.

o        la culpabilisation quand on ne peut pas soi-même assumer ses besoins et réaliser ses désirs (ex du parent qui dira à son enfant : c’est parce que tu es né que je n’ai pas …).

o        agression ou démolition de la personne qui réalise ce que j’aimerais réaliser.

o        jugement, infantilisation face à l’expression d’une émotion, d’un doute, d’une vulnérabilité (souvent le fait de personnes psychorigides qui nient leurs propres failles).

o        le non contrôle des pulsions sadiques (en particulier chez les personnes détenant un pouvoir ou une autorité mais manquant de compétences intimes et relationnelles), la jouissance de la vulnérabilité de l’autre, le non contrôle des émotions paroxystiques qui peuvent effrayer, terrifier les autres, en particulier la colère.

·         Les intempéries, à savoir les traumatismes et les accidents de la vie, en particulier ceux qui affectent aussi le corps, comme certaines maladies longtemps cachées comme des fautes, ou certains handicaps.

·         Le non renouvellement : Ne pas savoir remettre en question, rénover voire déménager, changer de voisinage quand cela s’avère nécessaire, par manque de sécurité intérieure. Cela commence par les vieux habits que l’on ne veut pas jeter ou donner, la difficulté à transmettre et donc à évoluer.

·         L’usure : Les bonnes résolutions que l’on ne tient pas, en particulier celles, plus visibles, concernant le corps et ses habitudes (sport, nourriture, entretien de soi) ou ses addictions (alcool, tabac, drogues, médicaments, télévision …). Mais l’usure vient aussi de ces relations qui nous ramènent en arrière, où l’on se retrouve enfant soumis ou adolescent rebelle, ces os relationnels que l’on n’arrive pas à changer.

·         L’ignorance : le refus d’aller vers certaines pièces condamnées, la chambre de l’enfant que l’on a été, la cave de nos peurs et dénis, le grenier de nos secrets de famille, … Mais aussi le refus d’aller vers l’inconnu, de sortir de sa maison pour aller vraiment vers l’autre, la peur du monstre qui me fait me réfugier entre les quatre murs de mon bastion.

 

L’ESTIME DE SOI SUFFISAMMENT BONNE

Le moi ayant une estime suffisamment bonne possède avant tout des qualités de complexité et de plasticité, c’est en ce sens que je parlais de compétence intime, c’est-à-dire d’une véritable intelligence de soi (je rappelle que intelligence signifie : ce qui relie, c’est à nouveau l’art du lien et de la juste distance).

Elle va s’appuyer sur :

-          L’acceptation de soi : C’est l’art de poser un regard bienveillant, je n’ai pas dit complaisant, sur soi et ses imperfections, la capacité de non-jugement.

-          La connaissance de soi : C’est la possibilité de changer le regard sur soi en faisant le tri des regards et jugements intériorisés à ce jour. Mais c’est aussi explorer tous les mondes intérieurs, les émotions, les sensations, les représentations, les rêves.

-          La réalisation et l’affirmation de soi : Ouvrir le regard sur les autres possibles, sur le monde, exprimer sa créativité dans toutes ses dimensions, exprimer ses sentiments, parler depuis soi plutôt que de parler sur l’autre.

-          Une dynamique de changement et d’évolution : Rester dans le vivant, trouver les leviers de changement, les pièces les plus faciles à transformer.

Ces différents niveaux de l’intelligence de soi peuvent aussi être vécues comme des étapes dans un processus de changement comme celui que l’on recherche en faisant une psychothérapie. Décider un jour qu’il y a des objets, des comportements, des situations, peut-être même des personnes, mais laissons cela pour la fin, dont je ne veux plus dans ma maison.

Ainsi le moi, fermement établi sur une estime de soi suffisamment bonne, dégagé autant que possible du souci de son reflet dans le regard de l’autre, que ce miroir provoque peur ou contentement, mais aussi libéré de tout besoin d’emprise ou d’influence, peut s’ouvrir pour accueillir cet autre en toute liberté. Cet autre humain, mais également cet autre du monde, et ce tout autre qui nous entoure. Est-ce ce sentiment aussi profond que léger comme une plume que l’on peut nommer contemplation, compassion, communion ? Ou encore liberté, créativité, humour ? Je vous laisse choisir votre propre terme.

Marie-José SIBILLE

mariejose.sibille@gmail.com

Lasseube, le 25/09/2008, publié dans « Spirale ». Modifié le 02/07/2009 pour le Blog.

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