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cette societe - c'est la notre !

Le choc d’une chanson oubliée ou pourquoi l’art est un produit essentiel

par Claire Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , Le quotidien c'est pas banal !

Le choc d’une chanson oubliée

Ou pourquoi l’art est un produit essentiel

Billet rapide d’humeur engagée

(Pour écouter la chanson en même temps, lien ci-dessous) 

Melocotón de Colette Magny m’a été balancée dans les oreilles de manière inattendue lors d’un transit sur un réseau social. L’émotion est venue d’un coup et les images en foule, mes parents dansent, ma mère chante, la joie de vivre.

Juste après la nostalgie elle est venue d’ailleurs, la joie. Et la certitude que l’art change le monde en mieux. C’était un jour avant que le gouvernement ne décide que l’ouverture des grands magasins est plus importante que celle du théâtre où je rêvais d’aller pendant les fêtes. Sans aucune justification raisonnable crédible.

Or si je dois me souvenir de ce qui m’a soutenue en 2020, l’art et la création sont essentiels. Avec la Nature, grande artiste ou co-créatrice je ne sais pas encore très bien. Et les liens intimes qui nécessitent eux aussi un renouvellement permanent. L’art et la création, la Nature et l’intimité, voilà quels ont été mes champs d'expression et de ressourcement cette année. Pourquoi alors ce sentiment que les pouvoirs en place dans le monde cherchent à détruire les trois ? Ou en tous cas les mettre bien au bout de la liste des priorités essentielles ? Paranoïa et complotisme galopants ? Ou simples interrogations liées à l’observation ?

Il a fallu sauver Noël quand même car la famille traditionnelle reste un pilier fort des pouvoirs en place, un lieu de défoulement qui sert d’exutoire mesuré, contenu, pas comme le réveillon de la Saint Sylvestre et ses débordements carnavalesques incontrôlables. Un exutoire permettant de faire passer les décisions les plus ahurissantes en toute sécurité, en espérant que le défoulement autour de la dinde dans des joutes oratoires entre générations sera suffisant pour calmer les esprits.

En déplacement, j’ai regardé comme je le fais quelques fois par an le journal télévisé. J’ai vraiment été scotchée sur ma chaise pendant quelques minutes avant de trouver la force d’appuyer sur le bouton rouge de la télécommande. Vive le retour de l’ORTF, l’exaltation de la pensée unique et la pédagogie débilitante pour finir de convaincre les récalcitrant.es. A un moment, quand une « experte » expliquait « il faut être patient mais tout le monde finira bien par être vacciné » avec force détails et mouvements des bras, j’ai vraiment cru que j’avais 5 ans ! Et les personnes interrogées dans les micros-trottoirs ? Pas une voix en-dehors des clous, même pas un vieux râleur ou une jeune rêvant de révolution (ou l’inverse).

Alors mieux vaut écouter Melocotón et se souvenir des belles choses.

Mieux vaut écouter Melocotón et soutenir les belles choses.

Quelle voix, non mais quelle voix ! Et des tas d'autres superbes chansons, en particulier une reprise bouleversante de "Stranger fruit" de Billie Holliday.

Une artiste trop en-dehors des clous féminins pour son époque.

Une artiste trop en-dehors des clous féminins pour son époque.

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Et si tu en parlais à Quelqu’un ?

par Claire Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , Ecothérapie , La psychothérapie - de quoi ça parle , Le métier de Psychothérapeute

Et si tu en parlais à Quelqu’un ?

Billet d’humeur anonyme

Je fais partie de ces Quelqu’uns à qui vous parlez déjà si vous suivez les conseils de votre entourage.  Souvent de ces quelqu’unes d’ailleurs, il faut bien le dire, un héritage de l’enfance où c’était la plupart du temps tellement plus simple de dire ses problèmes à maman plutôt qu’à papa, quand on pouvait en parler.

Que les personnes qui prononcent cette phrase se sentent impuissants face à votre souffrance ou exaspérés par votre plainte, l’appel à Quelqu’un signifie d’abord : Quelqu’un d’autre que moi. Les plus proches et les plus évolués émotionnellement ont peut-être d’ailleurs commencé par Tu veux qu’on en parle ? avant de renoncer.

Et oui c’est vrai, vous devriez parler à quelqu’un.e de votre anxiété croissante, de votre dépression latente, de vos troubles psycho-alimentaires qui explosent pour cause de confinement. Vous devriez parlez à quelqu’un.e de cette peur de l’autre qui augmente ou au contraire du sentiment d’abandon qui vous fait fuir la solitude à n’importe quel prix relationnel.

Vous devriez parler à quelqu’un.e de votre couple qui va encore plus mal depuis le partage obligé de votre appartement pour cause de télé-travail.

Vous devriez parler à quelqu’un.e de cette angoisse de fin du monde qui vous prend quand en regardant une série de zombies, une dystopie concentrationnaire ou un thriller post-apocalyptique sur votre canal préféré, vous glissez dans l’oreille de votre co-canapéïste, Ah, mais tu trouves pas qu’on dirait notre vie ?

Vous devriez parler à quelqu’un.e de votre fille qui a fait une crise de panique ce matin à l’idée d’aller au lycée. Peut-être a-t-elle eu peur de tomber sur un de ses profs égorgé sur le banc, celui où elle fume d’habitude une cigarette interdite avec le bogoss de sa classe. Votre fils ne quitte plus sa Nitendo PS4 Switch en sachant que vous n’osez même plus intervenir par peur de renforcer le régime de contrainte dans lequel il vit déjà.

Mais pour vivre ce conflit télé-travail-couple-enfants-écran, il faut déjà que vous ayez pu garder votre boulot et votre famille, et que vous ne fassiez pas partie des victimes de la casse sociale bouleversante qui est en train de se produire sous nos yeux.

Vous n’habitez pas dans une grande ville et vous vous sentez protégé.e de l’angoisse sanitaire, de la crise sociale et de la violence terroriste ?

Vous irez alors peut-être parler à quelqu’un.e de votre solastalgie de plus en plus envahissante, cette nostalgie d’une nature et d’un monde qui n’existeront plus à cause de la destruction de la planète et du réchauffement climatique. Ils n’existent déjà plus d’ailleurs, vous vous en rendez compte tous les jours. Ce deuil chronique d’un futur impossible peut vous entraîner, si vous n’en parlez pas à quelqu’un.e,  vers la rage destructrice ou la dépression.

2020, cette année folle, cumule tous les dangers :

- panique sanitaire dont je vous laisse juger la légitimité,

- casse psycho-sociale indéniable chez les travailleurs, mais aussi chez les étudiants et les jeunes adultes coupés de leur élan vital,

- troubles émotionnels croissants chez les enfants angoissés et les vieillards laissés tous seuls encore maintenant,

- menace terroriste inoubliable, au cas où vous le pourriez, le plan Vigipirate est affiché partout,

- réchauffement climatique et ses conséquences terribles en termes de mortalité humaine et de perte de la biodiversité, les derniers chiffres sont sans appel.

Alors oui, il va bien falloir en parler à quelqu’un.e de tout ça.

Mais à qui ?

Chez les Incas, les personnages de haut rang étaient appelés les Grandes Oreilles pour leur capacité d’écoute. Je ne sais pas vous, mais ce n’est pas une appellation qui me vient spontanément en pensant aux dirigeants actuels de notre monde, les plus visibles en tous cas.

Dans l'iconographie antique, les oreilles représentées seules, par paire, ou multiples, étaient le symbole de la divinité qui écoute les prières des fidèles, y fait attention, en garde souvenir, voire les exauce.

Et là se niche un des grands conflits qui anime les quelqu’un.es à qui vous irez parler. Certain.es pensent que la parole suffit. Pas la parole criée dans le désert ou hurlée sur les réseaux sociaux mais celle entendue dans nos lieux de consultation.  

D’autres, c’est mon cas, ne le pensent pas. La parole, même entrant dans une grande oreille réceptive, empathique et non jugeante ne suffit pas. Je constate que la mobilisation du corps et des émotions à l’aide des nombreux outils auxquels nous pouvons nous former aujourd’hui ainsi que l’apport de la nature et de la créativité changent le temps de guérison des blessures émotionnelles.

Par ailleurs si le quelqu’un.e que vous allez voir ne s’est pas déjà écouté et entendu lui-même, son oreille sera encombrée de son histoire non digérée et cet énorme bouchon de cérumen émotionnel l’empêchera de vous entendre, même les oreilles grandes ouvertes.

Je nettoie régulièrement mes oreilles et je considère encore maintenant que c’est la base de mon efficacité professionnelle. Mais cette évidence personnelle ne fait pas du tout l’unanimité.

Bon, j’ai beaucoup parlé et je ne sais pas si quelqu’un.e m’a entendue. Ni même écoutée.

Et faisant partie des quelqu’unes, je ne sais plus trop qui je suis finalement.

Il va falloir que j’en parle à quelqu’un.e.

Deux oreilles attentives...

Deux oreilles attentives...

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