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MON JEÛNE ET MOI, DIX ANS APRÈS (2ème partie)

par Claire Sibille

publié dans Je suis psy mais je me soigne !

MON JEÛNE ET MOI, DIX ANS APRÈS

2ème partie

Résumé : Quels sont les bienfaits du jeûne ? La dimension du plaisir est essentielle, en tous cas pour moi qui suis profondément épicurienne au sens commun du terme. J’aurais pu mettre la santé en premier, mais c’est trop rationnel … J. Et il y en a bien d’autres ! Voici une petite liste, qui ne tient compte que de mon expérience.

En fin d’article, un nouveau lien utile, une émission du très bon podcast « Carnets de santé » sur France culture qui décrit très bien les différents types de jeûne et leurs effets. Il vient de sortir, c’est le grand boom sur le jeûne !

 

La première chose qui me déclenche chaque fois une surprise souriante, c’est l’arrêt de la faim. Vous lirez souvent – y compris dans mon livre – que c’est la purge du premier soir qui déclenche l’arrêt de la faim. C’est vrai. Mais aujourd’hui, au bout de mon xième jeûne, qu’il soit long, court ou intermittent, il suffit que je dise demain, je jeûne, et la faim disparaît ! C’est magique. La science a plein d’explications pour cela mais heureusement, la science n’empêche pas la magie. Et à la reprise alimentaire, la faim revient… Mais à pas de loup ! J’ai besoin de plusieurs jours pour me réhabituer à manger, et je mange très peu. Un jus, un fruit, un bouillon …

Et cela amène droit au deuxième cadeau du jeûne, la liberté. Ce sentiment intense de liberté quand on comprend que l’on peut se passer, longtemps, de nourriture, est presque indicible. Mon jeûne long de base est de 3 jours, dès que je peux je vais jusqu’à dix, pour celui-ci 8, et dès que mon emploi du temps le permettra je compte faire le fameux « 21 jours ». Souvent j’ai du mal à remanger, comme si je revenais dans une contrainte, et je sens que tel le manchot déjà cité dans la première partie, animal culte des jeûneurs, je pourrais tenir bien plus longtemps sans faim. Comme j’en parle dans mon livre, mais comme c’est aussi très bien expliqué dans les autres livres et documentaires, nous mangeons quand nous jeûnons, mais nous nous mangeons nous-mêmes. Cela s’appelle l’autophagie. Elle permet de dévorer non seulement les graisses inutiles mais aussi toutes les vieilles cellules mortes et autres résidus des maladies passées. Ce que j’ai pu démontrer dans mon livre, c’est que cette autophagie concerne aussi les émotions et le mental ! Nous pouvons ainsi digérer des restes de vieux traumatismes ou émotions difficiles et nous libérer de la pensée conditionnée par les diktats de notre société, décoloniser nos esprits.

Ainsi, je vous ai dit dans la première partie de cet article que j’avais eu un automne encombré de trop d’émotions, et en particulier sur ma perception de l’état du monde, que ce soit l’effondrement de la biodiversité, les guerres ou la prise de pouvoir partout dans le monde de mâles Alpha qui n’ont  malheureusement pas la beauté et l’utilité  de ceux du règne animal. Grâce à ce jeûne, je me suis recentrée sur mes actions possibles, qui restent nombreuses. Je ne veux pas pour autant lâcher la conscience. Le déni ou l’inconscience me rendent malheureuse. Je ne crois pas que se mettre les mains sur les yeux face à l’ogre, comme le font les enfants, me protège et surtout protégera la planète. L’évitement est une tentative de protection inefficace sur le long terme. Et l’inconscience qui concerne tant de gens ne prépare pas aux défis actuels, car demain devient très vite aujourd’hui ! Il y a aussi l’appartenance et le lien. Je les ressens très fortement avec le Vivant, mes proches, les personnes que j’accompagne en thérapie, les personnes qui souffrent dans le monde. Mais c’est beaucoup plus difficile de se sentir appartenir à la même humanité que certains. C’est même une question existentielle, et une interrogation quotidienne. Je m’entraîne !

Une des dimensions du Vivant que l’on oublie parfois et qui est essentielle c’est le plaisir, et plus particulièrement la jouissance d’être soi, vivante, pleinement présente au monde. Le problème du plaisir c’est qu’il est confondu dans notre société avec ses ombres : les addictions, la surconsommation, la violence et l’abus de l’autre. L’un des critères d’un plaisir authentique et vivant est la joie. Vous ne la trouverez pas dans ces ombres. Et la joie déclenche souvent le besoin de partage, ce que je suis en train de faire !

La jouissance est une clé du Vivant

Un autre bienfait du jeûne est un boost de l’estime de soi. Jeûner n’est pas facile au début. Et, même avec l’expérience, les premiers jours peuvent être difficiles. Les réactions que j’entends parfois, moi je ne pourrais pas, ce n’est pas le moment, j’ai pas le courage, j’en serai incapable… me propulsent en héroïne de l’humanité, telle Neil Armstrong posant le pied sur la lune ! Mais avec un bon accompagnement, tout le monde peut jeûner, sauf graves troubles du comportement alimentaire, et encore. Les TCA sont souvent, je reste prudente, le symptôme visible d’une souffrance indicible. Alors si l’on conjugue le jeûne accompagné, peut-être un jeûne doux comme le Buchinger, avec une psychothérapie efficace, je m’avance à dire que c’est possible.

Dans ces plaisirs simples et profonds, il y a aussi la redécouverte de son corps. Pris que nous sommes dans l’urgence factice de la société de consommation, de la tyrannie des écrans et de la charge du quotidien, le corps disparaît et trop souvent s’oublie dans la nourriture si ce n’est pire. Ou il devient un objet à mettre en scène sur Instagram. Si je me sens assez libre des deux premières pressions, la troisième, la charge du quotidien, me sollicite souvent. Le temps perdu dans l’administratif par exemple, qu’une de mes filles quand elle était toute petite appelait l’administraffic J, m’affole parfois ! Le jeûne me recentre de façon spectaculaire, et pour plusieurs mois, sur l’essentiel : cultive ton jardin, écris des articles et des livres, fais ce que tu peux pour aider et participer. Aime tes proches et plus lointains. Cela enlève le sentiment d’impuissance, puisqu’il n’y a plus aucune puissance à conquérir ou combattre.

Et mon corps est heureux, libéré des douleurs et de quelques kilos, allégé de quelques émotions inutiles, motivé pour bouger, rajeuni aussi, car le vieillissement, processus inévitable et nécessaire qui nous prépare à la mort, peut se vivre de manière apaisée et joyeuse.

Mais c’est un autre sujet sur lequel je reviendrais bientôt …

 

     

 

 

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