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COUPES RASES : Des humains et des arbres

par Claire Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , Malheureusement tout est vrai !

COUPES RASES

Des humains et des arbres

Ce matin, comme souvent, j’écoute les infos sur France Inter en buvant mon café. J’entends les 60 migrants morts dans un naufrage à Crotone, au sud de l’Italie, dont des bébés. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais les bébés ça touche plus. Et puis oui je sais, comme les chatons et les minis pandas qui font fureur sur les réseaux, ils sont programmés pour ça par la Nature. Et juste avant, le journaliste raconte la révolte d’un écolo contre la coupe rase des arbres dans les Landes, dont un chêne de plus de 100 ans, pour faire du bois de chauffage.

Il y a des matins comme ça où j’aimerais pouvoir rayer Être humain de mon État civil. Je préférerais Mercurienne par exemple. Les habitants de Mercure, le messager des Dieux est réputé pour son empathie et son intelligence relationnelle. Ou encore Vénusienne. Les vivants de Vénus, la déesse de l’amour, aiment le beau et le respectent, en particulier celui de la Nature. Ou finalement pourquoi par Martienne ? Comme ce Dieu de la Guerre, je pourrais hurler ma colère sur la roche tarpéienne face au pouvoir de Jupiter, le roi des Dieux, et de toute évidence, le roi des cons aussi, en tant que Saint patron des gens qui nous gouvernent.

Mais non. Je suis humaine. Et je ressens dans mes tripes le vieux chêne coupé et le migrant mort à quelques mètres de la Terre Promise.

Nous sommes une biocénose. Ce mot traduit l’idée d’un monde unique à partager, la Terre. Il vient du grec ancien vie et commun. Biocénose, cela signifie que nous sommes une communauté d’organismes vivants interdépendants et coexistant au sein d’un milieu donné[1].

Je me souviens du jour lointain de la première marée noire française, sidérante, en 1978 quand même, on n’a pas appris grand-chose, il y a eu l’Erica aussi, et tant d’autres. J’étais sidérée comme l’enfant sur la photo.

Je me souviens du jour plus récent où mon voisin d’en haut, au Nord, et mon voisin de droite, à l’Ouest, ont décidé de faire coupe rase sur leur forêt, équivalente à celle où je vis, soit 3 hectares environ. Trois fois rien à côté de la forêt amazonienne. Mais. C’était violent. L’un voulait que ses chevaux puissent galoper, l’autre vendait sa maison et voulait en tirer le maximum avant son départ. Notre forêt que nous essayons le plus possible de maintenir en libre évolution et en refuge contre la chasse est devenue bien malgré nous un sanctuaire.

Biocénose. En les détruisant, nous nous détruisons. Les migrants et les arbres.

Vous connaissez l’histoire des membres fantômes ? Un amputé ressent la souffrance dans la partie de son corps qui n’existe plus.

C’est ainsi que je me sens ce matin, amputée, affligée de millions de membres fantômes qui crient leur désespoir.

 

[1] Librement inspiré de Marquis Arsène, in Des vivants et des luttes, l’écologie en récit, Wildproject/littérature, 2022, page 89.

Amoco Cadiz. 1978.

Amoco Cadiz. 1978.

Mais comme je suis aussi profondément optimiste et engagée, j'invite tous les Béarnais à réserver leur soirée du mercredi 26 avril, jour de lancement d'un recueil collectif que j'ai coordonné au profit de la biodiversité et de l'association Animal Cross :

PROTÉGEONS LE VIVANT !

Je vous en reparle très vite, avec partage d'extraits et de la couverture. Bien entendu, il sera disponible partout, et pas réservé aux Béarnais !

Exceptionnellement, pour célébrer l'optimisme, je partage une photo de ma famille, ils ont tellement grandi que vous ne les reconnaitrez pas !

Exceptionnellement, pour célébrer l'optimisme, je partage une photo de ma famille, ils ont tellement grandi que vous ne les reconnaitrez pas !

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Commenter cet article
M
Il y a des matins comme ça où j’aimeraiS pouvoir rayer Être humain de mon État civil. J’aimeraiS mettre Mercurienne par exemple _ Désolée les fautes ordhtographes me sautent toujours au visage !! <br /> mais vous pouvez effacer mon vilain com (avec ma bénédiction) !
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C
Au contraire, merci ! Je passe mon temps en plus à faire des relectures en traquant les coquilles et les fautes sur plein de textes, de moi et d'autres. Ma mère était prof de français mais elle n'est plus là pour corriger mes copies ! J'espère quand même que cette confusion futur/conditionnel ne vous a pas empêchée (il faut bien un "e" à empêchée ?:)), c'est toujours une question...) d'accéder au message de l'article...