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A la Sainte Catherine, plantez la graine de la liberté féminine !

par Claire Sibille

publié dans Alterégales

A la Sainte Catherine, 

plantez la graine de la liberté féminine !

Journée contre la violence faite aux femmes 

 

Catherine est un exemple de liberté féminine, une bonne icône pour la journée contre la violence faite aux femmes. Nos filles mais aussi nos fils ont besoin d’entendre l’histoire de femmes qui ont préféré leur liberté à l’aliénation liée à leur sexe dans une certaine société, quitte à en mourir. Notre précieuse laïcité ne ne devrait pas nous priver de la richesse symbolique de ces exemples issus de l’histoire religieuse. 

Mais l’Éducation nationale donne très peu de place à ces exemples inspirants, préférant Christophe Colomb l’exterminateur d’indiens et autres tyrans belliqueux, choisissant les philosophes et les écrivains masculins, même ouvertement sexistes ou dépressifs, je rappelle qu’encore en 2019 il y avait à peine deux écrivaines sur la vingtaine de la liste du Bac français. Il faut aller chercher dans les livres, de plus en plus nombreux heureusement, l’histoire de ces femmes inspirantes.

En quoi Catherine peut-elle inspirer la lutte contre la violence faite aux femmes ?

Elle refuse le mariage que lui propose l'empereur Maxence, sous prétexte de son union mystique avec Jésus, un homme qui a le mérite de ne pas trop être exigeant côté devoirs conjugaux. 

Combien de femmes ont utilisé Dieu et son fils pour se protéger d’autres hommes bien plus dominateurs et surtout violents ? Combien de femmes ont pu accéder à l’étude et à l’écriture sous la protection très bienveillante de ce père et de ce fils dont je vous laisse juger de l’existence réelle ?

Mais dans le cas de Catherine, cela ne suffit pas. Le prétendant éconduit fait démembrer la rebelle et la soumet au supplice de la roue. Comme elle résiste encore, il devait vraiment être moche et pas doué, il finit par la faire décapiter, la volonté féminine libre l’indisposant trop. 

Mais ce n’est pas tout. 

Très intelligente, Catherine suit les cours des plus grands maîtres chrétiens. Elle réussit à démontrer à 50 grands philosophes d'Alexandrie la vanité des idoles et la fausseté de leur foi jusqu'à les convertir tous. C’est d’ailleurs son intelligence et pas son sex-appeal (nous dit-on mais je n’étais pas là pour en juger) qui a séduit l’empereur Maxence. Il n’avait pas compris qu’intelligence va toujours de pair avec liberté d’être. C’est toujours un grand questionnement pour aujourd’hui. Intelligence et soumission aveugle à un ordre quel qu’il soit restent incompatibles.  

Une vraie passionaria donc, Catherine, mais aussi une des rares femmes docteur de l’Eglise. C’est aussi la seule sainte à avoir trois auréoles au paradis, la blanche des vierges, entendez celle de la femme non soumise à la sexualité masculine, la verte des docteurs, et la rouge des martyrs.

Chapeau !

Et la tradition des Catherinettes justement ? Je rappelle qu’elle consiste à coiffer d’un chapeau extravagant les femmes de 25 ans n’ayant toujours pas trouvé de mari (malgré leur recherche éperdue, nous sommes bien d’accord …).

On peut voir cette tradition de deux façons. Elle peut d’un côté illustrer le statut humiliant de la femme, celui qui consiste à être toujours définie en tant que « femme de », celui où il faut passer de « Mademoiselle » à « Madame » pour être socialement respectable. Dans cette optique, si à 25 ans vous êtes toujours vieille fille, rendez vous encore plus ridicule en portant un chapeau dont le look redoutable fera fuir même le plus abruti des mâles en rut... Mais je vous propose de voir plutôt cette tradition comme une célébration de la liberté et de la créativité féminines. Le chapeau de la Catherinette marque ainsi la rupture avec les codes vestimentaires féminins tyranniques, ceux destinés à plaire à n’importe quel prix. Humour et dérision, des armes de guerre bien connues, que les femmes peuvent s’approprier avec bonheur.

Et enfin la dernière merveilleuse surprise de cette symbolique : « A la Sainte Catherine, tout ce qu’on plante prend racine » nous dit le dicton. Ce jour-là particulièrement, la Terre accueille et fait fructifier la vie. Or la Terre, Gaïa comme il de coutume de l’appeler à nouveau aujourd’hui, est bien la première femme à souffrir de la violence des hommes. 

Elle continue pourtant à les supporter.

Peut-être parce qu’elle sait que contrairement aux centaines de femmes qui meurent de cette violence dans notre pays, elle aura le dernier mot.

 

 Une créatrice douée : http://atelierb.canalblog.com/

Une créatrice douée : http://atelierb.canalblog.com/


Une des ressources pour découvrir des femmes formidables ! 20 femmes infréquentables du journal Causette : https://boutique.causette.fr/version-numerique/659-hors-serie-09.html

Première version de cet article parue en novembre 2015.

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