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heureusement il y a des gentils ...

UN HIVER SILENCIEUX

par Marie-José Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , Heureusement il y a des gentils ... , Malheureusement tout est vrai !

UN HIVER SILENCIEUX

 

Y'a plus d'oiseaux dans mon jardin (2)

 SAISON : Il y en a plus- Épisode : dur à vivre

 

Il y a des jours où je préférerai vivre en ville. 

Jamais je n'aurais dit ça il y a encore un an. 

Mais c'était avant la disparition du vivant. 

En ville, dans le bruit, la foule, la masse des corps se pressant dans les rayons des supermarchés, dans les rues, autour des tables des cafés, difficile de se rendre compte. Le silence n'existe jamais en ville. Alors, quand on entend par hasard le chant d'un oiseau, ce n'est qu'une fragile note dans une cacophonie qui peut avoir sa propre beauté, mais qui n'a rien à voir avec le chant de la Nature vivante.

Aujourd'hui, de retour de la ville, j'ai été à nouveau frappée par le silence de mon coin de nature. Pour ceux qui n'ont pas lu mes articles précédents sur le sujet[1], je rappelle qu'en un an à peine, les oiseaux qui venaient par dizaines tous les jours manger en hiver les fruits des arbres ou les graines que je leur donnais ont disparu.

Nous vivons un tournant essentiel dans notre histoire humaine. Comme nos ancêtres ont dû vivre sans puis avec le téléphone, sans puis avec la télévision, comme beaucoup d'entre nous on vécu sans puis avec Internet, nous allons devoir apprendre à vivre avec puis sans les oiseaux. 

Le silence cet après-midi était assourdissant.

Les insectes ont précédé les oiseaux dans la disparition. Mantes religieuses, sauterelles, scarabées de toutes les couleurs. Où êtes-vous partis ? 

A quel Dieu des insectes puis-je m'adresser pour leur transmettre ma tristesse de ne plus les voir et les entendre ? 

Il y a des petits Dieux comme cela, les devas hindous, les saints catholiques, les esprits animistes. Il y a ainsi un Dieu pour les insectes ne le sentez-vous pas ? Il est en colère, il n'a jamais accueilli autant de petites âmes d'un seul coup. Il est débordé, comme ses collègues dieux et déesses dédiés aux âmes sensibles des animaux, des arbres, des plantes, des pierres.

Cet après-midi, dans ce silence assourdissant, j'ai entendu un bruit que je n'avais jamais entendu, comme un cri minuscule.

C'était un beau scarabée à trois cornes et noir, comme le scarabée porteur de chance de l'ancienne Egypte. Il s'était coincé dans un sac en papier près de mon bureau. Je l'ai mis sur ma main et j'ai écouté ce qu'il voulait me dire. C'était la première fois que j'entendais le cri d'un scarabée. Sa trop petite voix n'aurait eu aucune chance avant, quand les oiseaux chantaient si fort dans ma forêt.

Il m'a dit de ne pas perdre espoir, de ne pas m'effondrer avec l'effondrement, de ne pas haïr trop fort ces hommes - et ces femmes - tellement inconscients du mal qu'ils font, noyés qu'ils sont dans leur avidité infinie. De ne pas trop me haïr moi-même de ne pas agir plus vite, plus fort, plus radicalement. Il m'a dit que lui, ou plutôt ses descendants, survivraient à l'effondrement. Avec sûrement quelques copines araignées, amis vers de terre et petites mouches invisibles. "Il nous faudra beaucoup de temps" m'a-t-il encore dit. Et j'ai dû le coller contre mon oreille pour entendre la suite, car il commençait à fatiguer, c'était un gros effort pour lui de me parler. "Il nous faudra beaucoup de temps avant de recréer des éléphants, des tigres et des baleines bleues. Et peut-être de nouvelles créatures naîtront de nous et viendront les remplacer. Je sais que tu pleures pour les orang-outangs et que parfois tu pourrais découper à la machette les assassins du vivant. Mais ne noircis pas ton âme à cause d'eux. Ils vont disparaître bien plus vite qu'ils ne le pensent".

J'ai été déposer le scarabée dans l'herbe devant chez moi en lui disant que s'il voulait revenir, il serait toujours le bienvenu, mais je savais au fond de moi qu'il n'allait pas survivre longtemps. Peut-être a-t-il tenu le coup juste le temps de me parler. 

Alors c'est un devoir pour moi de vous transmettre son message en cette première journée de l'hiver, un hiver silencieux. 

 

[1]Dans mon blog Une Psy ... cause : #malheureusementtoutestvrai

UN HIVER SILENCIEUX

Synchronicités, ou l'Espérance du vivant : Avant un article complet sur ce thème, je vous partage celles d'hier, il y en a deux, qui me confirment résolument dans mon optimisme actif.

Alors que je venais de poster mon article, mon compagnon me lit la phrase qu'il était en train de lire au même moment, totalement improbable, dans un livre scientifique, une anecdote concernant Leibniz, philosophe du 19ème siècle et ... un scarabée ! Un peu plus tard, en cherchant un référence de livre, je suis tombée sur ce texte : "L’Indien Sioux Élan Noir n’a cessé d’insister, tout au long de sa vie, sur la grande unité du monde des vivants, expliquant «qu’on devrait porter attention à la plus insignifiante des petites bêtes qui rampent, car elle détient peut-être une leçon précieuse pour nous ; et même la plus infime des fourmis peut souhaiter communiquer avec un être humain»."

C'est sûr, le Deva des insectes m'a entendue, c'est son accusé de réception ! Et aux à ceux qui n'y verront que coïncidence et surinterprétation (féminine et hystérique), je répondrais simplement: quelle triste vie que la votre !

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Y'a plus d'oiseaux dans mon jardin ...

par Marie-José Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , Le quotidien c'est pas banal , Malheureusement tout est vrai ! , Heureusement il y a des gentils ...

Y'a plus d'oiseaux dans mon jardin ...

Y'a plus d'oiseaux dans mon jardin ...

Pour ceux qui doutent encore

Ce bel arbre, un Plaqueminier porteur de pommes d'or, les kakis, sert de garde-manger aux oiseaux de mon coin de nature dès la chute des feuilles jusqu'au plein coeur de l'hiver, tant ses fruits sont résistants et même nécessitent le gel pour devenir meilleurs. Depuis toujours me semble-t-il je nourris mon âme du chant des oiseaux très variés qui se régalent de ces boules oranges de la fin d'automne au début de d'hiver. Mes parents avaient recensé depuis les années 80 les dizaines d'oiseaux différents qui passaient chez nous ou s'y installaient. Nous cochions donc la case de la si belle sittelle torchepot comme celle du troglodyte, du chardonneret, de la bergeronette  ou du sympathique rouge-gorge. Nous avions déjà noté la chute de fréquentation l'année dernière. Mais cette année, plus d'oiseaux sur l'arbre déserté. Nous réapprovisionnons la mangeoire en boules de graisse et graines tous les deux jours de novembre à mars. Là cela fait deux semaines, date des premiers froids, que les mêmes boules sont dans la mangeoire, mangées tout au plus à moitié. 

Le temps n'est plus à la passivité me semble-t-il, pour celles et ceux qui ont conscience. C'est vrai qu'il est dur de résister à la destructivité, cette forme de violence généralisée, quotidienne, souvent insidieuse, à l'approche invisible. Une forme de violence qui facilite chez nous le déni, car on veut la croire lointaine alors qu'elle nous paralyse déjà. Et puis l'ennemi nous dépasse tellement en puissance que tel un enfant face à un adulte fou furieux nous nous tétanisons et nous dépêchons d'oublier. Juste pour pouvoir continuer à vivre. 

Je guette les oiseaux avec une anxiété grandissante. Je suis heureuse quand je me réveille à l'aube d'entendre les chouettes s'appeler dans la forêt. Je me réjouis plus que de raison des corbeaux résistants et des corneilles en rage, même si j'ai toujours bien aimé le son de leur voix rauque. J'ai entendu le passage des grues en leur souhaitant d'échapper aux plombs, petits grains de violence très toxiques et aux trajectoires  aléatoires, les mêmes qui ont eu raison de mon chien l'année dernière.

Je bois chaque note du chant d'un égaré. 

Il sera bien temps de s'effondrer quand les possibilités de résilience auront disparu, si elles disparaissent. A chacune et chacun son petit bout de résistance, chacun et chacune son coin de nature à préserver. J'ai le mien. Il est attaqué de toutes parts. Il me demandera des choix peut-être plus radicaux que ceux que j'avais envisagés jusqu'ici. Peut-être.

Kakis trop parfaits, mangeoire abandonnée.Kakis trop parfaits, mangeoire abandonnée.
Kakis trop parfaits, mangeoire abandonnée.

Kakis trop parfaits, mangeoire abandonnée.

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