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LE (PARE-)CHOC DU JOUR ...

par Marie-José Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , Malheureusement tout est vrai ! , Le quotidien c'est pas banal

LE (PARE-)CHOC DU JOUR ...

 

Il y a des moments comme ça où tout le savoir qui était jusque-là dans la tête tombe brutalement dans le ventre et devient connaissance. Connaissance, cela veut dire naître avec, réaccoucher d'un autre soi, plus éveillé. La conscience devenue chair et émotion devient incontournable, impossible à éviter, à dénier.

Hier matin j'ai vécu un microévènement révolutionnaire de ce genre.

Je suis partie de Lasseube à Pau seule, en voiture. Cela m'arrive rarement. Des fois où il fait trop mauvais, ou encore le délai trop serré, hier il y avait les deux, pour envisager une alternative raisonnable de type scooter/bus. Des fois où il est impossible de renoncer, reculer, annuler car d'autres personnes sont en jeu. 

Une fois comme ça donc.

Je suis partie à 8h10 pour être à 9h à Pau, soit une moyenne estimée de 21 km/h, cela me paraissait raisonnable, j'avais de la marge ...  J'avais même l'idée de m'arrêter poster une lettre importante.

Je suis finalement arrivée en retard, ma moyenne ayant chuté à 18km/h alors que j'ai roulé à 60km/h de Lasseube à Gan, mais je suis surtout arrivée sous le choc, un choc sûrement incompréhensible pour mes collègues. Tout le long de la route de Gan à Pau, en plus de rouler au pas, les milliers de voiture que j'ai croisées, dans les deux sens, ne comportaient qu'un conducteur, et c'est tout, sauf très rares exceptions. En ville c'était pareil, sans l'excuse de la campagne.  J'ai par la suite appris que 16% des automobilistes prennent leur voiture en ville tous les jours, seul.es, pour un trajet compris entre 1 et 5 km, et 26% entre 5 et 10km, dans un périmètre où les transports en commun sont légion. Pourtant le vélo, maintenant à assistance électrique possible, reste le véhicule le plus rapide jusqu'à un trajet de 6km en ville, et bien plus dans les bouchons. Donc il n'est pas question de vitesse, mais de confort, d'habitude de comportement, d'impossibilité de penser alternativement.

Mais bon. Nous en sommes tous là, à négocier notre congruence minute par minute sur des sujets plus ou moins sensibles.

Je reviens à ma chute dans le ventre.

J'ai eu largement le temps d'observer chaque voiture, chaque conducteur, rouler au pas. J'ai ri de joie pure en voyant les vélos nous doubler allégrement, voire même les piétons à certains endroits. Je me suis poussée sur la droite pour faire de la place à tous les autres deux-roues. Pour une fois je n'écoutais pas la radio ni même de la musique, je ne profitais pas du presque arrêt permanent pour répondre à mes sms, téléphoner ou noter vite fait quelques mots dans mon carnet pour un futur écrit.

J'étais totalement dans la contemplation de la folie humaine.

Et j'ai su qu'un système aussi contraire à la nature, à la raison, au sens commun et à tout le reste ne pouvait que s'arrêter très vite. 

Inexorablement. 

Pour le plus grand bien de tou.tes.

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